Les Arméniens ont voté dimanche lors de législatives anticipées risquées pour le Premier ministre, Nikol Pachinian, dont la popularité s'est effondrée après la récente défaite militaire face à l'Azerbaïdjan, au terme d'une campagne véhémente qui fait craindre un climat tendu après la publication des résultats.
Les Arméniens étaient appelés aux urnes, dimanche 20 juin, pour des législatives anticipées incertaines et risquées pour le Premier ministre Nikol Pachinian, qui pourraient provoquer aussi des manifestations après une campagne véhémente sur fond de défaite à l'automne dernier dans la guerre au Nagorny Karabakh.
Les bureaux de vote ont fermé à 16H00 GMT et les premiers résultats sont attendus plusieurs heures plus tard.
L'ex-journaliste Nikol Pachinian, 46 ans, devenu en 2018 chef du gouvernement à la faveur d'une révolution pacifique contre les vieilles élites corrompues, a affronté l'ex-président Robert Kotcharian, 66 ans, qui accuse son rival d'incompétence et se pose en dirigeant expérimenté.
La large popularité de Nikol Pachinian s'est effondrée après la déroute de l'Arménie lors d'une guerre contre l'Azerbaïdjan voisin à l'automne 2020. Après six semaines de combats ayant fait plus de 6 500 morts, Erevan a dû céder d'importants territoires qu'elle contrôlait depuis un premier conflit dans les années 1990 pour le contrôle du Haut-Karabakh, une région sécessionniste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d'Arméniens.
Perçue comme une humiliation nationale, cette défaite a déclenché une crise politique en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives anticipées dans l'espoir de faire baisser la tension et de renforcer sa légitimité.
Malgré les réformes réalisées par le Premier ministre, nombre de ses anciens partisans l'ont lâché après le conflit dans le Haut-Karabakh et se sont tournés vers ses adversaires, pourtant liés aux anciennes élites accusées d'avoir pillé le pays.
La menace de troubles
Face au risque d'une défaite électorale ou d'un score en demi-teinte, Nikol Pachinian a exhorté ses compatriotes à voter afin de lui conférer un "mandat d'acier". "Les Arméniens voient qu'il y a des forces qui provoquent des affrontements politiques, une guerre civile", a-t-il encore lancé jeudi.
Lors des derniers jours de la campagne, les deux rivaux ont effectué une démonstration de force, réunissant chacun une vingtaine de milliers de supporters sur la place centrale de la capitale.
"Le gouvernement n'est pas capable de résoudre nos problèmes actuels", a accusé vendredi, devant ses partisans, Robert Kotcharian, soupçonné de corruption par ses détracteurs après avoir dirigé cette ex-république soviétique de 1998 à 2008.
"Nous sommes une équipe qui, contrairement à l'administration politique actuelle, a de l'expérience, des connaissances, de la force et de la volonté", a-t-il assuré, mettant en garde contre des tentatives de "voler nos voix".
La campagne électorale ayant montré une profonde division entre les deux principaux camps, de nombreux observateurs s'attendent à des protestations, voire à des émeutes après le scrutin.
Le président Armen Sarkissian a jugé inadmissible "d'inciter à la haine et l'inimité" et a appelé ses compatriotes à voter "justement et librement".
Si aucune majorité ou coalition majoritaire n'émerge dimanche, un second tour devra être organisé le 18 juillet entre les deux partis ayant obtenu le meilleur score.
Avec AFP