Face à la prolongation de la fermeture des lieux culturels décidée par le gouvernement, plusieurs milliers de manifestants issus du monde de la culture et du spectacle se sont mobilisés mardi à Paris et dans toute la France.
Le 15 décembre marque la fin du deuxième confinement en France sauf pour les lieux de culture. En effet, théâtres, salles de spectacle, cinémas, musées, ou encore tribunes de stade, resteront fermés, au moins jusqu'au 7 janvier 2021. Une décision qui provoque la colère du secteur, qui a appelé à manifester dans toute la France pour se faire entendre.
Quelque 3 500 professionnels du monde de la culture ont manifesté à Paris. À l'appel de la CGT-spectacle, les manifestants se sont rassemblés pendant plusieurs heures sur la place de la Bastille à Paris. "Déconfinons la culture !", ont-ils scandé sur une place de la Bastille noire de monde.
Des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on peut lire "La culture, nourriture essentielle", "On va mourir et même pas sur scène", "Le spectacle rend vivant", ou encore "L'art est une arme de construction massive".
"C'est la catastrophe, ça fait six mois que je ne travaille plus", déclare Martin, intermittent du spectacle de 27 ans. "Les théâtres sont frileux aussi à nous faire travailler, car les décisions politiques changent constamment. Ce qui se passe est une mise à mort."
D'autres rassemblements se sont tenus dans plusieurs grandes villes de France comme à Strasbourg, à Lyon ou à Clermont-Ferrand. Ils étaient également 2 000 à défiler à Nantes pour demander la réouverture des lieux culturels et réclamer le retrait de la loi Sécurité globale, a constaté un photographe de l'AFP.
Le combat sera aussi mené devant les tribunaux : syndicats et artistes ont annoncé saisir le Conseil d'État, par l'intermédiaire d'un "référé liberté", une procédure d'urgence, comme ont pu le faire ces dernières semaines les professionnels de la restauration ou enocre le secteur du ski.
Un appel à soutenir ce recours a d'ailleurs été relayé par plusieurs centaines de directeurs et directrices de théâtres et compagnies à travers la France.
"Il n'y avait pas d'autre alternative"
La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a reconnu mardi que "le monde de la culture souffr[ait]", mais a aussi rappelé que les lieux culturels étaient fermés "partout en Europe" et "sur la base d'un nombre d'études scientifiques".
"Il n'y avait pas d'autre alternative", a assuré mardi matin Jean Castex au micro d'Europe 1, évoquant la stagnation de l'épidémie. "On va accompagner ce secteur. On va les indemniser. Une rallonge de 35 millions sera accordée au ministère de Culture. Nous allons préparer avec [les représentants du secteur de la culture] les conditions de l'avenir."
Avec AFP et Reuters