Deux personnes ont été tuées au Niger lors des troubles qui ont suivi l'annonce des résultats de la présidentielle donnant vainqueur le candidat du pouvoir Mohamed Bazoum, a annoncé, jeudi, le ministre de l'Intérieur, Alkache Alhada.
Les troubles qui ont suivi l'annonce des résultats de l'élection présidentielle au Niger ont fait deux morts, a annoncé, jeudi 25 février, le ministre de l'Intérieur nigérien Alkache Alhada.
"Le bilan est de deux morts", a déclaré le ministre à la presse, annonçant également 468 arrestations depuis mardi, "y compris certains hommes politiques" qu'il n'a pas nommés.
L'une des personnes décédées a été victime d'une crise d'épilepsie pendant une manifestation.
L'autre a été tuée par balle et était le garde du corps d'un candidat du premier tour du 27 décembre, Seïni Oumarou, qui avait appelé à voter au second tour de dimanche pour Mohamed Bazoum.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a proclamé, mardi, la victoire du candidat du pouvoir Mohamed Bazoum avec 55,7% des voix face à celui de l'opposition Mahamane Ousmane, qui a contesté ces résultats et s'est proclamé vainqueur avec 50,3%
"La compilation des résultats des PV en notre possession à travers nos délégués dans les différents bureaux de vote nous donnent gagnants avec 50,3 % des voix", a affirmé Mahamane Ousmane depuis son fief de Zinder, dans le sud-est du pays, dans un discours dont une vidéo a été reçue par l'AFP et authentifiée auprès de cadres de son parti.
L'accès au réseau internet était très réduit mercredi matin dans la capitale Niamey et à Zinder, deuxième ville du pays, sans qu'un lien direct avec la revendication de Mahamane Ousmane puisse être clairement établi.
À Agadez, dans la circonscription de Timia, "le taux de participation de 103 % a été rapporté avec un score de 99 % en faveur du candidat du pouvoir", a accusé le candidat de l'opposition dans son discours prononcé dans la nuit de mardi à mercredi depuis son fief de Zinder, selon son parti. "Dans ces zones, nos délégués ont été contraints sous la menace d'armes à feu à signer les PV, sans aucune possibilité de porter des observations", a-t-il affirmé.
Des heurts dans la capitale
Cette annonce a été suivie mercredi matin par des heurts dans la capitale, notamment dans le quartier central du grand-marché où au moins une station essence Total a été vandalisée.
Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre – les premiers jetant des pavés contre les seconds répondant par des gaz lacrymogènes – ont également été constatés par des journalistes de l'AFP.
La veille, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) avait donné vainqueur, avec 55,75 % des voix, Mohamed Bazoum, dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, selon des résultats provisoires qui doivent être confirmés par la Cour constitutionnelle.
Un "hold-up électoral", selon l'opposition
Avant cette annonce, l'opposition avait déjà dénoncé un "hold-up électoral" et demandé la suspension de l'annonce des résultats. Des heurts sporadiques avaient alors eu lieu à Niamey, des jeunes marchant dans les rues du centre-ville en jetant des pierres vers les forces de l'ordre.
Aux abords du siège du parti au pouvoir où Bazoum a fait une déclaration en saluant le score d'Ousmane et en souhaitant "que nous regardions dans la même direction", des gaz lacrymogènes avaient été tirés contre des manifestants tentant de s'en approcher.
La nuit a ensuite été agitée dans la capitale et à Dosso, à 100 km au sud de Niamey, où des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu. À Niamey, au moins un commissariat et des boutiques de présumés proches du pouvoir ont été saccagés par des manifestants.
À Dosso, le siège d'un parti allié au pouvoir qui avait appelé durant l'entre-deux tours à voter pour Bazoum, a été partiellement incendié durant la nuit, selon des habitants. À Zinder, aucune manifestation n'a été rapportée durant la nuit, mais un important dispositif de police était déployé en ville depuis mardi soir, selon un journaliste local.
La vraie réussite du scrutin dans ce pays sahélo-saharien à l'histoire marquée par les putschs et déjà confronté à de multiples défis, dont celui des attaques jihadistes, réside dans l'acceptation des résultats par toutes les parties une fois les résultats annoncés, selon de nombreux observateurs.
Entre les deux tours, l'opposition avait déclaré qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraudes. Elle avait déjà dénoncé des irrégularités lors du premier tour, mais avait été déboutée par la justice.
Si elle avait refusé de participer à la Céni au premier tour, elle l'avait finalement rejointe pour le second. "Si l'opposition a des doutes, elle doit pouvoir disposer d'éléments de preuves" à transmettre à la Cour constitutionnelle, a relevé Mohamed Bazoum mardi soir à la presse.
Avec AFP