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Mise en vente d'une collection intime d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé

La maison Christie's met aux enchères 1200 meubles et objets ayant appartenu au couturier Yves Saint Laurent, décédé en 2008, et à son compagnon Pierre Bergé. La recette de la vente devrait atteindre 3 à 4 millions d'euros.

AFP - Des prix qui montent en flèche pour certains objets, devant l'oeil ensommeillé de Moujik, le bouledogue du couturier disparu: la vente aux enchères de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé s'est déroulée mardi sur un rythme tonique au Théâtre Marigny.

Neuf mois après la vente des chefs-d'oeuvre de la collection rassemblée par les deux esthètes, Christie's a choisi ce grand théâtre pour disperser sur quatre jours 1.200 meubles et objets plus intimes, souvent XIXè, qui appartenaient au grand couturier et à son compagnon.

La vente a débuté devant un public clairsemé. "C'est normal. Les gens ne vont pas se déplacer du monde entier pour acheter ce type d'objets et de meubles. Ils ont le téléphone et internet", déclare à l'AFP François de Ricqlès, vice-président de Christie's France.

Moujik, le chien d'Yves Saint Laurent, lui, est là avec son nouveau maître, le secrétaire particulier du couturier, comme pour la première vente.

Au tout début, plusieurs lots (une console, un grand vase en barbotine) ont été adjugés nettement en dessous de leur estimation, ce qui a conduit la maison d'enchères à les retirer de la vente.

Un grand lustre hollandais du XIXè est parti à 30.000 euros (37.000 avec les frais) alors qu'il était estimé entre 40.000 et 60.000 euros. De même un grand bassin chinois du XVIème siècle a été adjugé 30.000 euros (37.000 avec les frais) alors qu'il était valorisé entre 40.000 et 60.000 euros.

"Ce n'est pas forcément le plus cher qui se vend le mieux. Ce qui part bien, ce sont des objets de charme qui reflètent le goût de ce couple", indique M. de Ricqlès, commissaire-priseur. Il y des surprises, comme cette paire de fauteuils en velours, estimée 2.000 et adjugée 20.000 euros (hors frais). Ou ces deux photophores partis à 2.500 (3.125 euros avec les frais) au lieu des 400 estimés.

Une délicate table à ouvrage en bronze doré de style Napoléon III, estimée entre 2.000 et 3.000 euros, s'est envolée à 40.000 euros (49.000 avec les frais), sous l'oeil satisfait de Pierre Bergé.

"Je suis très heureux car tout le produit de la vente ira à la recherche sur le virus" du sida, indique à l'AFP l'homme d'affaires.

Christie's a estimé que cette seconde vente devrait rapporter entre 3 et 4 millions d'euros. En cinq heures, la maison de ventes avait déjà récolté 1,85 million d'euros.

La première vente, organisée fin février, avait rapporté plus de 342 millions d'euros, avec des oeuvres exceptionnelles (Matisse, Brancusi, Mondrian ou Ensor etc.).

Là, rien de comparable, plus de chefs-d'oeuvre à vendre. Mais une atmosphère proustienne, qui était celle du "Château Gabriel", une maison néo-gothique surplombant Deauville achetée dans les années 1980 par Saint Laurent et Bergé. Elle a été vendue à l'été 2008, peu après le décès du grand couturier à l'âge de 71 ans.

L'antiquaire Alexis Kugel, qui a aidé Saint Laurent et Bergé à monter leur collection, souligne qu'il s'agit d'une "vente plus intime". "Les amateurs veulent partir avec un souvenir de Saint Laurent", selon lui.

Un collectionneur américain, Ed Rabin, explique qu'il n'a pas pu s'offrir ce qu'il souhaitait lors de la première vente tant les prix étaient hauts. Il espère acheter un objet cette fois-ci.

La seconde vente fait déjà des déçus. Un couple suisse qui espérait acheter un canapé rouge Napoléon III estimé entre 2.000 et 3.000 euros a dû renoncer. "Il est parti pour 29.500, plus 30% de frais, plus le transport. Ce n'est pas possible", estime-t-il.