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Nouvelle-Calédonie : le FLNKS appelle à boycotter le référendum du 12 décembre

Les indépendantistes du Front de libération nationale kanak socialiste ont appelé, dans la nuit de mercredi à jeudi, à la "non participation" au référendum sur l’indépendance du 12 décembre. Ils estiment que la campagne électorale est perturbée par les différentes mesures de confinement en vigueur pour endiguer la pandémie de Covid-19.

La date avait déjà été jugée trop précoce pour une partie des indépendantistes. Le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a été plus loin en appelant, dans la nuit du mercredi 20 au jeudi 21 octobre, à la "non participation" au référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie du 12 décembre, en raison de l'épidémie de Covid-19 dans l'archipel, dénonçant "la décision de l'État de le maintenir coûte que coûte".

"Le gouvernement s'entête à vouloir faire primer la campagne présidentielle dans le seul but de solder l'accord de Nouméa sous son quinquennat", a affirmé dans un communiqué le bureau politique de la coalition indépendantiste.

Cette prise de position intervient au lendemain de la visite en Nouvelle-Calédonie du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, au cours de laquelle les leaders indépendantistes kanak avaient demandé le report de cette troisième consultation, au regard de la virulente épidémie de Covid-19, qui a fait 245 morts depuis début septembre.

Selon le FLNKS, "l'attitude de l'État va priver les Calédoniens d'une consultation qui devrait se dérouler avec au préalable une campagne électorale équitable", ce qui selon lui n'est pas envisageable en raison des différentes mesures de confinement en vigueur et de l'épidémie.

"Le FLNKS s'inquiète des lendemains d'une consultation qui, si elle est contestée, n'apportera pas la sérénité nécessaire pour la poursuite de discussions consensuelles sur l'avenir institutionnel du pays." Le mouvement historique de la lutte kanak prône un report "après les échéances électorales nationales de 2022".

Mercredi, devant le Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation de l'ONU, l'ambassadeur de Papouasie-Nouvelle-Guinée aux Nations unies avait, au nom du groupe du Fer de lance mélanésien (GFLM), lui aussi préconisé un décalage dans le temps du référendum.

Une position à l'opposé des loyalistes

Favorable au maintien de la date du 12 décembre, "pour libérer l'horizon des Calédoniens", le groupe "Les voix du NON", qui agrège les principaux partis loyalistes, a accusé le FLNKS d'"instrumentaliser la situation (sanitaire)".

"La seule réaction qu'on a, c'est qu'on reprend la campagne. (La décision des indépendantistes) traduit une crainte de leur part du résultat du référendum", a fustigé sur Nouvelle-Calédonie la 1ère, Christopher Gygès, directeur de campagne.

Il a précisé que son mouvement "allait accélérer la campagne digitale" et organiser des réunions "d'ultra-proximité dans le respect des gestes barrière", tout en soulignant "l'amélioration des indicateurs sanitaires".

Deux précédents référendums ont au lieu les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020 et ont été remportés par les partisans du maintien dans la France avec 56,7 % puis 53,3 %.

Un report envisagé en cas d'"épidémie hors de contrôle"

Lors de son déplacement, Sébastien Lecornu avait estimé que la situation sanitaire "est tendue mais tenue" en Nouvelle-Calédonie, alors que l'épidémie due au coronavirus est en recul et que la tension a baissé dans les services hospitaliers.

Il avait déclaré que "seule une épidémie hors de contrôle" pourrait conduire à un report du troisième et dernier référendum de l'accord de Nouméa (1998), processus de décolonisation progressif.

Or, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie et l'État ont annoncé, mercredi, une poursuite du confinement strict le week-end jusqu'à la fin du mois d'octobre. Cette mesure, qui implique une attestation pour tout déplacement ainsi que la fermeture de tous les commerces non essentiels, entrera en vigueur le samedi à 14 h jusqu'au lundi à 5 h du matin.

Compte tenu du week-end de la Toussaint, les cultes religieux seront autorisés "avec une jauge maximale d'un siège sur deux et l'obligation de présenter le passe sanitaire". Le couvre-feu est en outre maintenu, de 22 h à 5 h du matin.

Avec AFP