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La Brigade de répression de la délinquance à la personne va mener une enquête préliminaire sur les "carnets secrets" de l'ancien chef des Renseignement généraux, Yves Bertrand, après la plainte du président Nicolas Sarkozy.
AFP - Le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête préliminaire sur les "carnets secrets" de l'ancien directeur des Renseignements généraux (DCRG), Yves Bertrand, après la plainte pour "dénonciation calomnieuse" du président Nicolas Sarkozy.
Cette enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP), a-t-on appris de sources proches du dossier.
Le président Sarkozy avait déposé plainte le 16 octobre contre M. Bertrand, DCRG de 1992 à 2004, après la publication dans la presse d'extraits de ses carnets personnels. Cette plainte vise également les chefs de faux et usage, recel et atteinte à l'intimité de la vie privée.
Le parquet n'a en revanche pas ouvert à ce stade d'enquête à la suite de la plainte déposée le 22 octobre par M. Bertrand notamment pour "violation du secret de l'instruction", a indiqué l'une de ces sources, confirmant une information de Mediapart.
Dans ces 23 carnets à spirale rédigés entre 1998 et 2003 sont consignés indiscrétions, soupçons, rumeurs accusatoires et prétendues "affaires" de sexe et d'argent dont M. Bertrand soutient qu'il s'agit seulement de "brouillons" et "de ragot".
Saisis à son domicile et placés sous scellés en janvier 2008 dans le cadre de l'instruction de l'affaire de dénonciation calomnieuse "Clearstream", ils ont pu être consultés par des journalistes de l'hebdomadaire Le Point qui en a diffusé des extraits le 9 octobre.
La plainte du chef de l'Etat fait référence à cette publication dans laquelle M. Sarkozy, cité à trois reprises, est notamment accusé sans aucune preuve "d'avoir perçu 150.000 francs dans son cabinet" de l'homme d'affaires Jean-Noël Tassez.
M. Bertrand aurait ainsi "laissé porter à la connaissance d'autrui des +informations+ relatives à la vie privée portant ainsi atteinte à celle-ci et, en rapportant par ces écrits contenus dans ses carnets, altéré frauduleusement la vérité avec une volonté de nuire indiscutablement", précise la plainte.
"J'ai déposé cette plainte car Nicolas Sarkozy n'entend pas se contenter d'un droit de réponse dans la presse", avait déclaré à l'AFP Me Thierry Herzog, avocat du chef de l'Etat.
Jean-Noël Tassez et le député socialiste Arnaud Montebourg, cités dans les carnets, ont également porté plainte dans cette affaire. D'autres personnalités mises en cause ont annoncé leur intention de saisir la justice mais leurs plaintes n'ont à ce jour pas été enregistrées par le parquet de Paris.
Parmi elles figurent notamment l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua. L'ancien Premier ministre Lionel Jospin a indiqué pour sa part se réserver "tous moyens de droit, à tout moment", dans ce dossier pour lequel il parle de "scandale d'Etat".
De son côté, Yves Bertrand a contre-attaqué en portant plainte contre X le 22 octobre pour "violation du secret de l'instruction, violation du secret professionnel et recel" et en saisissant le tribunal administratif pour obtenir la protection juridique de l'Etat, que lui a refusé la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie.
Pour son avocat, Me Basile Ader, la plainte de M. Sarkozy ne tient pas, la matérialité d'une dénonciation calomnieuse ne pouvant reposer sur un cahier privé et les faits étant, selon lui, couverts par la prescription. L'atteinte à la vie privée ne peut être en outre reprochée qu'aux organes de presse qui ont évoqué ses carnets.
"Personne ne m'a jamais dit d'arrêter d'écrire", a justifié Yves Bertrand en expliquant que "les ragots, il vaut mieux les vérifier. Cela peut avoir une influence sur la vie politique et le fonctionnement de l'Etat".