Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a déclaré que le développement du programme d'armementde son pays était nécessaire face à la politique hostile des États-Unis et au renforcement militaire de la Corée du Sud, lesquels déstabilisent la péninsule coréenne, a rapporté mardi la presse officielle.
Les États-Unis sont la "cause profonde" de l'instabilité dans la péninsule coréenne, a affirmé Kim Jong-un, cité mardi 12 octobre par les médias officiels nord-coréens.
Malgré les récents appels au dialogue des États-Unis, il n'existe aucune raison "de croire qu'ils ne sont pas hostiles", a déclaré Kim Jong-un lundi lors de la cérémonie d'ouverture d'une exposition consacrée à la défense à Pyongyang.
L'administration Biden a assuré à plusieurs reprises n'avoir aucune intention belliqueuse à l'égard de la Corée du Nord, mais cette posture laisse Kim Jong-un sceptique : "Je me demande vraiment si des gens ou des pays croient cela", a-t-il dit.
"Rien dans leurs actions ne permet d'assurer qu'ils ne sont pas hostiles", a-t-il ajouté selon l'agence de presse officielle KCNA, tout en insistant sur le fait que les armes détenues par son pays sont destinées à l'autodéfense et ne visent aucun pays en particulier.
Des photos diffusées par les médias officiels montrent le dirigeant posant, lors de l'exposition, devant l'immense missile balistique intercontinental (ICBM) dévoilé l'an passé à Pyongyang lors d'un défilé militaire.
Le dirigeant a également été immortalisé assis, fumant, en compagnie de hauts fonctionnaires et d'officiers, devant d'immenses portraits du dirigeant en uniforme militaire accrochés dans le hall d'exposition.
Le dirigeant nord-coréen s'exprimait alors que son pays a procédé ces dernières semaines à un essai de missile de croisière de longue portée et à un autre d'un missile présenté comme hypersonique.
Discussions au point mort avec Washington
En 2018, Kim Jong-un avait été le premier dirigeant nord-coréen à rencontrer un président américain en exercice. Mais les discussions sont au point mort depuis le deuxième sommet avec Donald Trump à Hanoï en 2019, qui avait échoué sur l'allègement des sanctions internationales et sur les gestes que Pyongyang était prêt à concéder en retour.
Washington a répété à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des représentants nord-coréens à tout moment et en tout lieu, sans condition préalable.
Le discours de Kim Jong-un et l'exposition visaient à justifier les programmes nucléaire et balistique menés par Pyongyang comme "faisant partie de son droit à l'autodéfense", a estimé Park Won-gon, professeur d'études nord-coréennes à l'Ewha Womans University. "La Corée du Nord a organisé cette exposition dans le but de prétendre que ses programmes d'armement ne sont pas différents de ceux des autres pays", a-t-il déclaré à l'AFP.
La Corée du Sud, alliée des États-Unis, a renforcé ses propres capacités militaires, testant avec succès son premier missile balistique lancé par sous-marin en septembre et révélant un missile de croisière supersonique.
Méfiance à l'égard de Séoul
La semaine dernière, Pyongyang et Séoul ont rétabli leurs lignes de communication, en signe de réchauffement des relations pour les derniers mois en poste du président sud-coréen Moon Jae-in, favorable au dialogue.
Mais Kim Jong-un a accusé Séoul de nourrir une "ambition inconsidérée" et une attitude "illogique et à double visage". Leurs "tentatives effrénées et dangereuses de renforcer leur puissance militaire détruisent l'équilibre militaire de la péninsule coréenne et augmentent l'instabilité et le danger militaires", a-t-il ajouté.
L'exposition consacrée à la défense lors de laquelle s'est exprimé Kim Jong-un se tient à l'occasion de l'anniversaire du Parti des travailleurs, au pouvoir à Pyongyang. Des démonstrations de voltige aérienne et d'arts martiaux ont été proposées à cette occasion.
La Corée du Nord a fermé ses frontières l'an dernier pour se protéger du coronavirus apparu dans la Chine voisine, son principal allié et principal partenaire en matière d'échanges commerciaux et d'aides.
Le pays isolé assure ne compter aucun cas de Covid-19, ce dont les experts doutent, mais ce blocus qu'il s'impose frappe durement son économie.
Un rapport d'experts de l'ONU a assuré début octobre que le régime poursuivait son programme d'armement malgré les affres économiques du pays.
Avec AFP