Dénonçant le "délitement" de la France et appelant à "soutenir les politiques" qui œuvreront contre, les généraux signataires d'une tribune vont recevoir "des sanctions disciplinaires militaires" en fonction de leurs grades, a annoncé mercredi le chef d'état-major des armées.
Après la vague de critiques et de consternation, place aux sanctions pour la tribune de généraux qui appellent à "soutenir les politiques" qui œuvreront contre le "délitement" de la France. Le chef d'état-major des armées a décidé, mercredi 28 avril au soir, d'imposer "des sanctions disciplinaires militaires" aux dix-huit militaires signataires de la tribune publiée dans Valeurs Actuelles.
Le général François Lecointre a précisé au quotidien Le Parisien que les sanctions seraient "plus fortes pour les plus gradés". "Je considère que plus les responsabilités sont élevées, plus l'obligation de neutralité et d'exemplarité est forte", a-t-il martelé.
Les généraux en "deuxième section" signataires – proches de la retraite mais qui peuvent toujours être rappelés – risquent pour leur part "la radiation, donc la mise à la retraite d'office", a-t-il ajouté.
"Ces officiers généraux vont passer chacun devant un conseil supérieur militaire. Au terme de cette procédure, c'est le président de la République qui signe un décret de radiation", a précisé le général Lecointre.
"Je souhaite que leur mise à la retraite d'office soit décidée", a-t-il pour sa part relevé en évoquant "une procédure exceptionnelle", lancée à la demande de la ministre des Armées, Florence Parly qui avait jugé leurs "actions inacceptables" et "irresponsables".
Interdit de prendre "des engagements politiciens en mettant en avant leur grade"
Parmi les signataires, le général Christian Piquemal, ancien patron de la Légion étrangère, a déjà été radié en 2016 des cadres de l'armée pour avoir participé à une manifestation interdite contre les migrants à Calais.
"Je vais lui envoyer une lettre pour lui dire qu'il est indigne, salit l'armée, la fragilise en en faisant un objet de polémique nationale", a indiqué le général Lecointre.
"Je leur conteste à tous […] le droit de prendre des engagements politiciens en mettant en avant leur grade", a-t-il ajouté.
Un recours à la discipline salué par le général Dominique Trinquand. "Je regrette que des personnels des armées puissent s'engager sur [des sujets politiques], cela fragilise l'institution qui est au service de tous les citoyens, quel que soit le bulletin de vote qu'ils mettent dans l'urne", a réagi sur France 24 l'ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies qui regrette "une manipulation politique qui dessert les armées".
Pas de lien avec le putsch des généraux d'Alger
"Si rien n'est entrepris, le laxisme continuera à se répandre […], provoquant au final […] l'intervention de nos camarades d'active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles […]", promettent-ils dans ce texte mis en ligne soixante ans après le putsch des généraux d'Alger.
"Le fantasme du putsch me paraît hors de propos. Il n'y a pas la moindre tentation de ce genre", a répliqué le général Lecointre, interrogé sur le lien avec la guerre d'Algérie.
La tribune, publiée par Valeurs Actuelles le 21 avril, signée notamment par une vingtaine de généraux, appelle le président Emmanuel Macron à défendre le patriotisme. Ces militaires dénoncent le "délitement" qui frappe selon eux la patrie et se disent "disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation".
Avec AFP