Pour l'heure, le gouvernement français n'envisage pas de troisième confinement. Pourtant, la diffusion du nouveau variant du Covid-19 sur le territoire inquiète l'exécutif, qui craint aussi les effets des fêtes de fin d'année sur la circulation du virus.
Alors que la campagne vaccinale se renforce en France, faut-il craindre un reconfinement ? Les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 demeurant élevés, le gouvernement risque encore d'être placé face à des choix difficiles.
L'exécutif a repoussé la réouverture des bars, restaurants, lieux culturels. Dans l'est et le sud-est du pays, il a aussi avancé dimanche le couvre-feu à 18 heures pour huit nouveaux départements : le Cher, l’Allier, la Côte-d’Or, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, ainsi que le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et les Bouches-du-Rhône. À partir de mardi, cette mesure s'étendra au Var et à la Drôme, portant au total à 25 le nombre de départements concernés.
Si un conseil de défense sanitaire est prévu mercredi et une nouvelle conférence de presse gouvernementale jeudi, "à ce stade, il n'y a pas de reconfinement prévu", a pourtant expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, lundi sur Europe 1. "Mais évidemment nous suivons la situation avec beaucoup d'attention […] et évidemment on continuera à prendre les mesures nécessaires, notamment dans certaines villes", a-t-il poursuivi.
Interrogé sur l'hypothèse d'un reconfinement, le ministre de la Santé, Olivier Véran a estimé dimanche que des "mesures supplémentaires" seraint imposées "si nous constatons que le virus reprenait une course folle sous la forme d’une vague". "Ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle, a-t-il précisé.
Le ministre n'envisage pas non plus "à ce stade" de fermer les écoles, en prolongeant, par exemple, les vacances de février. Un report des premières épreuves du bac, en mars, a également été rejeté pour l'heure, a assuré dimanche le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
Le gouvernement se prépare à "toutes les hypothèses", mais veut "éviter jusqu'au bout un confinement des écoles", a confié l'un des participants à une réunion lundi du comité de liaison parlementaire, où le Premier ministre Jean Castex a fait le point avec les chefs de groupes à l'Assemblée et au Sénat.
À cette occasion, le gouvernement a annoncé qu'un projet de loi prolongeant l'état d'urgence sanitaire serait présenté mercredi au Conseil des ministres, pour être débattu les 18 et 25 janvier au Parlement.
Des probables retombées des fêtes de fin d'année
La circulation du virus est en effet repartie à la hausse en décembre et les fêtes de fin d'année font craindre un rebond plus net en janvier. Santé publique France a comptabilisé 96 743 cas positifs la semaine du 28 décembre, "en nette augmentation".
En outre, 28 830 personnes testées le 4 janvier, jour de la rentrée, se sont avérées positives, au plus haut depuis la mi-novembre, selon les données consolidées de la plateforme Geodes.
Dans les hôpitaux, la charge reste élevée, avec environ 24 526 malades atteints du Covid hospitalisés dimanche, dont 2 620 en réanimation, un niveau qui n'a pas sensiblement baissé depuis près d'un mois. La semaine dernière, le nombre de décès quotidiens a oscillé entre 150 à 380, portant le bilan total à 67 750 morts depuis le début de l'épidémie.
Autre inquiétude : à quel point le variant "VOC 202012/01", qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni, s'est-il installé en France ? Pour essayer d'y répondre, et face à l'apparition de premiers clusters potentiels, une enquête nationale a été lancée, sous l'égide de Santé publique France, pour faire une "première cartographie" de ce variant, en analysant tous les tests positifs de jeudi et vendredi derniers.
Pour l'heure, une quarantaine de cas de contamination par le variant britannique ont été détectés en France. C'est le cas par exemple à Marseille, où le nouveau maire PS Benoît Payan a estimé que la situation virale était "inquiétante" après la découverte d'un cluster d'au moins huit cas liés au variant anglais du coronavirus.
Parmi eux, six relèvent de cette mutation "à 100 %", et les deux derniers, dont les résultats n'étaient "pas totalement clairs", vont être de nouveau testés, a annoncé l'ARS [Agence régionale de santé] lundi.
Les résultats des nouveaux séquençages devraient être connus mardi, selon une déclaration de la porte-parole de l'ARS Paca à l'AFP.
La première adjointe au maire, Michèle Rubirola, a, quant à elle, évoqué lundi la possibilité d'un reconfinement de la ville, déjà soumise à un couvre-feu avancé. Une mesure jusqu'à maintenant écartée par la municipalité et la préfecture.
Un test positif à ce variant britannique a par ailleurs été confirmé dans les Hautes-Alpes, a annoncé dimanche l’agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
Face à cette nouvelle menace, "nous mettons tout en œuvre pour empêcher la diffusion de ce variant", a assuré Olivier Véran, dimanche. "Je ne veux pas que nous vivions" la même situation "catastrophique" qu’en Angleterre et en Écosse, qui ont dû se reconfiner, a-t-il toutefois précisé.
L'arrivée de ce virus mutant inquiète également les médecins, qui prévoient déjà un troisième confinement. "En milieu de semaine on saura quelle est la taille de l'ennemi et là il faudra prendre les mesures appropriées", a expliqué lundi sur RMC/BFM-TV, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, qui guide les choix du gouvernement. Il a évoqué une "menace très sérieuse" et a invité à "se poser la question de la fermeture des frontières" avec certains pays comme le Royaume-Uni.
"Il est à craindre que l'aggravation de l'actuelle vague impose mi-janvier un nouveau confinement, du fait, de nouveau, des graves pressions sur le système de santé", ont par ailleurs alerté dans une tribune au Monde plusieurs médecins, dont l'infectiologue Gilles Pialoux et l'association PandemIA. "Le confinement strict et précoce est la meilleure arme contre la propagation virale, même s’il est de plus en plus mal vécu par la population", ajoutent-ils.
Une stratégie vaccinale renforcée pour 2021
Mais "seule la vaccination nous permettra d'éviter de perdre des vies que nous pourrions épargner", a insisté lundi la Société française de gériatrie et gérontologie, en appelant à "lever les verrous opérationnels à la vaccination".
Après de vives critiques sur la lenteur du démarrage de la campagne, le pays devait dépasser ce week-end les 100 000 personnes ayant reçu le vaccin de l'alliance Pfizer/BioNTech, parmi les résidents des Ehpad et les professionnels de santé, selon Olivier Véran.
Au million de doses déjà reçues du vaccin Pfizer/BioNtech, plus de 50 000 doses du vaccin Moderna, qui vient d'être autorisé en Europe, devaient en outre être livrées lundi pour être acheminées dans le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes et en Paca afin d'être utilisées dans la semaine, a annoncé le ministère.
La campagne vaccinale devrait s'accélérer cette semaine et la suivante dans les maisons de retraite (Ehpad), où sont concernées environ 1 million de personnes âgées et de soignants à risque.
Le gouvernement, qui attend à ce stade 500 000 doses hebdomadaires du vaccin Pfizer, et à terme 500 000 doses par mois du Moderna, a changé de stratégie et ouvert la vaccination à tous les professionnels de santé de plus de 50 ans ou fragiles, ainsi qu'aux plus de 75 ans ne résidant pas en Ehpad, et ce dès le 18 janvier.
Avec AFP