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Tigré : les troupes érythréennes ont commencé à se retirer, affirme l'Éthiopie

Les troupes érythréennes ont commencé à se retirer de la région éthiopienne du Tigré, en conflit depuis cinq mois avec le pouvoir central à Addis-Abeba, a déclaré samedi le ministère éthiopien des Affaires étrangères.

Un jour après que les pays du G7 ont appelé à leur retrait rapide, les troupes érythréennes combattant dans la région du Tigré "ont commencé à évacuer", a assuré samedi 3 avril Addis-Abeba. 

Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a annoncé la semaine dernière que les forces érythréennes quitteraient le Tigré, trois jours après avoir finalement reconnu leur présence et face à des informations faisant état de massacres et de violences sexuelles généralisées.

Mais les habitants de certaines villes du Tigré ont continué à signaler la présence de soldats érythréens ces derniers jours. Le G7 a estimé vendredi que leur départ devait être "rapide, inconditionnel et vérifiable". Il a également souhaité "la fin de la violence et la mise en place d'un processus politique clair, inclusif et acceptable pour tous les Éthiopiens, y compris ceux du Tigré".

L'armée éthiopienne désormais "chargée de garder la frontière nationale"

Dans un communiqué publié sur Internet samedi soir, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a déclaré que le processus avait commencé. "Comme annoncé la semaine dernière, les troupes érythréennes qui avaient franchi la frontière lorsqu'elles ont été provoquées par le TPLF [Front de libération du peuple du Tigré] ont maintenant commencé à évacuer", précise le texte, ajoutant que l'armée éthiopienne est désormais "chargée de garder la frontière nationale".

Le TPLF, ancien parti au pouvoir au Tigré, a dominé la politique nationale en Éthiopie pendant près de trois décennies avant l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018.

Le Premier ministre a envoyé des troupes au Tigré en novembre, une décision qui, selon lui, a fait suite à des attaques du TPLF contre des camps de l'armée fédérale.

Addis-Abeba et Asmara ont longtemps nié que les Érythréens étaient actifs dans le Tigré, malgré les témoignages de résidents, de groupes de défense des droits humains, de diplomates et même de certains responsables civils et de militaires éthiopiens.

Les troupes érythréennes accusées de violences envers la population

Les forces fédérales éthiopiennes ont reçu l'appui de forces venues d'Érythrée, pays frontalier du Tigré au nord, et de la région éthiopienne de l'Amhara, qui borde le Tigré au sud, et Abiy Ahmed a proclamé la victoire le 28 novembre, après la prise de la capitale régionale Mekele.

Les troupes érythréennes sont accusées d'atrocités (massacres, viols, pillages...) au Tigré. Amnesty International et Human Rights Watch les ont accusées d'avoir notamment tué des centaines de personnes dans la ville sainte tigréenne d'Aksoum en novembre.

Jeudi, des chercheurs de l'université de Gand (Belgique) ont affirmé dans un article avoir identifié 1 942 victimes civiles, dont seulement 3 % sont mortes dans des bombardements et des frappes aériennes. Ils ont également recensé 151 "massacres", dans lesquels au moins cinq civils non armés ont été tués. Leurs conclusions n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante.

Avec AFP