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L'auteur de ce qui avait failli devenir le pire attentat antisémite de l'après-guerre en Allemagne en 2019 a été condamné, lundi, à la prison à perpétuité par un tribunal allemand.

L'extrémiste de droite auteur de l'attaque contre une synagogue de Halle, en Allemagne, l'an dernier, a été condamné sans surprise, lundi 21 décembre, à une peine de prison à perpétuité.

Stephan Balliet, un Allemand de 28 ans, qui lors des presque six mois d'audience clamé son antisémitisme à plusieurs reprises, a été reconnu coupable "de deux meurtres" et de plusieurs tentatives de meurtre lors de son attaque du 9 octobre 2019, a annoncé la présidente du tribunal de Magdebourg (Saxe-Anhalt), Ursula Mertens.

Lors de l'énoncé du verdict, l'homme au crâne rasé habillé en noir et portant une écharpe, est resté stoïque avec un regard vide.

Sa réclusion à perpétuité a été assortie d'une détention de sûreté minimale de 15 ans à l'issue de laquelle il lui sera toutefois très difficile d'obtenir une libération.

Cet homme avait en pleine fête religieuse de Yom Kippour, en octobre 2019, donné l'assaut contre la synagogue de Halle, où se trouvaient 52 fidèles. Faute de parvenir à entrer en raison de la résistance de la porte, il s'en était pris à des passants, tuant une femme et en blessant plusieurs autres, avant de tuer un jeune homme dans un snack.

"Sans cette fameuse porte blindée, il aurait commis un massacre", a expliqué Ursula Mertens lors de l'énoncé du verdict.

Inspiré par l'attentat de Christchurch

L'accusé s'était inspiré de Brenton Tarrant, l'auteur des attentats racistes sanglants (51 morts) commis quelques mois auparavant contre deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande, qui avait diffusé en direct ses crimes, ce qu'il a aussi fait.

Tout au long de son procès, l'accusé n'a jamais exprimé le moindre remords et, à plusieurs reprises, a dû être rappelé à l'ordre par la présidente du tribunal pour ses propos conspirationnistes, racistes, misogynes et négationnistes.

Il a même revendiqué ses actes. Le fait d'attaquer la synagogue "n'était pas une erreur" car "ce sont mes ennemis", a-t-il lancé. Des paroles qui ont déclenché la colère des nombreuses parties civiles.

Elles ont dû revivre cette journée lors d'une audience où fut rediffusé le parcours meurtrier de Stephan Balliet : armé jusqu'aux dents et vêtu d'une tenue militaire, il avait filmé et diffusé en direct son assaut pendant lequel il niait l'existence de la Shoah et s'en prenait aux juifs.

"On est soulagés que cela s'arrête aujourd'hui, c'était suffisamment long et éprouvant", a expliqué à l'AFP Mark Lupschitz, avocat de neuf parties civiles, remerciant le tribunal de n'avoir pas fait du procès une vitrine pour l'extrémiste de droite.

"Trouble complexe de la personnalité"

Le président du Conseil central des juifs d'Allemagne, Josef Schuster, a estimé dans un communiqué que ce verdict était "un jour important pour l'Allemagne", indiquant "clairement que la haine meurtrière contre les juifs connaît une tolérance zéro".

Les crimes et délits visant la communauté juive en Allemagne ont progressé de 13 % en 2019, avec 2 032 actes répertoriés. L'attaque de Halle est aussi intervenue dans un contexte de recrudescence du terrorisme d'extrême droite, avec notamment l'assassinat l'an dernier d'un responsable politique pro-migrants et un attentat à Hanau ayant tué neuf personnes d'origine étrangère.

À Halle, après avoir échoué à enfoncer la porte de la synagogue, l'extrémiste avait abattu une passante puis plus loin un homme dans un restaurant de kebabs, ciblé pour sa clientèle immigrée. La police l'avait finalement arrêté après une course-poursuite au cours de laquelle il avait blessé plusieurs autres personnes.

L'expert psychiatre Norbert Leygraf avait expliqué que Stephan Balliet souffrait d'un "trouble complexe de la personnalité" mêlant schizophrénie, paranoïa et caractéristiques autistiques. Le tribunal a également estimé qu’il était responsable de ses actes, ce qu'avait tenté de minimiser sa défense.

La vie de Stephan Balliet s'apparente à une succession d’échecs : il n'avait pas d'amis, n'avait jamais eu de relation amoureuse ou occupé d'emploi. Il s'est lui-même à plusieurs reprises dénigré, se qualifiant de "bon à rien" pour avoir échoué dans sa tentative de massacre.

Avec AFP