
Les 24 officiers irakiens, d'abord accusés de vouloir renverser le gouvernement d'Al-Maliki avant d'être finalement suspectés de complicité avec des terroristes, ont été relâchés. Les accusations qui pesaient sur eux ont été abandonnées.
AFP - Les autorités irakiennes ont annoncé samedi avoir relâché les 24 officiers accusés successivement d'être des putschistes puis des complices de "terroristes".
"Ils ont tous été relâchés et les accusations ont été abandonnées", a déclaré à l'AFP le général Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère irakien de l'Intérieur.
"Ce sont des officiers patriotes. Et nous poursuivrons ceux qui ont fabriqué ces accusations contre eux", a-t-il ajouté.
Le général Khalaf n'a pas précisé si les officiers des ministères irakiens de l'Intérieur et de la Défense avaient été libérés vendredi ou samedi.
Jeudi, les autorités irakiennes avaient annoncé l'arrestation pour complicité avec des "terroristes" de 24 officiers présentés dans un premier temps comme des putschistes fidèles au régime de l'ancien dictateur Saddam Hussein.
Cette affaire floue avait laissé perplexe observateurs et politiques irakiens perdus en conjecture sur des luttes internes au sein du ministère de l'Intérieur ou entre des membres du gouvernement.
Elle intervient toutefois à quelques semaines d'élections provinciales, prévues le 31 janvier dans 14 des 18 provinces du pays, où le Premier ministre Nouri al-Maliki, le ministre de l'Intérieur Jawad Boulani, et tous les ministres cherchent à placer leurs candidats.
Le chef du gouvernement est ainsi le chef de file de la liste "Pour l'Etat de droit", alors que Jawad Boulani dirige une liste "Pour la Constitution" et d'autres appartiennent à des listes concurrentes.
"C'est une affaire montée de toutes pièces et qui ne s'appuie sur aucun fait ou renseignements. Cela intervient parce que le ministère de l'Intérieur a limité l'influence de certains partis politiques (dans son ministère, ndlr) et les interférences entre ministères", avait déclaré vendredi M. Boulani lors d'une conférence de presse.
Le quotidien Asharq al-Awsat, l'un des grands titres du Proche-Orient, décrit samedi une "atmosphère de secret et de rivalité politique en Irak".
"Les arrestations ont été menées par un groupe spécial luttant contre le terrorisme supervisé personnellement par Maliki", écrit le journal, ajoutant que l'opération "pourrait avoir été lancée par Maliki pour affaiblir ses rivaux avant les élections provinciales".
Jeudi soir, au terme d'une journée laissant croire au démantèlement d'un groupe voulant commettre un coup d'Etat, les autorités avaient annoncé qu'il s'agissait seulement d'officiers soupçonnés d'avoir aidé des "terroristes".
"Le bureau du commandant général des forces armées annonce l'arrestation de 24 officiers des ministères de l'Intérieur et de la Défense. Ces gradés n'ont rien à voir avec une tentative de coup d'Etat", avait indiqué le général Qassem Atta, porte-parole du commandement militaire de Bagdad.
Le général Atta avait également précisé à l'AFP que les arrestations avaient été menées à la "suite d'informations selon lesquelles certains officiers ont facilité des activités terroristes et aidé des hors-la-loi et des affidés de l'ancien régime" de Saddam Hussein.
Cette mise au point survenait après l'annonce de l'arrestation d'une quarantaine de fonctionnaires du ministère de l'Intérieur "pour tentative de coup d'Etat".
Le ministère avait officiellement confirmé les arrestations sans indiquer le nombre ni le motif de leurs arrestations.
Un responsable de ce ministère, parlant sous le couvert de l'anonymat, avait assuré que "les fonctionnaires arrêtés ont avoué être liés au parti Al-Awda ("Le Retour" en arabe), un mouvement clandestin qui tente de faire revenir au pouvoir le parti Baas", de l'ancien président Saddam Hussein renversé en 2003 lors de l'invasion conduite par les Etats-Unis.