Plusieurs recours déposés par les républicains contre les résultats de la présidentielle américaine ont été rejetés vendredi en Pennsylvanie, dans le Michigan et en Arizona. Le même jour, le cabinet d'avocats Porter Wright a annoncé qu'il ne souhaitait plus défendre l'équipe de campagne de Donald Trump dans un autre recours déposé en Pennsylvanie.
Les échecs se multiplient pour le camp de Donald Trump, qui cherche à faire reconnaître des fraudes électorales par la justice américaine. C'est d'abord la cour d'appel fédérale qui a rejeté, vendredi 13 novembre, une tentative de faire invalider environ 9 300 bulletins de vote par correspondance arrivés après le jour de l'élection présidentielle américaine en Pennsylvanie. Dans leur jugement, les magistrats ont confirmé l'autorisation de compter les bulletins reçus jusqu'à trois jours après le scrutin, tenant compte des "vastes perturbations" et du "défi inédit" auxquels les États-Unis sont confrontés en pleine pandémie de Covid-19.
Le juge D. Brooks Smith a déclaré que le jury avait gardé à l'esprit "une proposition indiscutable dans notre processus démocratique : le vote de chaque citoyen, exprimé légalement, doit compter".
Les républicains avaient aussi demandé à la Cour suprême des États-Unis de réexaminer la question. Cependant, il n'y a pas assez de bulletins de vote en retard pour modifier le résultats des votes en faveur de Joe Biden Pennsylvanie, étant donné l'avance du démocrate. L'ancien vice-président a remporté l'État avec environ 60 000 voix sur les quelque 6,8 millions de votes exprimés, dépassant les 0,5 % de voix qui permettraient un recomptage automatique.
Échecs à la chaîne en justice
Autre échec, un juge de Philadelphie, principale métropole de Pennsylvanie, a refusé vendredi de rejeter quelque 8 300 bulletins de vote par correspondance, n'ayant pas trouvé de preuve de fraude.
En tout, l'équipe de campagne de Donald Trump ou ses soutiens républicains ont déposé plus de 15 plaintes en Pennsylvanie pour tenter de récupérer les voix des 20 grands électeurs de cet État clé dans la course à la Maison Blanche. Mais jusqu'à présent, ils n'ont su apporter aucune preuve à l'appui de leurs accusations de fraude électorale généralisée.
Les partisans de Donald Trump ont mené des actions similaires dans d'autres États, sans grand résultat. Dans le Michigan, un juge a refusé vendredi d'invalider les résultats des élections dans la région de Detroit, rejetant les allégations selon lesquelles la ville avait commis une fraude et entaché le décompte avec son traitement des bulletins de vote par correspondance. C'est la troisième fois qu'un juge refuse d'intervenir dans un décompte à l'échelle de cet État, où Biden arrive en tête avec plus de 140 000 voix de plus que son adversaire.
En Arizona, les avocats de la campagne du milliardaire ont jeté l'éponge ce même jour. Un juge a rejeté la tenue d'un procès visant à inspecter les bulletins de vote de la métropole de Phoenix, parce que les avocats ont reconnu que le petit nombre de bulletins en cause ne changerait pas le résultat du vote de l'État pour la présidence. L'équipe de Donald Trump avait demandé à la justice une inspection des bulletins du comté de Maricopa, contenant des sur-votes (lorsque les électeurs marquent plus d'options que ce qui est autorisé), accusant les employés des bureaux de vote de cette zone d'avoir fait invalidé ces bulletins en y cochant eux-mêmes des cases supplémentaires.
Des avocats accusés de saper la démocratie
Dans le même temps, un autre cabinet d'avocats de poids, Porter Wright, a précisé, sans explication, s'être retiré d'une plainte déposée par la campagne de Donald Trump devant un tribunal fédéral de Pennsylvanie.
Après avoir déposé leur requête, le cabinet avait essuyé une pluie de critiques, notamment sur Twitter. La guérilla juridique du camp républicain s'est retournée contre leurs avocats, accusés par des militants politiques ou des confrères de participer à une entreprise de sape de la démocratie. "Plus ils s'enfoncent dans le délire conspirationniste de Trump (...) plus ils mettent en danger leur réputation et leur licence professionnelle", ont jugé les avocats Bradley Moss et Joanne Molinaro dans une tribune au vitriol sur le site The Atlantic.
Le code de conduite du barreau fédéral comprend une clause qui interdit aux avocats d'introduire des recours dits "frivoles", c'est-à-dire n'ayant pas de base légale ni de preuve, rappelle Joshua Davis du Centre de droit et d'éthique de l'université de San Francisco. Selon lui, les plaintes déposées jusqu'ici "sont très près de cette ligne".
Porter Wright, qui a abandonné le recours en Pennsylvanie, n'a pas répondu sur son intention de cesser complètement de représenter la campagne Trump. "Porter Wright a une longue expérience en droit électoral et a représenté des démocrates, des républicains et des indépendants", ont rappelé jeudi ses services de communication dans un e-mail à l'AFP.
Des sommes colossales sont en jeu, la firme a gagné plus de 700 000 dollars grâce à la campagne du candidat républicains, dont plus de 140 000 dollars versés par le biais d'un compte du Comité national républicain pour les contestations de "recomptage", d'après la Commission électorale fédérale.
Avec AP et AFP