Mercredi soir, les Français ont eu des difficultés à joindre le Samu, les pompiers ou encore la police, en raison d'une panne massive chez Orange. L'opérateur a indiqué que le réseau était rétabli depuis minuit. Après avoir été convoqué au ministère de l'Intérieur, le PDG a présenté ses excuses.
Une panne chez l'opérateur Orange a massivement perturbé, mercredi 2 juin au soir, l'accès aux numéros d'urgence et de nombreux services de secours étaient difficiles à joindre à travers la France.
Jeudi matin, l'opérateur a annoncé que le service avait été rétabli à minuit. Le réseau "fonctionne depuis minuit" mais reste "sous surveillance", notamment avec "la montée en charge des prochaines heures", a précisé un porte-parole d'Orange.
En visite à Tunis avec Jean Castex, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le secrétaire d'État chargé du Numérique, Cédric O, sont rentrés précipitamment à Paris pendant la nuit. Ils ont tenu une réunion de crise jeudi matin, a annoncé Matignon à l'AFP. Présidée par Gérald Darmanin depuis Beauvau, elle a eu lieu "jeudi matin tôt" et a rassemblé en visioconférence les préfets, a précisé le ministère de l'Intérieur à l'AFP.
Le PDG d'Orange convoqué
Durant cette réunion, Gérald Darmanin a qualifié la panne de "dysfonctionnements graves et inacceptables". Ce dernier a annoncé avoir convoqué le PDG d'Orange, Stéphane Richard, pour obtenir des éclaircissements sur la panne. Interrogé par l'AFP, l'entourage du ministre a précisé que ces deux "accidents" s'étaient soldés par la mort des patients. "Ce qui est sûr, c'est que les personnes ont témoigné qu'elles ont essayé d'appeler plusieurs fois et qu'elles n'ont pas réussi tout de suite à avoir des opérateurs", a expliqué le ministre de l'Intérieur.
L'opérateur Orange a présenté ses excuses à toutes les personnes touchées par la panne des numéros d'urgence survenue mercredi soir, a indiqué le PDG Stéphane Richard.
"J’ai rencontré ce matin Gérald Darmanin et Cédric O afin de faire le point sur l’incident affectant les appels vers les numéros d’urgence. La situation est maintenant stabilisée", a-t-il écrit dans un message publié sur Twitter. "Le groupe Orange présente ses plus vives excuses à celles et ceux qui ont été touchés ces dernières heures."
J’ai rencontré ce matin @GDarmanin et @cedric_o afin de faire le point sur l’incident affectant les appels vers les nums d’urgence. La situation est maintenant stabilisée.
Le Groupe @orange présente ses plus vives excuses à celles et ceux qui ont été touchés ces dernières heures
Ouverture d'une enquête administrative après le décès d'un homme
Une enquête administrative est ouverte et une enquête judiciaire va par ailleurs être demandée après le décès d'un homme de 63 ans d'un arrêt cardiaque, à l'hôpital de Vannes, lors de la panne des numéros d'urgence téléphoniques, a annoncé, jeudi, la préfecture du Morbihan.
Jeudi matin, le ministre de l'Intérieur avait en effet évoqué le cas de cet homme, décédé faute d'avoir "pu joindre les services de secours à temps" à cause de cette panne.
Originaire du pays d'Auray, il est décédé mercredi soir d'un arrêt cardio-vasculaire aux urgences de l'hôpital de Vannes, malgré les tentatives de réanimation, a indiqué le secrétaire général de la préfecture Guillaume Quenet, évoquant un "dysfonctionnement inédit et majeur".
"Ce patient a été conduit en voiture par sa conjointe au Centre hospitalier de Vannes au vu des difficultés constatées pour joindre les services de secours", a-t-il ajouté.
"Nous sommes en train de réunir l'ensemble des éléments qui permettront de faire toute la lumière sur le séquencement de ces éléments qui a abouti à un décès", a déclaré Stéphane Mulliez, directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) de Bretagne. Une enquête administrative, diligentée par l'ARS, a été initiée "dès cette nuit", a précisé Stéphane Mulliez.
Numéros alternatifs
Dès 18 h, mercredi, des dysfonctionnements massifs ont été signalés aux quatre coins du pays, entraînant de grosses difficultés pour les services de secours. Des numéros d'urgence alternatifs, fixes ou mobiles, ont été mis en place, et diffusés sur les réseaux sociaux par les pouvoirs publics.
L'incident affecte de manière "partielle mais significative la réception des appels d'urgence 15/17/18/112 sur l'ensemble du territoire national", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.
Invité au 20 h de TF1, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué que la panne était "manifestement due à un problème de maintenance". Cette opération "organisée par (l'opérateur) Orange aurait provoqué des pannes assez aléatoires, avec jusqu'à 30 % de baisse dans certains départements", selon le ministre. Olivier Véran a invité "les gens à se rendre sur le site internet de leur préfecture pour appeler les numéros locaux".
"Piratage" exclu
"C’est identifié, on est mobilisés à fond pour que le service soit rétabli dans les plus brefs délais", avait souligné un porte-parole d'Orange en début de soirée.
Bouygues Telecom et Altice, la maison-mère de SFR, ont également fait état de perturbations. De source proche du dossier, on a exclu tout "piratage" informatique.
Une panne informatique avait touché l'opérateur belge Proximus début janvier, perturbant les numéros d'urgence en Belgique pendant toute une nuit.
Véritable mise en danger
"C’est inacceptable", a lancé Patrick Goldstein, chef du Samu du Nord, sur BFMTV. "C’est une source d’ennui maximum, surtout quand ça touche l’ensemble des services. Tous le monde en même temps et à l’échelle nationale, c’est quand même une première."
"Ce qui nous inquiète, c'est que des gens appellent pour des arrêts cardiaques, des accidents (...) Il faut qu'on puisse répondre le plus vite possible. Il y a un véritable problème de mise en danger d'autrui", a lancé sur la chaîne d'information Patrick Pelloux, le président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf).
Avec AFP