Les Nations unies lancent une commission d'enquête pour déterminer les responsabilités dans le drame du 28 septembre au stade de Conakry. Vendredi, la France a conseillé à ses ressortissants de quitter la Guinée.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a décidé de créer une commission internationale d'enquête sur les violences meurtrières du 28 septembre en Guinée. La porte-parole de Ban Ki-moon, Michèle Montas, a ajouté qu'une mission de l'ONU allait se rendre immédiatement à Conakry.
La pression internationale s’accentue depuis le début de la semaine pour faire céder la junte au pouvoir, menée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Jeudi, l'Union africaine a demandé à la junte de s'engager à ne pas participer à la prochaine élection présidentielle. L’UA a fixé un ultimatum à samedi minuit et menace Conakry de sanctions.
De son côté, l’Union européenne a qualifié de "crime contre l’humanité" la répression du 28 septembre à Conakry, qui a fait plus de150 morts selon des organisations guinéennes des droits de l’Homme. Elle réclame également des poursuites contre la junte et contre le capitaine Moussa Dadis Camara.
Enfin, Washington a demandé mercredi au chef de la junte de quitter le pouvoir et d’"ouvrir la porte à des élections légitimes". Le porte-parole du département d’Etat avait alors réclamé "une enquête internationale sur les récents événements", demande à laquelle l’ONU vient donner satisfaction.
"On ne peut plus assurer la sécurité des civils"
La journée de vendredi a été marquée par la recommandation faite par Paris aux ressortissants français de quitter la Guinée. Intervenant par téléphone sur FRANCE 24, le secrétaire d'État français à la Coopération, Alain Joyandet, a réitéré l'avertissement lancé par le Quai d'Orsay.
Le secrétaire d'État a précisé qu'aucune évacuation générale n'était prévue, mais qu'il était "conseillé" de quitter le pays en raison des différentes "exactions" qui ont déjà été commises par des militaires sur des civils. "Il n’y a pas de menace particulière, mais nous savons qu’un certain nombre d’exactions se sont produites par des militaires contre des civils, notamment dans le centre de Conakry." "On ne sait plus qui peut assurer la sécurité des civils", a-t-il poursuivi, demandant une nouvelle fois que "toute la lumière soit faite" sur la répression du 28 septembre.
Les ressortissants français sont invités à emprunter des lignes aériennes civiles. "Il n’y a pas d’affolement à avoir", a conclu Alain Joyandet.
Un ressortissant français, vivant à Conakry et joint au téléphone par FRANCE 24, parle d'"anarchie totale" : "Il y a des barrages de militaires un peu partout dans la ville. [...] On ne sort pas de chez nous et c'est mieux comme ça."
Le nombre de Français en Guinée est estimé à quelque 2 500 personnes.