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L'ancien espion Pollard accueilli en héros en Israël après 30 ans de détention aux États-Unis

Jonathan Pollard, un Américain emprisonné aux États-Unis en 1985 pour espionnage pour le compte de l'État hébreu, a atterri mercredi en Israël, où il a été accueilli par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Vous êtes chez vous", a lancé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jonathan Pollard et sa femme, arrivés mercredi 30 décembre en Israël. Cet Américain emprisonné aux États-Unis en 1985 pour espionnage pour le compte de l'État hébreu, a été accueilli par le Premier ministre israélien après avoir purgé 30 ans de prison pour avoir livré des documents des États-Unis classés secret-défense. 

Jonathan Pollard, ancien analyste de la marine américaine aujourd'hui âgé de 66 ans, a été libéré en novembre 2015 avec l'obligation de porter un bracelet électronique et de respecter un couvre-feu et, surtout, l'interdiction de quitter le territoire américain pendant cinq ans malgré les pressions israéliennes pour qu'il puisse partir. Le ministère américain de la Justice a finalement levé en novembre les conditions imposées. 

Welcome home! ????????

Jonathan Pollard, has landed in Israel together with his wife Esther. Pollard kissed the ground as soon as his foot touched the Holy Land. pic.twitter.com/0A4wK9BZX9

— Hananya Naftali (@HananyaNaftali) December 30, 2020

Héros en Israel 

Une vidéo diffusée mercredi matin par le bureau du Premier ministre israélien montre Jonathan Pollard et son épouse Esther descendant la passerelle d'un avion en direction de Benjamin Netanyahu, qui lève la main en guise de salut. 

Jonathan Pollard a ensuite retiré son masque de protection anticoronavirus puis s'est agenouillé pour embrasser le sol, sa femme faisant de même. Les deux hommes ont échangé quelques mots, après quoi le Premier ministre lui a remis une carte d'identité israélienne. 

Celui qui est considéré comme un héros en Israël explique que sa femme et lui sont "ravis d'être enfin à la maison après 35 ans et nous remercions la population et le Premier ministre d'Israël de nous avoir ramenés chez nous". 

"Nous espérons devenir des citoyens productifs aussi rapidement que possible et de poursuivre nos vies ici", a-t-il ajouté.  

Partage de secrets

Israël a débuté dimanche son troisième confinement à cause de la pandémie de Covid-19, qui impose notamment aux nouveaux arrivants dans le pays une quarantaine d'au moins dix jours. Il n'y a pas d'indication à ce stade si le couple Pollard a été exempté ou non de cette obligation. 

Plusieurs grands quotidiens israéliens, dont Haaretz et The Jerusalem Post, avaient rapporté plus tôt que le couple avait débarqué en Israël mercredi. Le reportage du journal Israel Hayom incluait une photo de Jonathan Pollard et de son épouse à bord d'un avion, portant des masques. 

Benjamin Netanyahu avait salué le 21 novembre "la levée des restrictions concernant Jonathan Pollard" et souhaité qu'il arrive "en Israël bientôt". Selon le communiqué israélien, il s'était "engagé à obtenir la libération depuis plusieurs années" et avait travaillé "sans relâche" pour le ramener en Israël. 

Des milliers de documents américains communiqués 

Au milieu des années 1980, Pollard, juif américain, avait pris contact avec un colonel israélien à New York et avait commencé à partager des secrets des États-Unis avec l'État hébreu, en échange de dizaines de milliers de dollars. Au total, il avait communiqué des milliers de documents américains. 

Il a été arrêté en 1985 et condamné deux ans plus tard à la prison à vie, après avoir plaidé coupable. 

Son dossier a longtemps constitué une épine dans les relations entre Washington et Israël. De hauts responsables du Pentagone ou de l'agence de renseignement CIA n'ont jamais pardonné à l'espion la masse d'informations classées secret-défense livrées contre de l'argent, et en pleine Guerre froide, à Israël, allié stratégique des États-Unis.  

Selon des documents de la CIA déclassifiés en 2012, Jonathan Pollard aurait aidé Israël à bombarder en 1985 le quartier général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) alors exilée en Tunisie, une attaque qui a fait une soixantaine de morts, et à assassiner le numéro deux de l'OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988. 

Avec AFP