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Afghanistan : comment la France va évacuer ses ressortissants

Alors que les Taliban sont entrés dans Kaboul, la France a annoncé dimanche le déploiement de renforts militaires aux Émirats arabes unis pour faciliter l'évacuation de ses ressortissants de l’Afghanistan. L'armée française effectuera une première évacuation d'ici à la fin de la journée, a confirmé lundi la ministre des Armées, Florence Parly.

Pour l’Élysée, il s’agit de la "priorité absolue". Paris a annoncé, dimanche 15 août, le déploiement de renforts militaires aux Émirats arabes unis dans le but de faciliter l’évacuation de ses ressortissants d'Afghanistan. Quelques heures plus tôt, les Taliban étaient officiellement entrés dans la capitale, Kaboul.

Le président français Emmanuel Macron, qui suit "la situation heure par heure", s'exprimera lundi à 20h, heure de Paris (18h GMT), a indiqué l'Élysée. 

Depuis le fort de Brégançon, à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, où il est en vacances, le chef de l'État a fait le point de la situation à la mi-journée au cours d'un Conseil de défense en visioconférence avec les principaux responsables concernés, comme les ministres des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et des Armées, Florence Parly.

Rien n'a filtré de la réunion en attendant l'allocution télévisée au cours de laquelle Emmanuel Macron devrait exprimer "l'extrême préoccupation" de Paris face au retour des Taliban, affirmer que la France est "aux côtés des Afghans" et rappeler "les valeurs universelles" qu'elle défend pour "faire front à l'obscurantisme" des fondamentalistes islamistes, selon son entourage.

Préciser les contours de l'opération Apagan

Les armées françaises ont lancé dimanche soir l'opération d'évacuation des ressortissants français : deux avions de transport de l'armée de l'air, un C130 et un A400M, avec à leur bord du fret et des personnels, devaient décoller dans la nuit et lundi matin pour la base aérienne d'Al Dhafra aux Émirats arabes unis, a indiqué le ministère des Armées.

La première rotation aérienne d'évacuation de Kaboul organisée par l'armée française entre sa base aux Émirats et la capitale afghane tombée aux mains des Taliban est prévue d'ici "la fin de ce lundi", a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly, sur la radio France Info, précisant qu'il y avait "plusieurs dizaines" de Français à évacuer, ainsi que des "personnes qui sont sous notre protection".

C'est la base aérienne française d'Al Dhafra, à Abou Dhabi, qui accueillera ainsi plusieurs dizaines de Français évacués de Kaboul, dont des diplomates, des humanitaires ou des journalistes, avant leur rapatriement jusqu'en France.

"Évacuer les personnels qui ont rendu service à la France"

"Nous avons organisé, sur la base dont nous disposons aux Émirats arabes unis, les conditions d'accueil des premiers évacués, qu'il s'agisse de ressortissants français qui seraient encore à Kaboul, mais qu'il s'agisse aussi des personnes qui sont nous notre protection et que nous allons évacuer", a-t-elle dit. La base française aux Emirats "va servir de hub militaire pour assurer des norias entre Abou Dhabi et Kaboul et ensuite le rapatriement jusqu'en France", a expliqué la ministre des Armées.

La priorité française est d'"évacuer ses ressortissants, évacuer les personnels (afghans, ndlr) qui ont rendu d'éminents services à notre pays en nous aidant au quotidien, et par ailleurs faire le maximum pour mettre en protection des personnalités qui ont défendu les droits, les Droits de l'Homme, des journalistes, des artistes, tous ceux qui sont engagés pour ces valeurs que nous continuons de défendre partout dans le monde", a-t-elle dit.

Quelque 625 Afghans employés dans des organisations françaises sont déjà arrivés en France avec leur famille depuis le mois de mai, selon le gouvernement.

Les opérations d'évacuation sont notamment gérées par l'ambassade, qui s'est délocalisée dimanche à l'aéroport quelques heures avant que les Taliban n'entrent dans la capitale, désertée par le président Ashraf Ghani. L'ambassadeur de France David Martinon a tweeté lundi une photo le montrant en pleine réunion dans une petite salle de l'aéroport qui, sécurisé par les forces américaines, est devenu le seul point de fuite pour les étrangers mais aussi les Afghans.

Air France et plusieurs autres compagnies aériennes ont annoncé éviter "jusqu'à nouvel ordre", le survol de l'Afghanistan, comme l'a demandé l'Autorité afghane de l'aviation civile (ACAA).

La crainte d'une vague migratoire

Au cours des dernières heures, Emmanuel Macron a été en contact avec des dirigeants de pays partenaires, tout comme Jean-Yves Le Drian qui s'est entretenu dimanche soir avec son homologue américain Antony Blinken.

L'un des objectifs de Paris est de définir une stratégie commune au niveau de l'Union européenne, alors que des divergences sont apparues ces derniers mois sur le dossier des expulsions de migrants afghans vers leur pays d'origine. Cette question est sensible alors que les Afghans ont constitué en 2020 10,6 % des demandeurs d'asile dans l'UE (un peu plus de 44 000 sur quelque 416 600 demandes), le deuxième contingent derrière les Syriens (15,2 %), selon l'agence statistique de l'UE Eurostat. 

À l'instar d'autres capitales, Paris a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d'asile.

Tout comme une résurgence du terrorisme, une nouvelle vague migratoire est crainte par de nombreux responsables politiques. Elle interviendra "d'abord dans les pays tout autour de l'Afghanistan" puis "dans le monde entier", selon Jean Leonetti (LR), tandis que le numéro deux du RN, Jordan Bardella, a appelé à "un  sursaut international pour protéger la France et l'Europe d'une déferlante migratoire sans précédent que nos dirigeants semblent encore prendre à la légère".

Avec AFP