Le nombre de personnes contaminées par le Covid-19 à Wuhan, berceau de la pandémie, serait 10 fois supérieur au bilan officiel annoncé jusqu'ici par Pékin, selon une étude des autorités chinoises.
Jusqu'à présent, le bilan officiel des contaminations par le Covid-19 à Wuhan, berceau de la pandémie, s'établissait à 50 000 personnes. Mais une étude des autorités chinoises vient de remettre en question ce chiffre.
Selon des tests sérologiques effectués en avril après le pic de l'épidémie, 4,43 % des habitants de Wuhan étaient porteurs d'anticorps, affirme dans son étude le Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies. En clair, l'organisme de ces personnes avait réagi à la présence du virus.
Rapporté aux 11 millions d'habitants de la ville, ce pourcentage de 4,43 % signifierait qu'environ 480 000 personnes ont été contaminées : c'est presque dix fois plus que le bilan officiel de 50 000 contaminations.
Une sous-estimation des cas?
La différence est peut-être liée à "une sous-estimation des cas lors du chaos de fin janvier et début février, quand beaucoup de gens n'étaient pas testés ou que les tests n'étaient pas fiables", a déclaré Huang Yanzhong, spécialiste de santé publique au Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain.
Le nouveau coronavirus était apparu à la fin de l'an dernier dans la ville du centre de la Chine, placée en quarantaine pour 76 jours à compter du 23 janvier 2020. Wuhan est de très loin la ville la plus touchée de Chine par le virus, qui a fait 4 634 morts dans tout le pays selon le bilan officiel, dont près de 4 000 dans la cité des bords du Yangtsé.
Le total national des contaminations était tout juste supérieur à 87 000, selon le dernier bilan officiel publié mercredi. Le dernier décès a été signalé en Chine à la mi-mai, alors que le virus s'était déjà répandu dans le monde entier, contaminant plus de 81 millions de personnes, dont 1,79 million mortellement.
Un confinement plus strict
Mais la Chine n'inclut pas les personnes asymptomatiques dans ses bilans, ce qui explique aussi une partie de l'écart entre le décompte officiel et le nombre de personnes porteuses d'anticorps.
Qin Ying, une experte en sérologie au Centre chinois de contrôle des maladies a expliqué que ces écarts n'étaient pas spécifiques au pays asiatique. "Plusieurs pays ont déjà publié des études sérologiques similaires et dans la plupart des cas les porteurs d'anticorps étaient plusieurs fois plus nombreux que le bilan confirmé", a-t-elle assuré.
Au total, 34 000 personnes ont été testées dans le cadre de l'étude publiée lundi. Selon ses résultats, le taux de contamination culminait en avril à 0,44 % dans le reste de la province du Hubei, dont Wuhan est le chef-lieu. L'ensemble de la province a fait l'objet d'une quarantaine jusqu'à la fin mars, Wuhan jusqu'à début avril.
Dans six autres provinces et métropoles du pays, des tests menés auprès de 12 000 personnes n'ont révélé que deux cas de contamination.
Ces chiffres confirment que l'épidémie a été largement cantonnée à la ville de Wuhan, alors que le pouvoir chinois a pratiquement paralysé l'économie de l'ensemble du pays pendant plusieurs semaines afin d'enrayer la contagion.
A titre de comparaison, le taux de prévalence du virus atteignait 23 % en septembre dernier à New York, l'une des villes les plus touchées des Etats-Unis.
Vers un nouveau confinement?
Paradoxalement, son combat réussi contre le virus signifie que la Chine va devoir davantage compter sur les vaccins pour que sa population atteigne l'immunité collective, selon Huang Yanzhong. "Il est probable que quand les pays occidentaux retourneront à la normale à l'automne prochain, la Chine doive s'isoler encore du monde extérieur", prévoit-il.
La Chine a été critiquée pour sa gestion des débuts de l'épidémie. En décembre 2019, des médecins de Wuhan qui avaient fait état d'une réplique du Sars ont été convoqués par la police qui les a accusés de propager de fausses rumeurs.
Une "journaliste citoyenne", Zhang Zhan, qui avait couvert la quarantaine à Wuhan, a été condamnée, lundi 28 décembre, à quatre ans de prison pour "provocation aux troubles".
Avec AFP