À la une de la presse, mercredi 24 février, la condamnation à 15 ans de prison de l’un des accusés du meurtre de la journaliste d’investigation maltaise Daphne Caruana Galizia, des révélations sur la mort de plus de 6 500 travailleurs immigrés sur les chantiers du Qatar depuis l’attribution du Mondial-2022 à l’émirat, la cascade de mises en cause de personnalités de la culture et des médias dans des affaires d’agressions sexuelles en France, et le retour du débat franco-français sur l’écriture inclusive.
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À la une de la presse, la condamnation à 15 ans de prison, mardi, de l'un des accusés du meurtre de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia, tuée par une bombe il y a trois ans et demi.
D'après The Malta Independent, le tribunal aurait pris en compte le fait que Vincent Muscat, qui a finalement accepté de plaider coupable, avait collaboré avec la police. Celle-ci a d'ailleurs annoncé, mardi également, avoir arrêté trois hommes, soupçonnés d'avoir fourni la bombe qui a tué Daphne Caruana Galizia. Selon The Times of Malta, la famille de la journaliste, qui enquêtait sur la corruption au plus haut niveau de l'État maltais au moment de sa mort, a réagi en disant espérer que cette condamnation "ouvrirait la voie à une justice totale pour Daphne Caruana Galizia", c'est-à-dire au procès de ceux qu'elle soupçonne d'être les vrais commanditaires du meurtre. Inculpé de complicité samedi, l'homme d'affaires Yorgen Fenech met en cause, quant à lui, plusieurs responsables du gouvernement de l'époque, et notamment, Keith Schembri, l'ancien directeur de cabinet du Premier ministre Joseph Muscat, qui a démissionné l'année dernière.
À la une également, les révélations du Guardian, qui affirme que plus de 6 500 travailleurs immigrés sont morts au Qatar depuis l'attribution du Mondial de foot à l'émirat, il y a dix ans. D'après le quotidien britannique, qui dit avoir compilé des informations de sources gouvernementales indiennes, bangladaises, pakistanaises, sri-lankaises et népalaises. Ces données montrent qu'en moyenne, 12 travailleurs venus de ces pays ont perdu la vie chaque semaine, à cause de la chaleur, de chutes ou d'insuffisances cardiaques. Deux travailleurs morts chaque semaine depuis que le Qatar a décroché l'organisation du Mondial-2022 en décembre 2010 – un chiffre effarant, dont The Guardian estime pourtant qu'il est encore en-deçà de la réalité, puisque le journal dit ne pas eu avoir accès aux données des Philippines et du Kenya, qui envoient aussi d'importants contingents de travailleurs vers l'émirat. Un chiffre que le journal attribue au programme de construction sans précédent au Qatar – qui a fait construire sept nouveaux stades et a lancé des douzaines de projets gigantesques, incluant un nouvel aéroport, des routes, des systèmes de transport public, des hôtels et même une ville nouvelle pour accueillir la finale.
Ces révélations soulèvent une vague d'indignation. En France, So Foot relayait les révélations du Guardian en annonçant que "le Mondial-2022 se jouera sur un cimetière". Le magazine fustige à la fois le gouvernement qatari, qui a déclaré que "le taux de mortalité au sein de ces communautés se situe dans la fourchette prévue pour la taille et la démographie de la population", et la Fifa, qui a tenté de se défendre en évoquant "les mesures de santé et de sécurité très strictes" mises en place, selon elle, sur les chantiers. "Circulez, il n'y a rien à voir", ironise So Foot. "Lorsque les matchs débuteront en novembre 2022 au Qatar, certains célèbreront l'évènement le plus populaire de la planète, d'autres ressentiront du chagrin, face à la mort des ouvriers qui auront péri dans les chantiers, d'autres ressentiront de la colère et demanderont justice pour ces victimes, venues pour la plupart de pays pauvres d'Asie dans l'espoir d'assurer la survie de leurs familles", écrit le journal panarabe de Londres, Al Arab.
Le Qatar, dont la chaîne, Al Jazeera, a annoncé mardi son intention de lancer une plateforme numérique aux États-Unis, à destination des conservateurs. Selon Middle East Eye, cette plateforme, appelée "Rightly", qui signifie à la fois "de droite" et "correctement", sera dirigée par un ancien journaliste de la chaîne de télé américaine ultraconservatrice Fox News. Le site fait état des doutes exprimés, au sein-même d'Al Jazeera, sur le bien-fondé de l'entreprise, dont un reporter du groupe dit redouter qu'elle puisse "amplifier les points de vue racistes et toxiques" aux États-Unis, et "saper les efforts (d'Al Jazeera) de se présenter comme un média non-partisan".
En France, les accusations d'abus sexuels se sont multipliées, ces dernières semaines, contre plusieurs personnalités de la culture et des médias. Alors que la presse française a révélé que l'acteur Gérard Depardieu a été mis en examen en décembre dernier pour "viols" et "agressions sexuelles", la presse allemande, citée par Courrier International, note que "les gros titres sur l'inceste, la pédocriminalité et les viols dominent le quotidien des Français", qu'il "ne se passe pas un jour sans une nouvelle plainte, un nouveau scandale, de nouvelles indignations". Pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui cite les accusations visant l'artiste plasticien Claude Lévêque, l'acteur Richard Berry ou encore l'ancien présentateur télé Patrick Poivre d'Arvor, "quelque chose (aurait) changé, en France, depuis Dominique Strauss-Kahn", l'ex-futur candidat à la présidentielle de 2012, et le mouvement #MeToo, apparu en 2017.
On ne se quitte pas là-dessus. Parce qu'en France, ce qu'on aime par-dessus tout, c'est de débattre, et de débattre sur à peu près tout, je vous propose de jeter un cil au Figaro, qui fait état du regain de la polémique sur l'écriture inclusive – dont les défenseurs affirment qu'elle est un moyen de lutter contre la domination masculine sur l'orthographe. Un avis que ne partagent pas une soixantaine de députés de La République en marche et des Républicains, qui ont déposé mardi une proposition de loi, pour faire interdire l'écriture inclusive dans les documents administratifs. Une initiative que Le Figaro applaudit des deux mains : "L'écriture inclusive est une étrange technique qu'on dirait sortie de l'esprit enfumé d'un étudiant en codage informatique tombé amoureux d'une grammaire. Elle n'est ni gracieuse ni pratique. Et offense la musicalité de la langue de Ronsard et Musset". Le journal juge que "cette écriture ressemblerait à un canular de Boris Vian et de ses pataphysiciens si elle n'était redoutable (pour) ses effets dans l'enseignement de l'orthographe". Le journal recommande de faire plutôt confiance à "l'usage", qui aurait pour avantage de faire "évoluer la langue française avec douceur", sans bousculer "cette belle vieille dame à qui nous devons tant"…
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