Onze policiers pakistanais ont été pris en otage, dimanche matin à Lahore, par des membres du parti extrémiste Tehrik-e-Labbaik Pakistan (TLP), qui s'est récemment illustré par de violentes manifestations antifrançaises. Ils ont été libérés, lundi matin, après des "négociations".
Le bras de fer entre le gouvernement pakistanais et le parti islamiste extrémiste Tehrik-e-Labbaik Pakistan (TLP) s'est intensifié. Des membres de cette organisation radicale ont pris en otage onze policiers à Lahore pendant plusieurs heures, quelques jours après l'annonce de son interdiction et l'arrestation de son leader, a indiqué, dimanche 18 avril, Rana Arif, porte-parole de la police à Lahore.
Ils ont été libérés, lundi matin, a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur. "Des négociations ont été entamées avec le TLP, la première partie s'est achevée avec succès", a déclaré M. Rashid dans une vidéo sur Twitter. Il a déclaré qu'une deuxième série de négociations aurait lieu plus tard lundi, bien que l'on ne sache pas exactement sur quoi elles porteront.
Les officiers avaient été retenus dans une mosquée appartenant au TLP, dans laquelle se sont regroupés des partisans de ce mouvement. Elle est actuellement encerclée par la police.
À Lahore, des centaines de manifestants du parti extrémiste protestent depuis lundi contre la mise en prison de leur chef, qui a été arrêté pour avoir demandé l'expulsion de l'ambassadeur de France.
Des manifestations antifrançaises ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, entraînant la mort de six policiers et conduisant l'ambassade de France à appeler ses ressortissants à quitter provisoirement le Pakistan. Selon des experts du pays, la répression gouvernementale contre le TLP s'explique par des enjeux géopolitiques liés notamment à une volonté d'apaisement avec l'Inde.
Demande d'expulsion de l'ambassadeur de France
Selon Firdous Ashiq Awan, "des groupes violents armés de cocktails Molotov et de bouteilles d'acide ont envahi le commissariat de Nawankot (dimanche) matin".
Des chefs du TLP ont indiqué que plusieurs membres de leur mouvement ont été tués dimanche. "Nous ne les enterrerons pas tant que l'ambassadeur de France n'est pas expulsé", a déclaré dans une vidéo mise en ligne Allama Muhammad Shafiq Amini, un chef du TLP à Lahore.
Le TLP a entrepris une campagne antifrançaise depuis que le président Emmanuel Macron a défendu le droit de Charlie Hebdo à publier les caricatures de Mahomet, un acte qu'ils jugent blasphématoire.
Un mouvement classé comme terroriste
Le ministre de l'Intérieur Sheikh Rashid Ahmed a indiqué que les militants du TLP avaient bloqué 191 sites au cours de la semaine écoulée et que la mosquée de Lahore était désormais leur point de rassemblement.
"Aucune négociation n'est en cours. Nous avons tenté de parlementer pendant deux ou trois mois, mais ils campent sur leurs positions et le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'appliquer sa décision" (d'interdire le TLP), a-t-il ajouté.
Les autorités pakistanaises ont interdit le mouvement, classé comme groupe terroriste. Samedi, le Premier ministre Imran Khan a précisé, dans un tweet, que le TLP avait été interdit à cause de ses méthodes, pas de son idéologie.
"Laissez-moi préciser ceci, à l'attention de tous, ici et à l'étranger : notre gouvernement est intervenu contre le TLP en vertu des lois anti-terroristes quand ils ont contesté l'autorité de l'État, ont fait usage de la violence et ont attaqué la population et les forces de l'ordre", a-t-il tweeté.
Il a toutefois ajouté que les insultes au Prophète blessent les Musulmans du monde entier. "Nous ne pouvons tolérer ce manque de respect et ces abus", a-t-il ajouté. Le blasphème est une question sensible dans ce pays, où les lois prévoient la peine de mort pour quiconque est accusé d'insulter l'Islam ou son prophète.
Avec AFP