Après de violentes manifestations au Guatemala ce week-end, qui ont notamment donné lieu à l'incendie du siège du Parlement, les élus ont suspendu, lundi, l'approbation du projet de budget de l'État pour 2021. Ils ont désormais jusqu'au 30 novembre pour approuver un nouveau budget.
Le Parlement du Guatemala a suspendu, lundi 23 novembre, l'approbation du projet de budget de l'État pour 2021 qui a déclenché la colère populaire. Les opposants, dont certains ont mis le feu samedi au Parlement, réclament davantage de ressources contre les inégalités et la pauvreté dans ce pays d'Amérique centrale rongé par la corruption et l'insécurité.
"Afin d'assurer la gouvernance du pays et la paix sociale, nous nous sommes mis d'accord pour suspendre la procédure du budget (...) de l'État", a déclaré le président du Parlement, Allan Rodriguez, lors d'un message à la nation. Le décret qui avalise le budget ne sera pas envoyé au pouvoir exécutif et les parlementaires ont désormais jusqu'au 30 novembre pour approuver un nouveau budget.
Le Parlement, où le parti du président conservateur Alejandro Giammattei et ses alliés détiennent la majorité, a adopté le 17 novembre un budget pour 2021 de près de 12,8 milliards de dollars, supérieur de 25 % à celui de 2020.
Enquêtes
Mais ce nouveau budget a suscité la colère de milliers de Guatémaltèques qui sont descendus dans la rue pendant le week-end pour dénoncer le manque de moyens pour lutter contre la pauvreté. Certains manifestants ont réclamé le départ d'Alejandro Giammattei.
En fin de manifestation, samedi, le siège du Parlement a été incendié et près de 40 personnes interpellées. Une autre manifestation, réunissant plusieurs centaines de personnes, s'est déroulée dimanche de manière pacifique. Lundi, la rue est restée calme après l'annonce de la suspension du budget.
Le Comité de développement paysan (Codeca) a renoncé à bloquer des routes importantes du Guatemala et un appel à la grève à l'Université de San Carlos, la seule université publique du pays, n'a pas été suivi d'effet.
La procureure générale, Consuelo Porras, a annoncé, lundi, l'ouverture d'enquêtes, à la fois sur les manifestations et sur la répression policière, qui a fait une vingtaine de blessés chez les manifestants, dont deux ont perdu un œil.
"Espace de discussion"
Dès dimanche, le chef de l'État, au pouvoir depuis janvier, a appelé "au dialogue et au rassemblement", tout en rejetant les responsabilités des actions violentes sur des "groupes minoritaires qui cherchent à imposer un véritable coup d'État".
À son tour, Allan Rodriguez a accusé lundi les manifestants d'avoir voulu "rompre avec l'ordre constitutionnel", et qualifié l'incendie du Parlement d'"acte terroriste". Il a toutefois souligné que la suspension du budget devait ouvrir "un espace de discussion".
Le G-13, qui regroupe des organisations et pays donateurs d'aide - dont les États-Unis, l'Allemagne et la France - a exprimé lundi son inquiétude sur la situation au Guatemala et a offert son soutien en vue d'un dialogue.
Avec AFP