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Le tueur en série Michel Fourniret est mort à l'âge de 79 ans

Surnommé l'"ogre des Ardennes", Michel Fourniret a été condamné deux fois à la perpétuité pour des meurtres de jeunes filles et jeunes femmes, et pour l'assassinat en 1988 de la compagne d'un truand afin de s'emparer du butin d'un gang. 

Il emporte avec lui ses nombreux secrets. Le tueur en série Michel Fourniret, âgé de 79 ans, "est mort lundi à 15 h à l'Unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de la Pitié-Salpétrière à Paris", a annoncé le procureur de Paris, Rémy Heitz, à l'AFP.

Michel Fourniret était hospitalisé depuis le 28 avril dans cette unité dépendant du centre pénitentiaire de Fresnes, où il purgeait deux peines de prison à perpétuité pour les meurtres de huit personnes.

"Une enquête a été ouverte pour 'recherches des causes de la mort', confiée au 3e district de police judiciaire", a précisé le procureur. Cette ouverture d'enquête est une pratique systématique dans le cadre d'un décès en milieu pénitentiaire, selon une source proche du dossier. Une autopsie doit être pratiquée dans ce cadre.

Surnommé "l'ogre des Ardennes", Michel Fourniret avait été déclaré coupable en 2008 des meurtres de sept jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001 et condamné à la perpétuité incompressible. Il avait de nouveau été condamné à perpétuité en 2018 pour un assassinat crapuleux lié au trésor du gang des postiches.

Selon le quotidien Le Parisien, qui avait révélé lundi matin son hospitalisation en fin de vie, le septuagénaire qui souffrait "de problèmes cardiaques et de la maladie d'Alzheimer [avait] été placé dans le coma", "considéré par les médecins comme non réanimable".

"Déception pour la justice"

Me Didier Seban, avocat de plusieurs familles de disparues, dont celle d'Estelle Mouzin, avait réagi lundi midi à l'information que le tueur se trouvait en fin de vie, exprimant la "déception des familles pour les affaires où il avait été mis en examen" et n'avait pas encore été jugé : "Pas de procès le concernant, pas de possibilité d'avoir les réponses attendues", avait-il déclaré auprès de l'AFP.

Le tueur en série avait avoué en mars 2020 sa responsabilité dans la mort d'Estelle Mouzin, fillette de 9 ans disparue en 2003 à Guermantes (Seine-et-Marne), dont le corps n'a pas été retrouvé à ce jour malgré d'intenses fouilles récentes dans les Ardennes.

Outre cette affaire, il était encore mis en examen pour les disparitions de Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish ainsi que, depuis décembre, pour celle de Lydie Logé, une jeune femme de 29 ans disparue en 1993 dans l'Orne.

"Déception pour la justice : tant d'affaires sans réponse car la justice n'a pas travaillé jusqu'à ce que la juge d'instruction Sabine Kheris reprenne ces dossiers" et les centralise à Paris, a accusé Me Seban.

"Plaisir pervers de faire souffrir l'autre"

Né le 4 avril 1942 à Sedan (Ardennes), Michel Fourniret, marié trois fois et père de cinq enfants, se serait peu à peu transformé en prédateur sexuel après avoir découvert que sa première épouse n'était pas vierge.

De son propre aveu, l'ajusteur et dessinateur en mécanique, père de famille discret le jour, se serait alors mué en "braconnier" à ses heures sombres.

Avant même sa condamnation de 2008, il est condamné à trois reprises en 1967, 1984 et 1987 pour une douzaine d'agressions sexuelles.

De sa troisième épouse Monique Olivier, rencontrée en détention par petite annonce, il fait sa complice, scellant avec elle un "pacte" criminel : en échange du meurtre de son premier mari, elle l'aidera à trouver une femme vierge. À sa sortie de prison en 1987, il s'installe avec elle.

Deux mois plus tard, il viole et tue Isabelle Laville, 17 ans. Suivront Fabienne Leroy, Jeanne-Marie Desramault, Élisabeth Brichet...

Mais l'itinéraire criminel de celui qui était en prison depuis dix-sept ans comprend un trou étrange entre 1990 et 2000, alors qu'il a pu se vanter d'avoir tué deux personnes par an entre 1987 et son arrestation de 2003.

L'équipée macabre du couple s'achève en effet quand Michel Fourniret est arrêté en Belgique pour un enlèvement raté.

En 2004 et 2005, Monique Olivier craque et révèle aux enquêteurs onze meurtres, dont les sept jugés en 2008 à Charleville-Mézières. Commis entre 1987 et 2001 en France et en Belgique, ces meurtres avaient été précédés de viols ou tentatives de viols.

Chez lui, "le plaisir pervers de faire souffrir l'autre est beaucoup plus fort que le plaisir sexuel", analysait à l'époque le procureur de Charleville.

Avec AFP