Le prince Hamza, demi-frère roi AbdallahII, et plusieurs hauts responsables jordaniens auraient porté atteinte à la sécurité du royaume hachémite, a affirmé dimanche le vice-Premier ministre jordanien. Ces accusations interviennent au lendemain d’une série d’arrestations.
Le prince Hamza, demi-frère du roi Abdallah II, et plusieurs personnes dont deux ayant occupé des postes à responsabilités en Jordanie sont accusées d'avoir porté atteinte à la sécurité du royaume, a affirmé dimanche 4 avril le vice-Premier ministre jordanien, Ayman Safadi. Celui-ci soutient également que l'ancien prince héritier a été en contact avec des complices à l'étranger en vue d'un complot.
Ayman Safadi, qui occupe aussi le poste de ministre des Affaires étrangères a précisé lors d'une conférence de presse qu'une quinzaine de personnalités de haut rang avaient été arrêtées, dont Cherif Hassan ben Zaid, ancien conseiller du roi, et Bassem Awadallah, ancien chef de la Cour royale.
"Les services de sécurité ont suivi durant une longue période les activités et les mouvements du prince Hamza ben Hussein, de Cherif Hassan ben Zaid et de Bassem Awadallah et d'autres personnes visant la sécurité et la stabilité de la patrie", a déclaré le vice-Premier ministre. "Les enquêtes ont permis de surveiller les interventions et les contacts avec des parties étrangères visant à déstabiliser la sécurité de la Jordanie", a-t-il ajouté.
Au total, au moins 16 personnes ont été interpellées, parmi lesquelles deux personnalités, Bassem Awadallah (un ancien conseiller du roi) et Cherif Hassan ben Zaid, selon M. Safadi, qui a précisé que les services de sécurité avaient recommandé au roi Abdallah II de les renvoyer devant la cour de sûreté de l'Etat.
La reine Noor, veuve du défunt roi Hussein, mort en 1999, et mère du prince Hamza, a défendu son fils et déclaré dans un tweet "prier pour que la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes de cette calomnie malfaisante".
Samedi 3 avril, le chef de l'état-major de l'armée jordanienne avait rendu visite au prince Hamza en le mettant en garde contre des actions visant "la sécurité et la stabilité" du pays.
Cette visite a été faite après décision du roi "de traiter la question […] pour le dissuader de poursuivre ses activités qui […] sont exploitées pour altérer la sécurité de la Jordanie et des Jordaniens et constituent une rupture avec les traditions et les valeurs de la famille hachémite", selon le vice-Premier ministre.
Mais cela s'est mal passé. "Le chef d'état-major interarmées a rencontré samedi le prince Hamza pour transmettre ce message et lui ont demandé d'arrêter tous mouvements et activités visant la sécurité et la stabilité de la Jordanie, mais Hamza a traité cette demande d'une manière négative sans prendre en considération les intérêts du pays", a ajouté le vice-Premier ministre, sans préciser le sort qui serait réservé au prince Hamza.
Le ministre a fait état de communications entre des personnes du cercle de Hamza ben Hussein et "des organes à l'étranger".
Selon Ayman Safadi, une "personne ayant des liens avec les services de sécurité étrangers a été en contact avec la femme du prince Hamza et lui a proposé de mettre à sa disposition un avion pour qu'elle quitte la Jordanie vers un pays étranger".
Hamza affirme être assigné à résidence
Dans un message vidéo transmis par son avocat à la BBC, le prince Hamza a dit avoir été assigné à résidence et avoir reçu ordre de ne prendre contact avec personne. Il a accusé également les dirigeants jordaniens de corruption.
Agé de 41 ans, Hamza est le premier enfant né du quatrième et ultime mariage entre le roi Hussein et la reine Noor, d'origine américaine. Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsque Abdallah II était devenu roi. Mais, en 2004, le souverain lui a retiré ce titre pour le donner à son propre fils aîné, Hussein.
La reine Noor a pris la défense de son fils, dénonçant sur Twitter des "calomnies" et espérant que "la vérité et la justice l'emportent pour toutes les victimes innocentes", a ajouté celle qui a critiqué ces derniers mois les autorités du royaume.
Praying that truth and justice will prevail for all the innocent victims of this wicked slander. God bless and keep them safe.
— Noor Al Hussein (@QueenNoor) April 4, 2021Bien que marginalisé depuis des années, le prince Hamza irrite les autorités par les efforts qu'il déploie pour nouer des liens avec des responsables de tribus puissantes.
Manifestations contre la corruption
Ces personnalités ont appelé ces dernières semaines à des manifestations contre la corruption et les autorités ont réprimé plusieurs rassemblements, arrêtant des dizaines de personnes.
Le roi Abdallah II, dont le pays est considéré comme l'un des plus stables du Proche-Orient, a reçu de nombreux messages de soutien de la part des pays voisins et des monarchies du Golfe.
Le roi du Maroc, Mohamed VI, s'est également entretenu avec lui au téléphone pour l'assurer de sa solidarité.
Le département d'État américain a aussi réagi en assurant que le roi Abdallah II était un "partenaire clé" des États-Unis et qu'il "bénéficiait de soutien total". "Nous suivons de près ces informations et sommes en contact avec les responsables jordaniens", a indiqué un porte-parole du département d'État.
Avec AFP & Reuters