
La Commission afghane des plaintes électorales se réunissait, ce samedi, pour ajuster les scores du premier tour de l'élection présidentielle. L'invalidation de quelque 250 000 bulletins pourrait entraîner la tenue d'un second tour.
REUTERS - Kaboul était suspendu samedi à l'annonce imminente par la Commission afghane des plaintes électorales des résultats de son enquête sur les fraudes commises le 20 août, au premier tour de l'élection présidentielle.
De son verdict dépendent l'élection dès le premier tour du président sortant Hamid Karzaï ou l'organisation d'un second tour qui l'opposerait à l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah.
Cette seconde hypothèse, basée sur l'invalidation d'un nombre suffisant de suffrages pour faire tomber le score de Karzaï sous la barre de 50%, est jugée de plus en plus plausible.
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Plusieurs personnalités étrangères, notamment le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner et le sénateur américain John Kerry sont venus à Kaboul dans l'attente de l'avis de la Commission et l'ambassade des Etats-Unis a fait savoir que Zalmay Khalilzad, ancien ambassadeur américain en Afghanistan, se trouvait en visite privée dans la capitale afghane.
Hamid Karzaï s'est de son côté entretenu par téléphone avec la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, le Premier ministre britannique Gordon Brown et le président pakistanais Asif Ali Zardari, a fait savoir la présidence afghane.
On ignore si l'un ou l'autre des visiteurs devait rencontrer Hamid Karzaï ou Abdullah Abdullah, alors que le bruit court que les deux hommes pourraient tenter de parvenir à un compromis afin d'éviter un second tour.
Préparatifs en cours
La Commission des plaintes électorales s'est penchée sur plusieurs catégories de recours et de fraudes présumées, mais seule une partie de ses recommandations devraient être rendues publiques samedi, ont indiqué des responsables.
Ses membres devaient tenir toute la journée des réunions à huis clos avec des responsables de la Commission électorale indépendante. Une fois approuvées les conclusions de la Commission des plaintes, la Commission électorale ajustera les
scores et proclamera les résultats définitifs.
Un éventuel second tour opposant Karzaï à Abdullah devrait être organisé dans un délai de deux semaines. Les problèmes de sécurité dus à l'insurrection et le début du dur hiver afghan, qui rend de nombreuses routes impraticables, pourraient rendre
très difficile l'organisation d'un nouveau scrutin.
Aleem Siddique, porte-parole de la mission de l'Onu, qui a désigné trois des cinq membres de la Commission des plaintes, a déclaré que des préparatifs étaient en cours en vue d'un possible second tour, avec notamment des mesures pour éviter de
nouvelles fraudes.
Des résultats préliminaires créditent Hamid Karzaï de 54,6% des suffrages. Pour que ce score passe sous la barre de 50%, il faudrait que plus de 250.000 bulletins soient annulés.
Hillary Clinton a déclaré dans une interview à CNN qu'elle jugeait "probable" un second tour et qu'il serait vraisembablement remporté par Karzaï.
Le ministère français des Affaires étrangères a pour sa part fait savoir que Bernard Kouchner "délivrera un message de confiance dans l'esprit de responsabilité des deux candidats vis-à-vis de ces résultats", quelle qu'en soit la nature.