Le grand débat sur l’identité nationale voulu par Éric Besson débute officiellement ce lundi. Si l’opposition dénonce une opération électoraliste, des voix s'élèvent aussi à droite pour critiquer une initiative controversée.
C’est le grand jour pour Éric Besson. Le ministre français de l’Immigration et de l’Identité nationale va passer les trois prochains mois à nourrir son débat sur l’identité nationale, qu’il lance officiellement ce lundi. Certaines idées sont déjà dans l’air, comme celle de rendre l'apprentissage de l’hymne national obligatoire à l'école.
Ce lundi, le ministère envoie un kit d’informations aux préfets et aux sous-préfets qui auront en charge l’organisation d'une réunion publique sur le sujet. Les groupes parlementaires de la majorité sont également invités à se mobiliser. Enfin, les équipes d’Éric Besson ont concocté un site Internet pour recueillir les contributions des Français, parmi lesquelles certaines risquent d’être virulentes.
Dans la classe politique en effet, le ton est monté dès l'annonce du lancement de la consultation, le 25 octobre. À gauche comme à droite, l'initiative a donné naissance à un flot de critiques.
"Beurre électoral"
L’opposition dénonce ainsi un coup électoral à l’approche des régionales de mars 2010. "Nicolas Sarkozy veut reprendre la main sur son électorat le plus proche du Front national (…) et se refaire un peu de beurre électoral", a lancé dimanche le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, sur la radio Europe 1.
De son côté, le Front National (FN) a pressé le gouvernement d’aller plus loin dans le débat, afin de reprendre la main sur un sujet qui lui est cher. Sa vice-présidente, Marine Le Pen, a demandé, mercredi dernier, une entrevue à l’Élysée, ainsi que la tenue d’un "Grenelle de l’identité nationale".
Jusque dans les rangs de la majorité, la sortie d'Éric Besson a fait des vagues. Le haut-commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, ou encore l’ancienne ministre du Logement, Christine Boutin, ont fait part de leurs réticences concernant un débat qualifié de "100 % politique" par le premier, de "très risqué" par la seconde.
Remobiliser la droite
Malmené ces dernières semaines par les polémiques nées des "affaires" Jean Sarkozy et Frédéric Mitterrand, le président Nicolas Sarkozy a décidé de remobiliser son électorat en vue des régionales avec ses thèmes de prédilection : les impôts, la sécurité et l’immigration.
Pour tenter de désamorcer la polémique sur le fait que le débat intervienne en période de pré-campagne électorale, Éric Besson a déjà pris une première décision : il rendra ses conclusions le 4 février, soit trois semaines avant la date initialement prévue : "J’ai souhaité m’éloigner un peu des régionales" de mars 2010, confie-t-il dans le quotidien Le Figaro daté du 2 novembre.
Selon un sondage CSA publié par Le Parisien, 60 % des sondés se disent favorables au débat. Toutefois, selon une autre enquête publiée jeudi, 64 % des Français pensent qu’il s’agit "avant tout" d’une "volonté de mobiliser les électeurs de droite en vue des élections régionales".