Le montant de l'emprunt national que la France veut souscrire fait débat au sein de la majorité. Dans une tribune publiée lundi, 63 députés de l'UMP plaident pour qu'il soit revu à la hausse, jusqu'à 100 milliards d'euros.
Soixante-trois députés de la majorité ont lancé un appel, lundi, pour que le futur grand emprunt national puisse s'élever jusqu'à 100 milliards d’euros si nécessaire. Une sortie médiatique qui jette le trouble dans les rangs de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), en plein débat sur la loi de finances 2010 et après la fronde sénatoriale contre la réforme de la taxe professionnelle.
Les signataires de cette tribune publiée par le quotidien Le Monde, parmi lesquels figurent les députés David Douillet, Yves Jégo, Jean-François Lamour, Maurice Leroy et André Santini, pensent qu’il faut "pouvoir mobiliser une masse critique de plus de 50 milliards d'euros, voire, pourquoi pas, aller, si les projets le justifient, jusqu'à 100 milliards d'euros d'investissements publics supplémentaires, qui seront dépensés sur les cinq à dix ans à venir".
Ceux-ci réclament en outre de l’audace et la mobilisation, selon des critères rigoureux, de "moyens suffisants pour donner à notre économie une dynamique nouvelle".
Guaino enflamme le débat
Selon Le Figaro de ce mardi, Éric Woerth, le ministre du Budget, a jugé que 100 milliards était un montant "irréaliste". Pour lui, "un grand chiffre ne fait pas un grand emprunt". La réplique de l’influent conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino n’a pas tardé. "Je commente assez rarement les propos des ministres, mais le débat gagnerait en maturité, en profondeur et parfois en dignité si l'on s'évitait des qualificatifs excessifs", a-t-il déploré sur la chaîne d'informations i-Télé.
Les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Michel Rocard, qui coprésident la commission sur le grand emprunt, préconisaient une fourchette comprise entre 20 et 40 milliards d’euros. Mais, selon Cécile Duflot, la secrétaire nationale des Verts qui a été reçue lundi par le Premier ministre François Fillon, la commission s'orienterait plutôt vers un emprunt de 20 milliards à 30 milliards d'euros.
La commission sur le grand emprunt souhaite en limiter le montant, afin de ne pas mettre en péril les finances de la France, sachant que la dette publique du pays devrait atteindre 84 % du PIB en 2010. Elle rendra ses conclusions sur les investissements prioritaires dans le courant du mois de novembre. Le président Sarkozy devra ensuite trancher la question du montant et des modalités de l'emprunt, qui sera lancé "au début de l'année prochaine", selon Henri Guaino.