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Péninsule coréenne : Pyongyang et Séoul procèdent à des tirs de missiles le même jour

Après avoir effectué des tirs d'essai d'un nouveau "missile de croisière longue portée" durant le week-end, la Corée du Nord a tiré, mercredi, un missile en mer du Japon. Quelques heures plus tard, la Corée du Sud a lancé de son côté un missile balistique depuis un sous-marin.

La Corée du Nord a tiré, mercredi 15 septembre, un missile vers la mer, deux jours après l'annonce par Pyongyang de tirs d'essai réussis d'un nouveau "missile de croisière longue portée". Quelques heures plus tard, Séoul a lancé de son côté un missile balistique depuis un sous-marin, sous la supervision du président Moon Jae-in.

La Corée du Sud est ainsi devenue mercredi le septième pays du monde à disposer de cette technologie de pointe, une avancée stratégique de taille pour Séoul, qui possède désormais une longueur d'avance en termes de capacités militaires sur son voisin du Nord.

Course aux armements

"Le fait d'avoir deux Corées qui effectuent des tirs d'essai de missiles balistiques le même jour relève d'un timing extraordinaire", a déclaré à l'AFP John Delury, professeur à l'université Yonsei. "Cela montre bien qu'il y a une course aux armements dans cette région à laquelle tout le monde doit prêter attention."

Le missile sud-coréen a été tiré depuis le sous-marin Ahn Chang-ho, récemment mis en service, et a parcouru la distance prévue avant d'atteindre sa cible, a indiqué la Maison bleue, siège de la présidence sud-coréenne. La possession d'un missile balistique mer-sol (SLBM) est "très significative en termes de dissuasion", a-t-elle souligné. Tous les pays disposant de SLBM sont dotés de l'arme nucléaire.

Quelques heures auparavant, le Nord avait tiré "deux missiles balistiques de courte portée depuis la province de Pyongan du Sud en direction de l'est vers la mer", a déclaré l'état-major interarmées de Séoul dans un communiqué. Ceux-ci ont parcouru environ 800 kilomètres à une altitude maximale d'environ 60 kilomètres.

Ces missiles nord-coréens ont servi de tests pour un nouveau "système de missiles de combat ferroviaire", a rapporté jeudi l’agence de presse officielle nord-coréenne, KCNA. "Le système de missiles transportés par voie ferrée constitue un moyen de contre-attaque efficace, capable de porter un coup dur à plusieurs reprises aux forces menaçantes", a déclaré Pak Jong-chon, un maréchal nord-coréen et membre du présidium du politburo du Parti des travailleurs au pouvoir, qui a supervisé le test, selon KCNA.

Ce tir intervient au surlendemain de l'annonce par l'agence officielle nord-coréenne KCNA de tirs d'essai d'un nouveau "missile de croisière longue portée" au cours du week-end. KCNA évoquait alors des "armes stratégiques de grande importance".

Les missiles de croisière longue portée, s'il est confirmé que le pays les possède, représenteraient une avancée technologique pour la Corée du Nord. Ils seraient plus difficiles à intercepter et constitueraient une véritable menace pour la Corée du Sud et le Japon, deux alliés des États-Unis.

Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisent à la Corée du Nord la poursuite de ses programmes d'armements nucléaires et de missiles balistiques. Mais Pyongyang n'est pas soumis à une interdiction de développer des missiles de croisière.

Un signal destiné à la Chine 

Les tirs de mercredi, du Nord comme du Sud, sont intervenus au moment où le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, est à Séoul pour s'entretenir avec son homologue sud-coréen. S'exprimant avant l'annonce de ces tirs, le ministre a dit espérer que tous les pays contribueraient "à la paix et à la stabilité dans la péninsule coréenne", selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, les invitant "tous à travailler ensemble à renouer le dialogue".

Pour les analystes, ces tirs sont un signal destiné à la Chine, principal allié diplomatique et partenaire commercial du Nord – bien que les relations entre les deux pays soient parfois tendues. Après son arrivée au pouvoir fin 2011, l'actuel dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a attendu plus de six ans avant de se rendre en Chine mais s'est ensuite entretenu à plusieurs reprises avec le président chinois Xi Jinping. Pékin considère que le Nord fait partie intégrante de sa sphère d'influence.

Yang Moo-jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes, estime que les tirs de mercredi "ressemblent à un message indirect de la Corée du Nord et même à une demande adressée à Pékin pour que la péninsule coréenne soit traitée par la Chine comme un dossier prioritaire".

Avec AFP et Reuters