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Des journalistes condamnés à de la prison ferme pour avoir évoqué la santé du roi

Le directeur du journal marocain "Al-Michaal" a été condamné à un an de prison ferme pour avoir mis en question un bilan de santé du roi. Deux journalistes de l'hebdomadaire ont écopé, eux, de 3 mois ferme chacun.

Le directeur de l'hebdomadaire arabophone marocain "Al-Michaal" a été condamné, jeudi, à un an de prison ferme et 10 000 dirhams (890 euros) d’amende par un tribunal de Rabat, qui a ordonné son incarcération immédiate. Idriss Chahtane a été reconnu coupable d’"allégations et faits non véridiques" après avoir publié en septembre un dossier controversé sur la santé du roi Mohammed VI. Il comparaissait sans avocats, ceux-ci ayant auparavant démissionné pour dénoncer la tenue d’un procès non équitable.

Des peines de 3 mois de prison ferme ont été prononcées par le même tribunal à l'encontre de Rachid Mhamid et Mustapha Hirane, deux journalistes qui travaillent également à "Al-Michaal". Ceux-ci devront en outre payer une amende de 5 000 dirhams (440 euros) chacun et assumer les frais du procès. Idriss Chahtane était poursuivi pour "publication malintentionnée d'une fausse information", "allégations et faits non véridiques", Rachid Mhamid et Mustapha Hirane pour participation.

Les articles incriminés laissaient entendre que l’état de santé du roi était plus préoccupant que la version officielle. Le 26 août, le Palais royal avait annoncé que Mohammed VI avait été placé en convalescence pour cinq jours en raison d’une "infection" ne présentant "aucune inquiétude sur sa santé". Peu de temps après, le magazine d’Idriss Chahtane avait publié un dossier intitulé "Al Michaâl dévoile les raisons du communiqué du Palais au sujet de la maladie du roi qui a inquiété l'opinion publique", dans lequel il était indiqué que les ennuis de santé du roi étaient dus à des problèmes respiratoires chroniques.

Deux autres journaux également poursuivis
Cette condamnation d’un journaliste à de la prison ferme soulève à nouveau le problème de la liberté de la presse dans le royaume. "La règle c’est la règle. Dans les affaires de sacralité, si vous êtes poursuivis, vous êtes automatiquement condamnés", analyse le blogueur Larbi. "Au Maroc de Mohammed VI comme au Maroc de Hassan II, jamais un juge n’oserait acquitter dans une affaire dont la famille royale est partie prenante", ajoute-t-il.
Interrogé par FRANCE 24, le président du syndicat national de la presse marocaine, Younes Mjahed, demande aux autorités de "revenir sur la peine infligée à Idriss Chahtane". Il insiste toutefois sur le respect de la vie privée, devenue "un vrai fonds de commerce pour certains journaux" à qui il demande de "remettre en cause leurs pratiques".
Le directeur d'un autre journal marocain, "Al-Jarida al-Oula" est lui aussi poursuivi pour les mêmes raisons. Une recrudescence des actions à l’encontre de la presse qui n’épargne pas non plus certains titres étrangers. Au mois d’août, le quotidien français "Le Monde" avait été interdit de diffusion après avoir publié un sondage, pourtant positif, sur la popularité de Mohammed VI.