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Géorgie : l'ex-président Saakachvili, en grève de la faim, transféré dans un hôpital-prison

Les services pénitenciers de Géorgie ont indiqué, lundi, que l'ancien président, Mikheïl Saakachvili, a été transféré dans un hôpital-prison en raison de la dégradation de son état de santé. L'opposant, soutenu par des dizaines de milliers de manifestants dans la soirée, a dit craindre pour sa vie après avoir été maltraité physiquement par ses gardiens.

L’état de santé de l'ex-président géorgien se dégrade. Le meneur d'opposition, Mikheïl Saakachvili, emprisonné et en grève de la faim depuis début octobre, a été transféré, lundi 8 novembre, vers un hôpital-prison, ont annoncé, lundi, les services pénitenciers de ce pays du Caucase.

"Afin d'éviter l'aggravation de l'état de santé de Mikheïl Saakachvili et à cause d'un risque accru pour sa sécurité, il a été transféré depuis la prison n°12 vers l'établissement médical pour détenus n°18", ont-ils indiqué dans un communiqué.

De son côté, l'opposant a affirmé lundi craindre pour sa vie après avoir été maltraité physiquement par ses gardiens. Ils "m'ont insulté, m'ont frappé au cou, m'ont tiré sur le sol par les cheveux", a affirmé Mikheïl Saakachvili dans une lettre à son avocat, estimant que "le but" de son transfèrement lundi dans un hôpital pénitentiaire était de le "tuer".

Manifestation à Tbillissi

À l'annonce de son hospitalisation, plusieurs dizaines de milliers de ses partisans ont manifesté à Tbilissi. 

"Un mouvement de protestation massif et permanent commence en Géorgie et ne s'arrêtera pas tant que Mikheïl Saakachvili ne sera pas libéré et que des élections anticipées n'auront pas été organisées", a lâché devant la foule Nika Melia, le président du Mouvement national uni (MNU) de l'ex-chef de l'État. "Nous ne nous disperserons pas, notre protestation sera implacable et pacifique", a-t-il encore déclaré.

Les manifestants ont ensuite défilé dans le centre-ville en direction du bureau du Premier ministre, avec l'intention de bloquer le bâtiment. La chaîne de télévision Mtavari, proche de l'opposition, a diffusé des images de centaines de policiers antiémeute déployés devant les bâtiments gouvernementaux.

Un "fort risque de complications"

Plus tôt lundi, les médecins qui ont examiné  avaient pointé du doigt un "fort risque de complications" et la "nécessité de le soigner d'urgence dans une clinique polyvalente bien équipée".

Selon l'émissaire géorgienne aux Droits humains, Nino Lomjaria, un hôpital-prison ne répond pas à ces critères.

Président pro-occidental de 2004 à 2013 et maintenant considéré comme le chef de l'opposition, Mikheïl Saakachvili a été emprisonné le 1er octobre à son retour de huit ans d'exil, juste avant des élections municipales remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien.

Mikheïl Saakachvili avait immédiatement entamé une grève de la faim pour protester contre cette détention en application d'une condamnation de 2018 pour "abus de pouvoir", qu'il dénonce comme purement politique.

Figure de la lutte contre la corruption

L'opposition géorgienne, dont le Mouvement national uni (MNU) de Mikheïl Saakachvili est la figure de proue, a de son côté organisé plusieurs manifestations massives pour appeler à la libération de l'ex-président et dénoncer les résultats des municipales.

Personnage charismatique et ambivalent, réputé pour avoir combattu efficacement la corruption mais aussi très critiqué pour la désastreuse guerre de 2008 contre la Russie, Mikheïl Saakachvili avait quitté la Géorgie en 2013.

Son emprisonnement a encore aggravé la crise politique dans ce pays, qui a commencé avec les législatives de l'an dernier, remportées de peu par le Rêve géorgien et considérées comme frauduleuses par l'opposition.

Avec AFP