
Les autorités birmanes ont ordonné jeudi aux fournisseurs d'accès de suspendre les connexions Internet sans fil dans le pays "jusqu'à nouvel ordre". La mesure empêche le mouvement de contestation de se mobiliser sur les réseaux sociaux et de diffuser des images de la répression menée par la junte.
La nouvelle laisse craindre le pire. La junte birmane a ordonné, jeudi 1er avril, aux fournisseurs d'accès de suspendre les connexions Internet sans fil "jusqu'à nouvel ordre" en Birmanie, a-t-on appris auprès d'un opérateur de télécommunications.
Cette nouvelle coupure risque de paralyser la plupart des communications en ligne dans le pays, où très peu de gens ont accès à des lignes fixes.
La mesure a été condamnée jeudi par plusieurs dizaines de pays membres de l'ONU, qui ont dénoncé, dans une déclaration rédigée par la Lituanie, la France et la Grèce, "les attaques" contre les médias dans le pays.
"Nous condamnons fermement (...) l'utilisation des coupures d'Internet pour restreindre l'accès à l'information et le ciblage spécifique apparent de journalistes locaux et internationaux", indique la déclaration des trois pays européens, coprésidents à l'ONU du Groupe des amis de la protection des journalistes.
L'ONU redoute un "bain de sang" en Birmanie
Plus de 535 personnes, dont de nombreux étudiants, des adolescents et de jeunes enfants, ont été tuées par les forces de sécurité en deux mois, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Des centaines d'autres, détenues au secret, sont portées disparues.
Plusieurs dizaines de pays membres de l'ONU, dont la France, ont dénoncé jeudi dans une déclaration commune "le recours aux coupures d'Internet pour restreindre l'accès à l'information" et "les attaques" contre les médias en Birmanie.
Au cours d'une réunion d'urgence à huis clos, mercredi, du Conseil de sécurité de l'ONU demandée par Londres, l'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a mis en garde contre "un risque de guerre civile à un niveau sans précédent", exhortant à "envisager tous les moyens à sa disposition pour (...) éviter une catastrophe multidimensionnelle au cœur de l'Asie".
L'émissaire des Nations unies pour la Birmanie a prévenu qu'un "bain de sang" était "imminent" et a appelé les membres du Conseil à agir. Elle a également exhorté le Conseil de sécurité à agir contre les militaires qui ont renversé Aung San Suu Kyi.
Aung San Suu Kyi en accusation
Cette dernière, détenue depuis le coup d'État militaire du 1er février, a été accusée jeudi d'avoir violé une loi sur les secrets d'État datant de l'époque coloniale.
Aung San Suu Kyi, 75 ans, a comparu en visioconférence devant un tribunal de Naypyidaw, la capitale, pour une audience portant sur des questions administratives, comme la désignation officielle des huit avocats de son équipe de défense. Elle paraissait en "bonne condition physique" et était "brillante et charmante comme toujours", a commenté l'un de ses avocats, Khin Maung Zaw.
Son équipe de défense l'avait vue la veille par vidéo et sous surveillance policière pour la première fois depuis le putsch. "Elle a demandé une rencontre entre elle et ses avocats – une réunion privée pour donner ses instructions à sa défense et discuter de l'affaire sans ingérences extérieures de la police ou des forces armées", a-t-il ajouté. La prochaine audience est fixée au 12 avril.
La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 est également poursuivie pour "incitation aux troubles publics". Des accusations d'avoir perçu plus d'un million de dollars et 11 kg d'or de pots-de-vin s'y ajoutent, mais elle n'a pas encore été inculpée de "corruption". Si elle est reconnue coupable, elle encourt de longues années de prison, risquant d'être bannie de la vie politique.
Avec AFP