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Au Maroc, Clinton tente de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens

Après avoir rencontré le président palestinien et le Premier ministre israélien, la secrétaire d'État américaine est arrivée à Marrakech où elle poursuit ses efforts en vue de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens.

AFP - La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton est arrivée tôt dimanche matin à Marrakech (sud), où elle doit poursuivre ses efforts en vue de relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens, a constaté l'AFP.

La chef de la diplomatie américaine, qui arrive du Proche-Orient, rencontrera ses holomogues arabes lundi et mardi à la 6ème édition du Forum pour l'Avenir, une manifestation organisée conjointement par le Maroc et l'Italie. La situation au Proche-Orient et le dialogue Occident-islam seront les deux principaux thèmes abordés lors d'un diner-débat lundi soir au Forum pour l'Avenir.

Reprise des pourparlers de paix sans gel des colonies

Elle s'est entretenue successivement samedi avec le président palestinien Mahmoud Abbas puis avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Les Etats-Unis plaident pour une reprise au plus tôt des négociations de paix, interrompues après l'offensive israélienne à Gaza depuis la fin 2008.

Hillary Clinton a appelé samedi Israéliens et Palestiniens à relancer le processus de paix, mais s’est montrée plus pressante avec Mahmoud Abbas, auquel elle a demandé de ne pas conditionner les discussions au gel des colonies.

La secrétaire d’Etat américaine a rencontré le président palestinien à Abu Dhabi, où elle semble avoir dessiné un changement dans la position de l’administration Obama, qui faisait pression depuis des mois sur Israël pour qu’il suspende les activités de colonisation.

Le président Barack Obama lui-même, après avoir convaincu en septembre Mahmoud Abbas de rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, avait parlé de « retenue » plutôt que de « gel » des colonies, terme utilisé jusque là.

Lors de son entretien avec Netanyahu à Jérusalem, Hillary Clinton a convenu avec le chef du gouvernement israélien que le refus d’Abbas de participer à des pourparlers en raison des colonies était sans précédent.

Interrogée sur les demandes palestiniennes pour relancer le processus de paix lors d’une conférence de presse commune avec Netanyahu, la chef de la diplomatie américaine a déclaré : « Il n’y jamais eu de condition préalable. C’est toujours un sujet dans le cadre des négociations. Nous en sommes en ce moment au point où nous essayons d’entrer en négociations. »

Mais les Palestiniens n’entendent pas céder. Nabil Abou Rdainah, porte-parole d’Abbas, a déclaré que l’entretien entre ce dernier et Clinton n’avait pas permis de faire avancer le processus de paix, interrompu depuis l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, l’hiver dernier.

« Le président Abbas a réaffirmé à Hillary Clinton que les Palestiniens ne reprendraient pas les pourparlers avant un gel total des colonies et en l’absence d’un objectif clair pour ces pourparlers », a-t-il dit à Reuters.

La colonisation, noeud gordien des négociations

Abbas pose comme condition à toute reprise des négociations un gel total de la colonisation juive en Cisjordanie et dans la partie orientale occupée de Jérusalem, un préalable auquel Netanyahu se refuse catégoriquement.

Netanyahu n’a concédé à Obama que le principe d’un Etat palestinien, mais démilitarisé, et exige d’Abbas qu’il reconnaisse Israël comme l’Etat des Juifs, renonçant du même coup au droit au retour des réfugiés arabes du conflit de 1948.

Pressé depuis plusieurs mois par les Etats-Unis de geler les implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, Benjamin Netanyahu a consenti à limiter les limiter aux constructions déjà approuvées par son gouvernement en Cisjordanie.

Hillary Clinton a salué l’effort israélien et estimé qu’il répondrait aux critiques du passé. Son porte-parole a toutefois assuré qu’elle n’avait pas demandé expressément à Mahmoud Abbas d’accepter la proposition de Netanyahu.

Le gel des activités de colonisation est inscrit dans la « feuille de route » qu’ont signé les deux parties en 2003. Malgré leur poursuite, Mahmoud Abbas avait participé à la reprise des négociations initiée fin 2007 à Annapolis par George Bush.

Son successeur à la présidence américaine, Barack Obama, a fait de la relance des discussions une de ses priorités et pourrait subir très tôt un revers majeur si Israéliens et Palestiniens persistaient dans leur refus de dialoguer.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, où figurent des ultraorthodoxes partisans des colonies, estime que Mahmoud Abbas n’est pas assez fort pour garantir la sécurité d’Israël en cas d’accord. Abbas a uniquement autorité sur la Cisjordanie depuis que ses rivaux du Hamas ont pris par les armes le contrôle de la bande de Gaza, en 2007.

Les Palestiniens mettent pour leur part en garde contre la montée du sentiment de frustration en cas d’échec à créer un Etat et par conséquent, d’une possible résurgence de violences.

Pour Benjamin Netanyahu, les exigences palestiniennes sont le principal facteur de blocage.

« C’est un changement dans la politique palestinienne et cela ne contribue pas beaucoup à la paix. C’est un prétexte (...) qui empêche la reprise des négociations », a-t-il dit.

« Ce que nous devrions faire sur le chemin de la paix, je pense, c’est de le prendre et de nous y tenir », a-t-il ajouté après sa rencontre avec Hillary Clinton.