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Sommet de l’Otan : l’Alliance souhaite ouvrir un nouveau chapitre des relations transatlantiques

Rassurés par la volonté de Joe Biden de renouer avec l'Alliance, les membres de l'Otan espèrent retrouver, lundi, à Bruxelles, une forme de cohésion. Deux sujets suscitent néanmoins des tensions : la Chine et le financement de la défense.

Tourner la page du trumpisme et ouvrir un nouveau chapitre. Les membres de l'Otan se retrouvent, lundi 14 juin à Bruxelles, en présence de Joe Biden qui a affiché la volonté de "revitaliser" les alliances. Le président américain a appelé lundi les alliés de l'Otan a affronter ensemble les "nouveaux défis" posés par la Chine et la Russie, à son arrivée au siège de l'organisation pour un sommet.

"Il y a une prise de conscience croissante, ces deux dernières années, que nous avons de nouveaux défis. Nous avons la Russie qui n'agit pas d'une manière conforme à ce que nous avions espéré. Et aussi la Chine", a-t-il estimé lors de son premier entretien avec le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Mais la réorientation stratégique voulue par les Américains suscite certaines réticences. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a écarté, lundi, la perspective d'une guerre froide avec Pékin, mais plaidé pour une adaptation de l'Alliance.

"La Chine n'est pas notre adversaire, notre ennemi. Il n'y aura pas de nouvelle guerre froide avec la Chine. Mais nous devons faire face aux défis posé par la Chine pour notre sécurité", a-t-il déclaré à son arrivée au siège de l'Otan, à Bruxelles, avant le début du sommet de l'organisation.

Sommet de l’Otan : l’Alliance souhaite ouvrir un nouveau chapitre des relations transatlantiques

Joe Biden a souhaité que "le défi sécuritaire posé par la Chine figure dans le communiqué", a indiqué la Maison Blanche. Certains alliés ont renâclé. "Le cœur de l'Otan, c'est la sécurité de l'espace euro-atlantique. L'heure n'est pas à la dilution de l'effort", soutient l'Élysée. 

"Le langage à propos de la Chine ne sera pas incendiaire. Il sera clair, direct et sans détour", avait assuré le conseiller américain pour la sécurité nationale, Jake Sullivan.  

Une Alliance fragilisée  

Le sommet commence lundi à 13 h (11 h GMT) et durera trois heures. Il va lancer la révision du concept stratégique de l'Alliance adopté en 2010 afin de la préparer à faire face aux nouvelles menaces dans l'espace et le cyberespace. Mais l'Otan doit également panser les plaies ouvertes par Donald Trump. Le retrait d'Afghanistan, décidé sans concertation avec les alliés, a mis à mal la crédibilité des opérations extérieures de l'Alliance.

L'Europe est en outre devenue plus vulnérable après la sortie des États-Unis de plusieurs traités conclus avec Moscou sur la maîtrise des forces nucléaires. Enfin, la méfiance manifestée par Donald Trump à l'égard des Européens a échaudé le Vieux Continent. Et son refus de rappeler la Turquie à ses devoirs a exacerbé les tensions avec l'UE. 

Face à ce constat d'affaiblissement, Emmanuel Macron avait jugé l'Alliance "en état de mort cérébrale". "L'Otan doit bâtir une règle de conduite entre alliés", a soutenu le président français à la veille du sommet. 

À ce sujet, Joe Biden doit s'entretenir en tête à tête avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Mais le président américain doit ménager la susceptibilité de l'allié turc, prêt à assumer la sécurité de l'aéroport de Kaboul, indispensable au maintien d'une présence occidentale en Afghanistan. 

Avant cette rencontre, c'est le président français Emmanuel Macron qui a rencontré Recep Tayyip Erdogan. Les deux dirigeants ont affiché une volonté d'avancer ensemble sur la Syrie et la Libye, a fait savoir l'Elysée.

"Dépenser plus et mieux"

La Russie restera "la priorité numéro un". Mais les membres de l'Alliance sont également appelés à lutter contre "les chevaux de Troie chinois", note Alessandro Marrone dans une analyse publiée par l'Istituto Affari Internazionali. 

 "Il ne s'agit pas de déplacer l'Otan vers l'Asie, mais de tenir compte du fait que la Chine se rapproche de nous et qu'elle essaie de contrôler des infrastructures stratégiques", a expliqué Jens Stoltenberg à l'AFP. "L'Alliance doit se consulter davantage et investir mieux", plaide le Norvégien. 

Les Européens se disent prêts. Mais ils veulent "la pleine reconnaissance" de leur contribution à la sécurité collective et demandent à être associés aux négociations sur la maîtrise des armements, avertit l'Élysée. 

"Biden se montrera plus ouvert à un développement de l'Europe de la défense, mais cela ne sera pas gratuit. Les Américains seront plus exigeants, le moment venu, pour un alignement des Européens sur leurs propres priorités en Asie et dans le Pacifique", estime l'eurodéputé Arnaud Danjean, spécialiste des questions de défense. 

Encore faut-il que les Européens soient jugés "fiables". Vingt-et-un pays de l'UE sont membres de l'Otan, mais huit seulement tiennent l'engagement de consacrer 2 % de leur PIB à leurs dépenses militaires. La France est du nombre mais pas l'Allemagne, ni l'Italie, ni l'Espagne. 

Berlin a salué la proposition de Jens Stoltenberg de doter l'Alliance de moyens communs "pour dépenser plus et mieux". Mais Paris est contre. Or, l'unanimité est impérative pour les décisions au sein de l'Alliance. 

Avec AFP