La France va notamment apporter au Liban dans les 12 mois 100 millions d'euros de "nouveaux engagements, en appui direct à la population" et envoyer 500 000 doses de vaccin contre le Covid-19 dès le mois d'août, a annoncé Emmanuel Macron, lors d'une conférence internationale d'aide. Au total, 370 millions de dollars ont été promis par la communauté internationale pour couvrir les besoins immédiats de la population libanaise.
Mercredi 4 août, un an jour pour jour après l'explosion du port de Beyrouth, la communauté internationale, Joe Biden et Emmanuel Macron en tête, a sommé les dirigeants libanais d'agir pour extirper le pays de la pire crise économique de son histoire. La conférence internationale de soutien aux Libanais, qui a réuni en distanciel une quarantaine d'États et d'organisations internationales, s'est soldée par la promesse d'une nouvelle aide d'urgence de 370 millions de dollars pour couvrir les besoins immédiats de la population.
La France va fournir dans les mois qui viennent 100 millions d'euros d'aides directes aux Libanais, a annoncé Emmanuel Macron à cette occasion. Cette aide portera notamment sur l'éducation, les besoins alimentaires et l'agriculture, a précisé le président français, en ouverture, depuis de Fort de Brégançon, de cette visioconférence co-présidée par l'ONU.
La conférence visait à répondre aux "nouveaux besoins" d'urgence de la population, estimés à 350 millions de dollars par les Nations unies, dans les domaines alimentaire, de la santé, de l'éducation et de l'assainissement de l'eau, explique-t-on à l'Élysée. Une aide de 280 millions d'euros a déjà été mobilisée lors des deux premières conférences internationales organisées par la France, ex-puissance mandataire, après la tragédie du port en 2020.
EN DIRECT | Introduction du Président @EmmanuelMacron à l’occasion de la 3ème Conférence internationale de soutien à la population du Liban. https://t.co/uK5HwcQ9h9
— Élysée (@Elysee) August 4, 2021Des sommes versées directement aux associations et non à l'État libanais
Autre pays à venir en aide au Liban, les États-Unis ont promis lors de la conférence l'octroi de près de "100 millions de dollars d'aide humanitaire nouvelle", en plus des 560 millions déjà fournis au cours des deux dernières années. Le président américain, Joe Biden, a demandé aux responsables politiques libanais de s'engager à "réformer l'économie et combattre la corruption".
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, quant à lui, a promis 40 millions d'euros, y compris pour les réfugiés syriens. Et l'UE, un engagement de 5,5 millions d'euros pour faire face à la pandémie de Covid-19.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le roi de Jordanie Abdallah II, de même que les Premiers ministres irakien, canadien, grec, et des représentants du Qatar, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis étaient également présent lors de cette conférence virtuelle.
Le Fonds monétaire international (FMI) devrait pour sa part allouer 860 millions de dollars au Liban au titre des droits de tirages spéciaux (DTS), a indiqué la directrice générale de l'institution, Kristalina Georgieva, en exhortant le pays à les utiliser à bon escient.
L'argent va directement à des associations, sous les auspices des Nations unies, et non à l'État libanais pour éviter corruption et incurie, les deux maux récurrents de la classe politique aux yeux des Libanais.
"Une faute historique et morale"
Le pays est à genoux, un an après l'explosion, classée parmi les plus grandes déflagrations non nucléaires, qui a tué plus de 200 personnes, défiguré une partie de la capitale et traumatisé les Libanais. Il fait face à une triple crise politique, économique, l'une des pires à l'échelle mondiale depuis 1850, selon la Banque Mondiale, avec des pénuries de carburant, médicaments et des coupures d'électricité jusqu'à 22 heures par jour, et sanitaire liée au Covid-19.
L'aide structurelle nécessaire à la sortie de crise reste subordonnée à la formation d'un gouvernement et à la mise en œuvre de réformes, que la communauté internationale réclame en vain depuis des mois. Le pays est sans gouvernement depuis la démission de Hassan Diab et de son équipe au lendemain de l'explosion. Les dirigeants libanais, enfermés dans d'interminables marchandages clientélistes, sont restés depuis sourds à toutes les menaces de sanctions, notamment de Paris.
Le nouveau Premier ministre désigné le 26 juillet, Najib Mikati, a promis de former sans délai un gouvernement. Mais pour l'heure rien ne bouge. "Les dirigeants libanais semblent faire le pari du pourrissement" en bloquant depuis des mois la formation d'un gouvernement et la mise en œuvre de réformes, a ainsi déploré Emmanuel Macron lors de la vidéoconférence, agitant une nouvelle fois la menace de sanctions à leur encontre. Paris a déjà restreint l'accès au territoire français de plusieurs personnalités libanaises, sans toutefois dévoiler lesquelles.
"Je pense que c'est une faute historique et morale", a-t-il ajouté. "Ils ne doivent pas douter une seule seconde de notre détermination", a-t-il insisté, en rappelant les "mesures restrictives" déjà prises à leur encontre et le "régime de sanctions" instauré vendredi par l'UE. "La crise que vit le Liban n'est pas un coup du sort, ni une fatalité. Elle est le fruit de faillites individuelles et collectives et de dysfonctionnements injustifiables".
"Les dirigeants libanais sont redevables de la vérité, la transparence, à l'égard de leur population" concernant l'explosion au port de Beyrouth, a-t-il également insisté alors que les conclusions de l'enquête n'ont pas encore été rendues, un an après la catastrophe. "La France et plusieurs autres (pays) ont coopéré pour apporter toutes les informations dont nous disposions, nous sommes disponibles pour toutes les coopérations techniques" qui seraient encore nécessaires dans cette enquête dont les conclusions sont "attendues par toute la population libanaise", a souligné le président français.
Le chef de l'État a précisé que la France enverrait également au Liban 500 000 doses de vaccins contre le Covid-19 dans les prochaines semaines.
Avec AFP et Reuters