Alors que les médecins craignaient pour sa vie, Alexeï Navalny a annoncé, vendredi, mettre fin à sa grève de la fin, débutée le 31 mars dernier pour protester contre ses conditions de détentions. L'opposant russe accusait l'administration pénitentiaire de le priver d'accès aux soins.
L'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a annoncé, vendredi 23 avril, la fin de sa grève de la faim débutée il y a 24 jours pour dénoncer ses conditions de détention, suscitant de fortes inquiétudes sur la dégradation de son état de santé.
"Je ne retire pas ma demande de voir le médecin qu'il faut, je perds la sensibilité de parties de mes mains et de mes jambes (...) Étant donné cette évolution et ces circonstances, je commence à mettre fin à ma grève de la faim", a écrit Alexeï Navalny, dans un message publié sur son compte Instagram.
L'opposant de 44 ans avait cessé de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention, accusant l'administration pénitentiaire de le priver d'accès à un médecin alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats.
"Nous avons fait de grands progrès"
Adversaire le plus célèbre du Kremlin, il se plaignait aussi, avant sa grève de la faim, d'une perte de sensibilité aux jambes qui, selon lui, pourrait être une conséquence de l'empoisonnement de l'été dernier et dont il accuse le Kremlin.
Selon son allié Leonid Volkov, qui s'exprimait jeudi soir, Alexeï Navalny a pu enfin être ausculté cette semaine dans un hôpital civil et son dossier médical a été transmis à ses docteurs.
"Les médecins en qui je crois pleinement ont annoncé hier que nous avions atteint suffisamment de choses pour que je mette fin à ma grève de la faim", a écrit vendredi Alexeï Navalny. "Grâce au soutien énorme de bonnes personnes dans tout le pays et à l'étranger, nous avons fait de grands progrès. Il y a deux mois on riait au nez de mes demandes d'assistance médicale, on ne me donnait aucun médicament", a-t-il ajouté.
Mercredi soir, des milliers de ses partisans s'étaient réunis dans de nombreuses villes russes, des manifestations qui se sont soldées par plus de 1 900 interpellations.
Lent retour à une alimentation normale
"Nous sommes toujours profondément préoccupés par son état de santé et sa sécurité, et nous continuons à appeler à sa libération immédiate et sans conditions", a déclaré vendredi le département d'État américain.
Selon l'opposant, son retour à une alimentation normale va prendre 24 jours, soit la durée pendant laquelle il a cessé de manger.
L'une de ses alliées, Lioubov Sobol, qui avait observé une grève de la faim en 2019 pour dénoncer le rejet de sa candidature à une élection locale, a affirmé que les prochains jours "allaient être très durs" pour Alexeï Navalny.
D'après elle, il va connaître une envie "très forte de nourriture normale" mais ne pourra ingurgiter que des liquides "en très faible quantité" pendant la semaine à venir.
Dès lors, cinq docteurs, dont sa médecin personnelle, Anastassia Vassilieva, ont exigé vendredi qu'il soit transféré dans un hôpital "moderne" à Moscou.
Après avoir eu accès à son dossier, ces médecins avaient demandé jeudi à ce qu'Alexeï Navalny s'alimente du fait de "symptômes d'insuffisance rénale, de symptômes neurologiques sévères et d'hyponatrémie sévère" pouvant conduire selon eux à sa mort.
Après sa condamnation, le militant avait été transféré dans une prison à une centaine de kilomètres de Moscou. Dimanche dernier, il avait été hospitalisé dans une unité pour prisonniers tuberculeux de la même région, puis transféré dans un hôpital civil à proximité.
Avec AFP