En tournée en Asie, le président américain a été reçu par son homologue chinois à Pékin, ce mardi. Il s'agissait du premier entretien bilatéral entre les deux hommes. Tour d'horizon des sujets abordés au cours de la discussion.
Climat, commerce, Tibet, programmes nucléaires iranien et nord-coréen : Hu Jintao et Barack Obama ont abordé les sujets phares de l’actualité diplomatique et économique, ce mardi, lors d'un entretien inédit entre les deux hommes. La rencontre s'est déroulée à Pékin, dans le cadre de la tournée en Asie du président américain.
Le numéro un chinois a salué le climat "franc, constructif et fructueux" des discussions entre les deux dirigeants, et noté que leurs deux pays sont parvenus à "un large consensus" sur de nombreuses questions. Voici ce qui ressort de la conférence de presse donnée par les deux chefs d’État à l'issue de leur entretien.
Tensions commerciales :
Hu Jintao a appelé à "s'opposer au protectionnisme et à le rejeter", ainsi qu’à "résoudre de manière appropriée [les] divergences économiques et commerciales" entre la Chine et les États-Unis. De ces déclarations, il ressort que les tensions commerciales sino-américaines qui ont cours depuis le mois de septembre ont été au cœur des discussions entre les deux présidents. "Les Chinois considèrent que la faute en incombe aux États-Unis qui ont dégainé les premiers", explique Joris Zylberman, correspondant de FRANCE 24 à Pékin. "En septembre, Washington a imposé une taxe sur les pneus chinois. Pékin a répliqué en ouvrant une enquête sur la viande de poulet et les voitures américaines. Mais le mois dernier, Washington a encore durci le ton, imposant une taxe sur les tubes en acier chinois. Du coup, Pékin a imposé sa taxe sur le nylon. Les Chinois sont très en colère", poursuit celui-ci.
Rapport dollar / yuan :
Barack Obama a encouragé son homologue chinois à mettre en œuvre une politique d'appréciation du yuan. Mais Hu Jintao n'a pas évoqué le niveau de la monnaie chinoise, sujet de friction entre les deux pays. Jusqu'à présent, Pékin ne semble pas vouloir encourager une hausse du cours du yuan, dans le souci de préserver la reprise économique. "Les attentes sont contradictoires, relève encore Joris Zylberman. Les Américains attendent une réévaluation du yuan, dans l'espoir de combler leur déficit commercial. De leur côté, les Chinois veulent attendre que le dollar soit beaucoup plus fort pour éviter que l’immense réserve de bons du Trésor américain qu’ils possèdent ne perdent de sa valeur."
Sommet sur le climat à Copenhague :
La Chine et les États-Unis sont les deux plus gros pollueurs de la planète. Par conséquent, les positions qu'ils ont l'intention de défendre à la conférence sur le climat de Copenhague, prévue du 7 au 18 décembre, sont examinées à la loupe. Le président américain a affirmé que les deux pays souhaitaient que le sommet soit "couronné de succès", se félicitant au passage des "progrès" réalisés à ce sujet au cours de son entretien avec le président Hu Jintao. "Notre objectif (...) n'est pas un accord partiel ni une déclaration politique, mais plutôt un accord qui couvre toutes les questions (…) et ait un effet immédiat", a-t-il déclaré.
Nucléaire iranien :
Il s'agit de l'un des plus épineux dossiers que Barack Obama devait aborder lors de sa visite en Chine, compte tenu de l'étroite coopération économique et énergétique entre Pékin et Téhéran.
"L'Iran a l'occasion de faire la preuve de ses intentions pacifiques, mais s'il ne profite pas de cette opportunité, il en subira les conséquences", a déclaré le président américain.
De son côté, Hu Jintao s’est dit enclin à trouver une solution par le dialogue sur le dossier nucléaire iranien. La Chine est, traditionnellement, très réticente à la mise en place de sanctions contre l'Iran.
Tibet :
Le président américain s’est dit favorable à une reprise rapide des discussions entre Pékin et les représentants du dalaï-lama. "Tout en reconnaissant que le Tibet fait partie intégrante de la République populaire de Chine, les États-Unis soutiennent une reprise prochaine du dialogue", a-t-il déclaré.
Corée du Nord :
Le numéro un chinois a assuré que les deux pays étaient favorables "au dialogue et à la consultation pour résoudre la crise nucléaire dans la péninsule coréenne". En avril dernier, Pyongyang a claqué la porte des discussions à six (États-Unis, deux Corées, Chine, Russie, Japon) portant sur l'arrêt de son programme nucléaire. Mais au début du mois d'octobre, la Corée du Nord a assoupli sa position : elle s'est déclarée prête à reprendre les tractations entamées en 2003 et hébergées par la Chine, à condition d'avoir, au préalable, un dialogue bilatéral avec les États-Unis. Barack Obama s’est dit prêt à reprendre les discussions "dès que possible".