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En Russie, arrestations massives lors des manifestations pro-Navalny

Les partisans de l'opposant Alexeï Navalny ont de nouveau manifesté dimanche dans plusieurs villes de Russie pour réclamer la libération de l'opposant, emprisonné depuis son retour dans le pays, le 17 janvier. La police a procédé à plus de 5 000 interpellations. 

Malgré la pression des autorités russes, les partisans d'Alexeï Navalny ont de nouveau manifesté dimanche 31 janvier pour réclamer la libération d'Alexeï Navalny.

D'après l'organisation OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations, au moins 5 289 personnes ont été interpellées dans 88 villes, mais principalement à Moscou (1 712 interpellations) et Saint-Pétersbourg (1 164 interpellations). Un chiffre record "dans l'histoire de la Russie moderne", note-t-elle.

Dans la capitale russe, les partisans de l'opposant ont commencé à se rassembler à midi (10h, heure française) devant le siège des services de sécurités russes (FSB), place Loubianka dans le centre de la ville, où les autorités, qui considèrent ces rassemblements comme illégaux, ont limité l'accès à plusieurs rues et fermé sept stations de métro.

J'allais oublier l'essentiel, plus de 4000 arrestations comptabilisées ce soir, c'est énorme, on dépassera certainement les 5000 arrestations lorsque le décompte sera terminé, plus tard dans la semaine. Les commissariats de Moscou sont encore pleins de la semaine dernière..

— Paul Gogo (@Paugog) January 31, 2021

Les groupes de manifestants se sont dirigés vers le centre de détention où est enfermé Alexeï Navalny, mais sans y parvenir pour la plupart, avant de rejoindre à nouveau le centre-ville.

En Extrême-Orient et en Sibérie, des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes, notamment à Omsk, Vladivostok, Khabarovsk, Novossibirsk et Tomsk.

A Vladivostok, les anti émeutes sur l’Amour https://t.co/PYgpzcgp5k

— Paul Gogo (@Paugog) January 31, 2021

"Il y a peu de gens cette fois, car la police et les forces anti-émeutes avaient bloqué à l'avance la place", a indiqué à Vladivostok un manifestant de 25 ans, Andreï, qui participait à l'événement de Vladivostok. "Mais comme vous le voyez, personne n'a peur."

Le correspondant de France 24 en Russie, Paul Gogo, a été témoin d'arrestations à la station de métro Sukhaevskaia, à Moscou.

Arrestations à Sukhaevskaia pic.twitter.com/Glxtb9IuQf

— Paul Gogo (@Paugog) January 31, 2021

Les États-Unis n'ont pas manqué de critiquer les interpellations massives suscitant l'agacement de Moscou. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken regretté les "tactiques brutales" de la police contre des "manifestants pacifiques". "L'ingérence grossière des États-Unis dans les affaires intérieures de la Russie est un fait avéré, tout comme la promotion des fausses informations et les appels à participer à des actions illégales de la part de plateformes internet contrôlées par Washington", a déclaré sur Facebook le ministère russe des Affaires étrangères.

Dans un tweet, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a, de son côté, "déploré les interpellations massives" et "l'usage disproportionné de la force" contre les manifestants et les journalistes. 

I deplore widespread detentions and disproportionate use of force against protesters and journalists in #Russia again today. People must be able to exercise their right to demonstrate without fear of repression. Russia needs to comply with its international commitments.

— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) January 31, 2021

Deuxième journée de mobilisation

Ces rassemblements font suite à une première journée de manifestations samedi dernier, qui a réuni des dizaines de milliers de Russes dans tout le pays et qui s'était soldée par plus de 4 000 interpellations et l'ouverture d'une vingtaine d'affaires pénales.

Ils se déroulent avec pour toile de fond la comparution d'Alexeï Navalny devant des juges, prévue la semaine prochaine. L'opposant est visé par une multitude de procédures judiciaires depuis son retour en Russie le 17 janvier, qu'il considère comme politiquement motivées.

Selon son avocate, l'opposant risque notamment "environ deux ans et demi" de prison ferme pour la violation des conditions d'une condamnation à trois ans et demi de prison avec sursis, qu'il s'était vu infliger en 2014.

La plupart de ses proches alliés, dont son frère Oleg et la figure montante de l'opposition, la militante Lioubov Sobol, ont été assignés à résidence vendredi par la justice russe, deux jours après une série de perquisitions ayant notamment visé le domicile de sa femme Ioulia et les locaux de son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption.

"N'ayez pas peur"

Malgré les pressions, Alexeï Navalny a appelé jeudi une nouvelle fois les Russes à descendre dans la rue. "N'ayez pas peur", a-t-il écrit dans une lettre publiée sur son blog. "La majorité est de notre côté. Allons la réveiller".

Les protestations sont aussi alimentées par la diffusion d'une enquête de l'opposant accusant le président Vladimir Poutine de bénéficier d'un immense et opulent "palais" à plus d'un milliard d'euros sur les rives de la mer Noire, vue plus de 100 millions de fois sur YouTube.

Vladimir Poutine a démenti des accusations destinées à "laver le cerveau" des Russes, tandis que la télévision publique russe a diffusé des images montrant la résidence encore en travaux, loin du luxe décrit par l'opposant. Le milliardaire Arkadi Rotenberg, un proche de Vladimir Poutine qui était son ancien partenaire de judo et qui se trouve sous sanctions occidentales, a affirmé être le véritable propriétaire de la résidence et assuré qu'il était en train d'y construire un hôtel.

Avec AFP