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Interpellés mardi au Nicaragua, les opposants Felix Maradiaga et Juan Sebastián Chamorro García sont notamment poursuivis pour "incitation à l'ingérence étrangère". Des arrestations qui font suite à celles de Cristiana Chamorro et d'Arturo Cruz il y a quelques jours.

La répression s'accentue au Nicaragua à cinq mois de la présidentielle. Quatre opposants et potentiels candidats à la présidentielle du 7 novembre dans ce pays dirigé par Daniel Ortega ont été arrêtés mardi 8 juin.

La police nicaraguayenne a ainsi interpellé l’opposant Juan Sebastián Chamorro García – cousin d’une autre candidate détenue, Cristiana Chamorro – pour "incitation à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures" et "organisation avec le financement de puissances étrangères pour perpétrer des actes de terrorisme", selon un communiqué de la police.

Un peu plus tôt, l'opposant Felix Maradiaga avait été arrêté après avoir répondu à une convocation du parquet, qui a ouvert contre lui, selon le ministère public, une enquête pour agissements contre la souveraineté du pays et incitation à l’ingérence étrangère.

Avant son arrestation, Felix Maradiaga a déclaré n’avoir "rien à cacher" et a nié avoir demandé des sanctions contre le pays, mais contre "des personnes qui ont commis des crimes contre l’humanité" et des violations des droits humains.

Une arrestation "arbitraire" pour Washington

Le département d’État américain a immédiatement réagi, qualifiant cette arrestation d’"arbitraire" et le président Daniel Ortega de "dictateur". "La communauté internationale n’a d’autre choix que de le traiter comme tel", a réagi sur Twitter la responsable de la diplomatie américaine pour les Amériques, Julie Chung.

La detención arbitraria del candidato presidencial Félix Maradiaga - el tercer líder opositor detenido en 10 días - confirma sin lugar a dudas que Ortega es un dictador. La comunidad internacional no tiene más opción que tratarle como tal.

— Julie Chung (@WHAAsstSecty) June 8, 2021

Les charges retenues contre les opposants font partie du nouvel arsenal juridique mis en place en décembre par le président Ortega, qui pourrait briguer un quatrième mandat successif le 7 novembre.

La nouvelle loi punit "les actes qui portent atteinte à l’indépendance, à la souveraineté et à l’autodétermination, qui incitent à l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures, demandent des interventions militaires, s’organisent avec le financement de puissances étrangères pour commettre des actes de terrorisme et de déstabilisation".

Juan Sebastián Chamorro García est le quatrième opposant et potentiel candidat à l’élection présidentielle du 7 novembre à être arrêté en moins d’une semaine, après Felix Maradiaga, Cristiana Chamorro mercredi et l’ex-diplomate Arturo Cruz samedi. Ce dernier s’était déclaré candidat il y a deux mois sous les couleurs du parti Alliance citoyenne pour la liberté (CXL, droite).

Felix Maradiaga, 44 ans, est le précandidat de l’Unité nationale (UNAB), une plateforme composée d’organisations de la société civile qui ont soutenu les manifestations de 2018 exigeant la démission du président Ortega et lors desquelles 328 personnes sont mortes.

Cristiana Chamorro, assignée à résidence, n’appartient à aucun parti, mais fait figure de principale concurrente à Daniel Ortega. De nombreux pays ont demandé sa libération immédiate.

"Sous Ortega, le Nicaragua devient un paria international et s’éloigne de plus en plus de la démocratie", avait déclaré Julie Chung après l’arrestation d'Arturo Cruz, ambassadeur du Nicaragua aux États-Unis entre 2007 et 2009.

Le tribunal électoral, constitué de magistrats proches du parti au pouvoir, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), a déjà écarté de la compétition électorale le Parti de la restauration démocratique (PRD, évangélique) et le Parti conservateur (PC, droite), l’un des plus anciens du pays.

Avec AFP