Opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny risque mardi plus de deux ans de détention pour la violation d'un contrôle judiciaire dans une affaire qui l'opposait en 2014 à Yves Rocher. De son côté, le Kremlin a dit espérer que l'Union européenne ne fera pas la "bêtise" de conditionner l'avenir de sa relation avec la Russie au sort de l'opposant incarcéré.
L'opposant russe Alexeï Navalny comparaît, mardi 2 février, pour avoir violé son contrôle judiciaire dans une affaire remontant à 2014, une audience qui pourrait le conduire derrière les barreaux pour plusieurs années malgré la détermination de ses partisans.
Deux jours après des manifestations dans toute la Russie qui se sont soldées par un nombre record d'arrestations, ceux-ci ont de nouveau appelé à se réunir mardi devant le tribunal moscovite, qui décidera à partir de 10H00 (07H00 GMT) du sort de l'opposant.
Quelques minutes avant le début de cette audience, des journalistes de l'AFP ont vu la police arrêter plusieurs personnes alors que l'équipe de Navalny avait appelé à manifester devant le tribunal. L'ONG spécialisée OVD-Info a indiqué qu'au moins 24 personnes avaient été arrêtées.
Tous les signaux pour une incarcération d'Alexeï Navalny sont au vert : lundi, le Parquet a dégainé à son tour en estimant "légale et justifiée" la demande des services pénitentiaires (FSIN), qui réclament son incarcération.
Militant anticorruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny a été emprisonné dès son retour en Russie le 17 janvier, après une convalescence de plusieurs mois en Allemagne pour un empoisonnement dont il accuse le président Vladimir Poutine.
Motif de l'arrestation: la violation, selon les autorités, des conditions d'une peine de prison de trois ans et demi avec sursis qui pourrait donc être transformée en sentence ferme.
Alexeï Navalny ayant déjà effectué une partie de la peine assigné à résidence, il risque aux alentours de deux ans et demi de détention.
Une "bêtise", si l'UE conditionne ses relations avec la Russie à Navalny
De son côté, le Kremlin a dit espérer que l'Union européenne ne fera pas la "bêtise" de conditionner l'avenir de sa relation avec la Russie au sort de l'opposant incarcéré.
"Nous espérons que personne ne fera la bêtise de lier la perspective des relations Russie-UE (au sort) d'un résident d'un centre de détention", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à quelques jours d'une visite du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et alors que l'UE a dénoncé la répression visant l'opposant et ses partisans.
"Si (le diplomate européen) est le porteur d'un message dur, notre ministre (Sergueï Lavrov) lui répondra tout aussi durement", a-t-il dit.
Alors que Josep Borell a réclamé de voir Alexeï Navalny, Dmitri Peskov a indiqué que cette question relève "des enquêteurs, des juges", mais qu'étant "ni un membre de la famille, ni un proche, sur quelle base une telle visite pourrait-elle avoir lieu ?".
Plusieurs pays européens ont évoqué la possibilité de nouvelles sanctions contre Moscou, en particulier après la répression brutale deux week-ends de suite de manifestations de soutien à l'opposant âgé de 44 ans.
Ce dernier est en outre la cible de multiples procédures judiciaires. Vendredi, il doit par exemple comparaître pour "diffamation" envers un ancien combattant après avoir critiqué une campagne de publicité pro-Kremlin dans laquelle il apparaissait. Il risque des sanctions pouvant aller d'une amende à cinq ans d'emprisonnement.
Il est aussi mis en cause dans une enquête pour escroquerie, crime passible de dix ans de détention, pour avoir, selon les autorités, détourné des dons adressés à son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK).
Avec AFP