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Jean-Yves Le Drian accuse les responsables libanais de "non-assistance à pays en danger"

Le ministre français des Affaires étrangères a dénoncé l'inaction de la classe politique libanaise face au "risque d'effondrement du pays", jeudi, lors d'une conférence de presse, alors que le Liban est toujours plongé dans une profonde crise socio-économique. 

"C'est aux autorités libanaises de prendre en main le destin de leur pays." Alors que le Liban est plongé dans une crise socio-économique sans précédent, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a accusé, jeudi 11 mars,  lors d'une conférence de presse,  les responsables politiques du pays de "non-assistance à pays en danger". 

"Je serais tenté de qualifier les responsables politiques libanais de non-assistance à pays en danger, tous autant qu'ils sont", a déclaré Jean-Yves Le Drian, dénonçant l'inaction de la classe politique face au risque "d'effondrement" du pays.

Sur le #Liban, je suis partagé entre la tristesse, la colère et l’angoisse. Nous ne pouvons pas nous substituer aux forces politiques libanaises qui, pour le moment, se rendent responsables de non-assistance à pays en danger. Il est encore temps d’agir, demain il sera trop tard. pic.twitter.com/narHfBd2OB

— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) March 11, 2021

"C'est aux autorités libanaises de prendre en main le destin de leur pays, en sachant que la communauté internationale regarde avec angoisse [la situation se dégrader]", a-t-il prévenu, nouvelle expression de la pression que la France tente de mettre depuis des mois sur les dirigeants politiques libanais pour qu'ils forment un gouvernement, pour l'instant sans succès.

"Si le Liban s'effondrait ce serait une catastrophe pour les Libanais[…] pour les réfugiés palestiniens, syriens, et pour l'ensemble de la région. Il est encore temps d'agir, parce que demain il sera trop tard", a-t-il mis en garde.

Pression de la communauté internationale

Près de sept mois après l'explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et détruit des quartiers entiers de la capitale, le 4 août 2020, le Liban est toujours plongé dans la paralysie politique, alors que le pays sombre économiquement et est secoué de nombreuses manifestations et de troubles.

Le gouvernement a démissionné après l'explosion, mais il gère encore les affaires courantes. Saad Hariri, désigné Premier ministre fin octobre, n'a toujours pas formé son équipe, dans un pays habitué aux marchandages politiques interminables.

Le président français Emmanuel Macron, qui s'est rendu au Liban à deux reprises depuis l'explosion à Beyrouth, a tenté, sans succès jusqu'ici, d'arracher la formation d'un gouvernement prêt à engager des réformes structurelles pour sortir le Liban de l'ornière politique et sociale. La communauté internationale a préparé un plan d'aide soumis à certaines conditions, dont la mise en place d'un gouvernement.

Les États-Unis, qui depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche en janvier assurent être sur la même ligne que Paris dans le dossier du Liban, ont aussi exprimé jeudi leur "préoccupation" au sujet de "l'apparente inaction des dirigeants libanais face aux multiples crises en cours".

"Les Libanais méritent un gouvernement qui mette urgemment en œuvre les réformes nécessaires pour sauver l'économie du pays qui ne cesse de se dégrader", et qui "est en crise en raison de décennies de corruption et de mauvaise gouvernance", a déclaré à la presse à Washington le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.

"Les dirigeants politiques du Liban doivent mettre de côté leurs surenchères partisanes et changer d'attitude, ils doivent travailler pour l'intérêt général des Libanais", a-t-il ajouté.

Avec AFP