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Haut-Karabakh : l'Arménie conclut une trêve avec l'Azerbaïdjan, après la "médiation" de la Russie

Au Haut-Karabakh, théâtre d'une guerre qui a opposé l'Arménie et l'Azerbaïdjan à l'automne 2020, un accrochage frontalier a eu lieu mardi entre les forces des deux pays. L'Arménie a ensuite annoncé avoir conclu une trêve avec l'Azerbaïdjan, avec la "médiation" de la Russie. 

L'Arménie a essuyé, mardi 16 novembre, des "pertes" humaines et de positions dans des combats contre l'Azerbaïdjan, près de la région disputée du Haut-Karabakh. Après cette journée de combats, Erevan a annoncé avoir trouvé un accord avec Bakou, via la "médiation" de Moscou, pour instaurer une trêve. 

Cet incident est le plus grave depuis la guerre de 44 jours qui a opposé les deux anciennes républiques soviétiques du Caucase à l'automne 2020. Ce conflit s'était soldé par la mort de 6 500 personnes au moins et la victoire de l'Azerbaïdjan. L'Arménie avait été contrainte de céder à l'Azerbaïdjan plusieurs régions formant un glacis autour du Haut-Karabakh.

Signe de l'inquiétude que suscite l'éruption de ces nouveaux affrontements, le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est entretenu mardi avec les dirigeants de ces deux pays rivaux, qu'il a appelés à une "désescalade urgente".

Mardi soir, l'Arménie a annoncé avoir convenu d'une trêve avec l'Azerbaïdjan avec la "médiation" de la Russie. "Avec la médiation de la partie russe, un accord a été atteint pour mettre fin aux tirs à la frontière orientale de l'Arménie à partir de 18 h 30" (14 h 30 GMT), a indiqué le ministère de la Défense arménien dans un communiqué. "La situation s'est relativement stabilisée", a-t-il assuré.

L'annonce de la trêve est intervenue peu après un appel en ce sens du ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui s'est entretenu au téléphone avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, en exhortant les deux parties "à mettre fin aux actions qui provoquent une escalade des tensions", selon l'armée russe.

Paris appelle au "respect du cessez-le-feu"

La France a fait état de sa "préoccupation", mardi, après cette éruption de combats. Elle a réclamé le "respect du cessez-le-feu auquel [les parties] se sont engagées au terme de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020", selon un communiqué de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères français. 

Ces derniers combats ont éclaté en dépit de la présence dans cette région de soldats de la paix russes, déployés en novembre 2020 dans le cadre d'un cessez-le-feu négocié par Vladimir Poutine pour stopper la guerre l'an dernier.

Un soldat arménien a été tué, a annoncé le ministère arménien de la Défense dans un communiqué, et plusieurs autres ont été blessés dans ces affrontements. L'Arménie avait, dans un premier temps, fait état de plusieurs "morts" côté arménien dans ces combats.

L'Arménie a également perdu le contrôle de "deux positions militaires" et 12 de ses soldats ont été faits prisonniers par l'Azerbaïdjan, selon Erevan, qui affirme en retour avoir infligé d'"importantes pertes" aux forces de Bakou.

"Les combats se poursuivent, leur intensité n'a pas baissé", avait déclaré, de son côté, le ministère arménien de la Défense, indiquant que les forces azerbaïdjanaises utilisaient "de l'artillerie et des blindés".

L'Azerbaïdjan a rejeté mardi la responsabilité des derniers affrontements sur l'Arménie dont les forces se sont "livrées à une provocation de grande ampleur" en attaquant des positions de Bakou dans les districts de Kalbajar et de Latchine, à l'ouest du Karabakh, selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Ces districts avaient été rétrocédés par Erevan à Bakou l'année passée. L'Azerbaïdjan a affirmé que les soldats arméniens abandonnaient leurs positions militaires, "pris de panique".

"Les militaires azerbaïdjanais ont repoussé une contre-attaque des forces arméniennes (...). Les soldats arméniens, effrayés et confus, quittent leurs positions", a ajouté le ministère dans un communiqué. Bakou a fait état de deux soldats azerbaïdjanais blessés dans les combats mardi.

L'Arménie demande l'aide de la Russie

Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a accusé Erevan de "provoquer délibérément une escalade des tensions". Ces affrontements interviennent après des semaines de crispations croissantes entre les deux ex-républiques soviétiques, qui font régulièrement état de flambées de violences et de victimes parmi leurs armées. L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'étaient ainsi accusés mutuellement de tirs à la frontière dimanche.

Après l'éruption des combats mardi, Erevan, qui est membre d'une alliance menée par Moscou, a appelé la Russie au secours. "Nous nous adressons à la Russie pour lui demander de protéger l'intégrité territoriale de l'Arménie", a ainsi imploré le secrétaire du conseil de sécurité arménien, Armen Grigorian. 

La défaite d'Erevan l'an dernier a été vécue comme un traumatisme par une grande partie de la population arménienne et continue de secouer la scène politique de ce pays aujourd'hui.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté la semaine dernière à Erevan pour réclamer la démission du Premier ministre Nikol Pachinian, qualifié par l'opposition de "traître" pour avoir conclu une trêve avec Bakou. De son côté, l'Azerbaïdjan a pu compter, lors de cette guerre, sur le soutien de la Turquie, qui lui a notamment fourni des drones de combat.

Avec AFP et Reuters