Les États-Unis, l'Union européenne et le G7 ont adopté des sanctions pour condamner les violentes répressions du régime à l'encontre des manifestants, qui étaient toujours massivement mobilisés en Birmanie, mardi, contre le coup d'État.
La pression continuait de s'accentuer sur la junte birmane, mardi 23 février. Le G7, les États-Unis et l'Union européenne ont adopté des sanctions contre le recours à la force des généraux tandis que des manifestations massives se poursuivent depuis le coup d'État du 1er février.
Les généraux n'ont pas cessé d'intensifier le recours à la force afin d'affaiblir la mobilisation en faveur de la démocratie en Birmanie, où des centaines de milliers de personnes continuent de manifester.
Un mouvement de contestation qui s'est poursuivi mardi, même si à Rangoun, la principale ville et la capitale économique, il a été d'une ampleur moindre que les jours précédents.
"Nous continuerons à protester"
"Les militaires ont toujours gagné en faisant usage de leurs armes et je n'aime pas ça du tout", a lâché un des manifestants, Chan Mya, avant d'ajouter : "Nous détestons ça et nous continuerons à protester et à exprimer ce que nous ressentons de manière pacifique".
Jusqu'à présent, trois personnes ont été tuées pendant des manifestations et un homme qui patrouillait pour éviter des arrestations massives dans son quartier, à Rangoun, a été abattu.
"L'utilisation de balles réelles contre des personnes non armées est inacceptable", ont réagi, mardi, dans un communiqué les ministres des Affaires étrangères du G7, qui regroupe sept des plus grandes puissances de la planète (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, Canada, France, Japon, Italie), également signé par l'Union européenne.
"Quiconque répond à des manifestations pacifiques par la violence doit en être tenu pour responsable", ont-ils mis en garde, appelant les forces de sécurité birmanes à "faire preuve de la plus grande retenue".
"Nous ne faiblirons pas"
Dans la nuit de lundi à mardi, les États-Unis avaient annoncé des sanctions contre deux responsables supplémentaires de la junte, qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, le général Maung Maung Kyaw, à la tête de l'armée de l'air, et le général Moe Myint Tun.
Des mesures similaires avaient déjà été prises par Washington il y a dix jours, visant en particulier le chef des putschistes, le général Min Aung Hlaing.
"Nous ne faiblirons pas dans notre soutien au peuple birman", a prévenu le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.
Quelques heures auparavant, l'Union européenne avait décidé de s'attaquer aux intérêts économiques et financiers des militaires.
"Toute aide financière directe (...) aux programmes de réforme du gouvernement est suspendue", avait souligné le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.
"Les sanctions peuvent toujours frapper les gens sur place, ce que nous devrions éviter, mais des sanctions ciblées sont nécessaires parce que nous avons besoin d'une énorme pression contre le coup d'État", a de son côté dit à la chaîne de télévision France 24 l'émissaire des Nations unies pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener.
Elle rendra compte de la situation le 26 février, lors d'une réunion spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU consacrée à la Birmanie , réunissant les 193 membres.
Les sanctions interviennent après que l'armée birmane a eu recours aux balles en caoutchouc, au gaz lacrymogène, aux canons à eau et même parfois aux tirs à balles réelles contre les manifestants, tout en augmentant les effectifs des forces de sécurité à Rangoun et en y érigeant des barrages.
Coupures internet
De plus, des coupures nocturnes d'internet, ordonnées par la junte, font craindre que celle-ci n'en profite pour faire procéder à des arrestations massives d'opposants.
Jusqu'à présent, ce durcissement n'a toutefois pas dissuadé nombre de Birmans de manifester, parmi lesquels des fonctionnaires, des employés de banque, des soignants et des ouvriers des travaux publics qui se sont mis en grève par solidarité.
En dehors de Rangoun, cela a été le cas à Myitkyina : des contestataires ont traversé, mardi, cette cité du nord à moto en agitant le drapeau national et en faisant le salut à trois doigts, un symbole de résistance.
À Mandalay, la deuxième plus grande ville, une foule recueillie a participé aux funérailles de Thet Naing Win, un homme de 37 ans abattu le week-end dernier lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants.
"Le dictateur détrôné"
"Je demande à tous d'aider à faire en sorte que justice soit rendue à mon mari", a lancé sa veuve Thidar Hnin, ajoutant qu'elle souhaitait voir "le dictateur détrôné" car "le pays appartient à ses citoyens".
Les appels à cesser le travail ont par ailleurs fortement perturbé les activités du gouvernement et du secteur économique.
Le pouvoir avait pourtant brandi la menace de recourir à la force létale pour en finir avec "l'anarchie".
Depuis le putsch, plus de 680 personnes ont été arrêtées, inculpées ou condamnées, d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques, et presque toutes sont toujours derrière les barreaux.
C'est dans ce contexte de tensions extrêmes que les autorités malaisiennes ont annoncé, mardi, l'expulsion vers la Birmanie d'un millier de migrants en dépit d'un arrêt qui leur ordonnait de suspendre ce transfert.
Avec AFP