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Le chef de la junte Moussa Dadis Camara campe sur ses positions

Le chef de la junte guinéenne, le capitaine Moussa Dadis Camara, refuse de répondre aux exigences de la communauté internationale. Malgré les sanctions prononcées à son encontre.

Bien qu’aucun journaliste indépendant ne puisse en témoigner, la tension semble s'accroître en Guinée. Le chef de la junte au pouvoir, le capitaine Moussa Dadis Camara, campe toujours sur ses positions. En dépit des sanctions internationales prononcées à son encontre, l'homme fort de Conakry ne s'est toujours pas engagé à renoncer à ses ambitions présidentielles.

La plupart des journalistes internationaux sont désormais interdits de séjour en Guinée. Six journalistes français des chaînes de télévision France 2 et France 24 ont été refoulés, samedi, à l'aéroport de Conakry. Quant aux journalistes guinéens, ils sont plusieurs à avoir été "accusés" par des militaires de "donner des informations aux étrangers". Ils auraient également reçu des menaces de mort par téléphone, selon Reporters sans frontières (RSF).

"Les militaires chargés des contrôles de police nous ont réclamé une lettre d'invitation, sans laquelle nous ne pouvions entrer dans le pays, explique Willy Bracciano, journaliste reporter d’images pour France 24. Nous avons compris que nous n'étions pas les bienvenus […] Sans agressivité, ils nous ont reconduits vers l'avion par lequel nous étions arrivés, accompagnés par une dizaine de militaires s'assurant que nos bagages et nous-mêmes quittions bien le territoire."

Dadis Camara joue la montre

Samedi à minuit, l'ultimatum de l'Union africaine (UA) a expiré sans que la junte au pouvoir ne se plie à sa requête. L’organisation continentale avait demandé au capitaine Moussa Dadis Camara de s'engager par écrit à ne pas se présenter à la présidentielle de janvier. Pour gagner du temps, ce dernier a botté en touche en réclamant une médiation sur la question de sa candidature.

"Il ne refuse pas [de signer un engagement écrit] mais demande que la question soit examinée par le médiateur", a indiqué, dimanche, à l'AFP le ministre guinéen des Affaires étrangères, Alexandre Cécé Loua.

Face à l’enlisement, les sanctions et menaces internationales se multiplient. Dimanche, le diplomate Hailé Menkerios, mandaté par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est arrivé dans la capitale guinéenne afin d’enquêter sur la répression sanglante du 28 septembre.

"Le Premier ministre m'a assuré que le gouvernement soutenait cette enquête et était prête à coopérer", explique Hailé Menkerios après s'être entretenu, dès son arrivée, avec Moussa Dadis Camara et le chef du gouvernement Kabine Komara.

La junte affirme que 56 civils ont été tués et 934 personnes blessées dans ces affrontement, tandis que l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme estime que plus de 157 personnes ont été tuées et 1 200 blessées, dont de nombreuses femmes violées en public. L'ONU évoque pour sa part un bilan de "plus de 150 morts".

L'UA maintient la pression

Dimanche également, la Commission de l'UA a déclaré vouloir maintenir la pression pour faire partir la junte, et s'est dit satisfaite des décisions prises samedi par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao). Réunie samedi à Abuja, au Nigeria, la Cédéao, qui a accusé Moussa Dadis Camara et ses hommes d'"atteintes flagrantes aux droits de l'Homme", a décrété un embargo sur les armes à destination de la Guinée et de sanctions individuelles ciblées.

Face aux tensions que traverse actuellement la Guinée, la France a recommandé, vendredi, à ses ressortissants de quitter le pays. "Tout est possible en Guinée, puisqu'on ne sait plus très bien qui peut assurer la sécurité des civils", avait déclaré le même jour le secrétaire d'Etat à la Coopération, Alain Joyandet, sur France 24, précisant que Paris suivait "heure par heure" l'évolution de la situation à Conakry.