L'attaque meurtrière survenue mercredi dans l'ouest de l'Éthiopie a fait plus de 200 morts, a indiqué la Commission éthiopienne des droits de l'Homme (EHRC), qui faisait auparavant état de 100 victimes.
Le bilan de l'attaque menée dans l'ouest de l'Éthiopie par des hommes armés est monté à 207 morts, selon un communiqué, consulté samedi 26 décembre par l'AFP, de la Commission éthiopienne des droits de l'Homme (EHRC), qui faisait auparavant état de 100 victimes.
Cet organisme indépendant, rattaché au gouvernement, avait annoncé que des résidents de Metekel, une zone de la région du Benishangul-Gumuz, avaient été attaqués par balles mercredi avant l'aube, dans leur sommeil.
Cette attaque est la dernière en date d'une série meurtrière ces derniers mois dans cette zone, où vivent notamment des habitants des ethnies oromo, amhara - les deux plus nombreuses du pays - et shinasha. Selon des dirigeants locaux, ces attaques sont menées par des membres de l'ethnie gumuz et motivées par des facteurs ethniques.
Appel pour l'envoi d'une aide humanitaire
"(La Commission) continue de suivre avec les autorités compétentes la situation au Benishangul-Gumuz et confirme que le bilan de l'attaque qui a eu lieu (...) aux premières heures du 23 décembre 2020 est monté à 207 (morts)", indique ce texte publié vendredi soir. Ce bilan avait été évoqué ce jour-là par des autorités locales qui organisaient des funérailles.
"L'effort continue pour identifier les victimes avec l'aide des survivants et des cartes d'identité", ajoute la Commission, précisant que les victimes, en majorité des hommes (133 tués), comptent aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées.
L'EHRC réitère son appel à l'envoi "en urgence d'aide humanitaire" et s'inquiète du nombre de déplacés, soulignant que plus de 10 000 résidents de la localité de Bekuji Kebele marchent vers la ville de Bulen, l'une des principales de la zone, qui accueille déjà "des milliers" de déplacés.
Une "tragédie"
"Un témoin raconte que 'la ville de Bulen est submergée. Les routes menant à la ville sont pleines de personnes déplacées et de leur bétail, qui marchent vers la ville"', écrit la Commission. Jeudi, les autorités régionales ont annoncé que l'armée éthiopienne avait tué 42 hommes armés accusés d'avoir participé au massacre, sans préciser qui ils étaient.
En octobre, le Premier ministre, Abiy Ahmed, qui a qualifié cette dernière attaque de "tragédie", avait attribué les violences dans la zone à des combattants venus de l'État voisin soudanais du Nil-Bleu, où ils sont "armés et entraînés" et appelé Khartoum à régler le problème.
Il a affirmé que cette attaque avait pour objectif "d'éparpiller l'importante force" mobilisée dans le cadre de l'opération militaire en cours au Tigré (nord), un conflit a priori sans rapport avec les violences dans le Benishangul-Gumuz.
Le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique est aux prises avec des flambées régulières de violence depuis l'accession au pouvoir en 2018 d'Abiy Ahmed, fondateur du Parti de la prospérité, et l'accélération des réformes démocratiques qui ont relâché le contrôle de l'État sur les rivalités régionales.
L'Éthiopie organisera des élections législatives le 5 juin 2021, a déclaré, vendredi, le Conseil national électoral. Initialement prévues en août, le scrutin avait été reporté en raison de la pandémie de Covid-19.
Avec AFP