
Les grandes puissance ont approuvé la proposition de l'AIEA d'enrichir une partie de l'uranium iranien à l'étranger. Téhéran, qui a jusqu'à minuit pour se prononcer, attend de son côté une réponse à sa propre proposition.
AFP - L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) attendait vendredi toujours la réponse de Téhéran à son offre de faire enrichir à l'étranger les trois quarts de son uranium à usage civil, formellement approuvée par Moscou, Paris et Washington.
Alors que le délai fixé par l'AIEA expire théoriquement à minuit, la pression de la communauté internationale monte ainsi à l'égard de Téhéran: un accord entre l'Iran et les puissances nucléaires est considéré comme crucial pour apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien, purement civil selon le régime islamique, alors que les pays occidentaux le suspectent de viser la fabrication d'une bombe atomique.
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, s'est montré pessimiste quant à la réponse iranienne attendue: "Je ne sais pas quels seront les résultats obtenus aujourd'hui à Vienne. Les signes que nous avons reçus ce matin ne sont pas positifs. C'est bien dommage", a-t-il dit en marge d'une visite à Beyrouth.
A Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a été le premier dans la matinée à annoncer l'approbation de l'accord suivi par le gouvernement français. La Maison blanche à Washington a également donné un avis positif à la proposition présentée le 21 octobre par le directeur général de l'AIEA, l'Egyptien Mohamed ElBaradei, aux négociateurs des quatre pays à Vienne.
Téhéran, par le biais d'une source proche des négociateurs à Vienne, a critiqué ces annonces des accords des trois autres capitales au projet de l'AIEA.
Celui-ci visait à donner à la Russie la responsabilité de l'enrichissement à 19,75% de 1.200 kg d'uranium iranien hors des frontières de l'Iran que Téhéran devrait livrer d'ici la fin de l'année. La France interviendrait ensuite comme sous-traitant afin de produire le combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran qui dit vouloir y produire des isotopes servant au traitement de certains cancers.
Cela permettrait aussi de ménager l'hostilité de Téhéran à l'égard de la France.
La réponse de l'Iran était la seule à n'être pas encore parvenue au siège de l'AIEA à Vienne vendredi en milieu d'après-midi, alors que le délai fixé par l'agence onusienne pour accepter ou rejeter sa proposition d'accord expire théoriquement à minuit (22H00 GMT).
"L'Iran est le client qui achète le combustible nucléaire pour le réacteur de Téhéran et les vendeurs doivent donner la réponse positive à la proposition de l'acheteur et ne pas considérer leur propre point de vue comme une réponse positive", a souligné une source iranienne sous couvert de l'anonymat, citée sur le site internet d'une télévision iranienne.
"La République islamique a participé aux négociations de Vienne avec une approche positive et constructive et maintenant elle attend une réponse constructive et positive à la proposition iranienne", a-t-on ajouté de même source.
Les pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire controversé avaient repris le 1er octobre à Genève, après 15 mois sans contact direct, avec le groupe des Six (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie, Chine et Allemagne). C'est à cette occasion qu'avaient été décidées les discussion à quatre à Vienne sur la question l'enrichissement d'uranium iranien par des pays tiers.
A l'issue de deux jours et demi d'intenses négociations en début de semaine, l'Iran avait qualifié la Russie d'éventuel maître d'oeuvre de l'enrichissement d'uranium à des fins civiles.