À la Une de la presse, ce mercredi 12 mai : la poursuite de l’escalade militaire entre Israël et le Hamas, déclenchée par les violences à Jérusalem-Est.
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À la Une de la presse, ce matin, la poursuite de l’escalade militaire entre Israël et le Hamas, déclenchée par les violences à Jérusalem-Est.
Israël Hayom, qui évoque «une escalade dangereuse», fait état d’une intensification, cette nuit, des tirs de roquette du Hamas depuis Gaza, contre le sud et le centre d’Israël. Des tirs détournés, pour la plupart, par le « Dôme de fer », le bouclier antimissiles israélien, et auxquels l’armée israélienne a répliqué par une multiplication des frappes aériennes contre Gaza, faisant s’écrouler un immeuble d’une dizaine d’étages. «Aucun pays ne peut tolérer des tirs de roquettes contre son territoire. Israël n'a pas eu d'autre choix que de réagir rapidement et fermement aux tirs du Hamas», plaide le Jerusalem Post, en appelant la communauté internationale à se tenir «aux côtés d'Israël, contre le terrorisme palestinien».
«Les raisons de l'éruption de cette violence sont liées à une série de mauvaises décisions à Jérusalem», commente Haaretz, qui estime, néanmoins, qu'elle relève d’un «problème beaucoup plus profond» : la réalité de 54 ans d'occupation. «Dans son désir de combattre le nationalisme palestinien, de l'affaiblir et même de le faire disparaître, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a attaqué les Arabes israéliens de manière criminelle. Au lieu de s'attaquer au problème, il a préféré exclure, discriminer, judaïser et faire entrer des racistes déclarés à la Knesset. C’est cette stratégie désastreuse qui explose maintenant au visage d'Israël».
Le quotidien émirati The National fait état de la condamnation de la Ligue arabe, dont le président accuse Israël d’être «responsable de la violence à Gaza et à Jérusalem-Est» et estime que «les provocations israéliennes sont le résultat de la pression exercée par des colons tenants de la ligne dure et des groupes extrémistes religieux».
Le quotidien saoudien Arab News, qui défendait, jusque-là, le rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’État hébreu impulsé par le prince héritier Mohammed ben Salmane, hausse à présent un peu le ton, en accusant Israël de «faire pleuvoir la mort sur Gaza». Le journal en appelle, lui, à l’administration Biden pour stopper la «judaïsation de Jérusalem-Est», faute de quoi «un nouveau désastre pourrait survenir», alors que les Palestiniens s’apprêtent à commémorer, samedi, la «Nakba» - le terme arabe désignant la «catastrophe» du déplacement forcé de 700 000 Palestiniens, lors de la création de l’État d’Israël en 1948.
Mais dans l’ensemble, la presse du Golfe continue à faire preuve de retenue, comme en témoigne la Une d’Al Arab, proche des Émirats arabes unis, qui accuse le Hamas de parier sur une «démonstration de force», en dépit du coût humain de cette stratégie et des pertes civiles qu’elle occasionne. Al Araby Al Jadeed, proche, quant à lui, du Qatar, évoque «les victimes palestiniennes de l’agression israélienne», mais se garde de toute véhémence, se bornant à constater «le transfert, depuis lundi, des violences, de Jérusalem-Est vers Gaza».
Le quotidien libanais L’Orient Le Jour exprime, lui, son indignation. Le journal ne décolère pas contre les dégâts occasionnés, selon lui, par la politique proche-orientale de L’administration Trump et contre la cécité de la communauté internationale en général, qui l’aurait laissé enterrer le dossier palestinien. En réalité, écrit le journal, «la braise dormait sous la cendre, et a vite fait de se raviver». «Le plus navrant, fustige le journal, est que pour se rappeler à la mémoire du monde bien-pensant, ces damnés de la terre que sont les Palestiniens n’aient eu d’autre moyen, une fois de plus, que d’offrir leur hémoglobine en pâture aux médias internationaux», regrette L’Orient Le Jour.
Une colère partagée, en France, par L’Humanité, soutien de toujours de la «cause palestinienne», qui évoque «le soulèvement d’une génération», le soulèvement de la jeunesse palestinienne face aux «provocations, (à) l’oppression, (à) l’apartheid, (aux) humiliations contre Jérusalem-Est». « Des sanctions doivent être prises sans attendre les hypothétiques arrangements de couloir que bricoleraient les États-Unis. Il serait temps de clamer aussi qu’un peuple qui en opprime un autre «n’est pas un peuple libre», prévient le journal.
Aux États-Unis, précisément, à l’unisson de la presse étrangère, The New York Times estime que «la violence en Israël remet en question la position «en retrait» de Joe Biden», ce président «arrivé au pouvoir en estimant avoir peu de chances de résoudre le conflit israélo-palestinien (mais qui) pourrait maintenant être obligé de s'impliquer davantage».
The Washington Post estime, lui, que les violences actuelles font le jeu aussi bien du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu que du Hamas, et qu’il serait sage que l’administration Biden «résiste aux appels inévitables lancés aux États-Unis pour qu'ils se «réengagent» dans le «processus de paix» israélo-palestinien» - un processus «moribond de longue date», selon le quotidien américain.
Quelques dessins, pour terminer. Dans le quotidien suisse Le Temps, le dessinateur Chapatte prête aux habitants de Gaza ce commentaire fataliste, face aux raids aériens : «Je crois que c’est une dispute de propriétaires à Jérusalem qui a mal tourné». Le dessin d’Amjad Rassmi pour Asharq Al Awsat, montre, lui, le navire israélien sur le point de chavirer, sous le poids de l’extrême-droite et des fondamentalistes religieux, accusés de couler l’État hébreu. Le dessinateur De Adder, pour The Washington Post exprime son désarroi. Comment trouver le chemin de la paix au Proche-Orient, alors que toutes les routes semblent mener à la haine?
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