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Nucléaire iranien : Téhéran va commencer à enrichir son uranium à 60 %

Alors que les négociations sur le nucléaire iranien se poursuivent à Vienne, Téhéran a informé mardi l'AIEA qu'il allait "commencer à enrichir l'uranium à 60 %". La veille, les autorités iraniennes avaient par ailleurs annoncé qu'elles suspendaient "tout dialogue sur les droits humains" avec l'UE en réaction aux nouvelles sanctions européennes.

La République islamique d'Iran a prévenu mardi 13 avril qu'elle allait "commencer à enrichir l'uranium à 60 %", dans une lettre du ministre des Affaires étrangères adjoint, Abbas Araghchi, adressée au directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Une annonce qui intervient deux jours après un "sabotage" de son usine d'enrichissement de Natanz, que le pays impute à Israël.

L'Iran enrichit actuellement de l'uranium à 20 %, déjà bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Un enrichissement à 60 % le mettrait en mesure de passer rapidement aux 90 % et plus, nécessaires pour une utilisation de ce minerai à des fins militaires, même si la République islamique a toujours nié vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Le ministre iranien des Affaires étrangères adjoint a également déclaré que "1 000 centrifugeuses supplémentaires d'une capacité 50 % supérieure seront ajoutées aux machines présentes à Natanz, en sus du remplacement des machines abîmées" par l'explosion survenue dimanche.

Gels d'actifs et des interdictions de visa

Téhéran avait annoncé la veille suspendre "tout dialogue sur les droits humains" avec l'Union européenne ainsi que la "coopération résultant de ce dialogue", en particulier en matière de terrorisme, de lutte contre le trafic de drogue et des réfugiés, en réaction à de nouvelles sanctions européennes.

L'UE avait annoncé lundi des gels d'actifs et des interdictions de visa contre huit responsables de la sécurité iranienne qu'elle accuse d'avoir pris part à la répression violente des troubles de novembre 2019 en Iran. Les personnes sanctionnées, dont le chef des Gardiens de la révolution, sont les commandants des milices, de la police et des forces spéciales iraniennes et l'ancien directeur de la prison d'Evin.

Un contexte sensible

Des annonces qui interviennent à un moment sensible, alors que la diplomatie européenne est en pleine médiation pour relancer l'accord sur le programme nucléaire iranien signé en 2015 entre les grandes puissances mondiales et l'Iran. L'objectif est de réintégrer les États-Unis au sein de l'accord de Vienne et de ramener Téhéran à l'application stricte du texte, en échange de la levée des sanctions imposées par Washington. 

Depuis la sortie des États-Unis de l'accord en 2018, la République islamique n'a cessé d'accuser les Européens de manquer à leurs engagements en n'aidant pas l'Iran à contourner les effets des sanctions économiques américaines, qui ont provoqué une violente récession en Iran.

Avec AFP