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Les Brésiliens votent dimanche pour des municipales organisées sous la menace de la pandémie de Covid-19. Avec une gauche divisée, cette première épreuve électorale pour Jair Bolsonaro pourrait confirmer le net virage à droite entamé avec son élection à la tête du pays il y a deux ans.

C'est un premier test électoral pour le président Jair Bolsonaro. Le Brésil se rend aux urnes, dimanche 15 novembre, pour des municipales organisées en pleine pandémie de Covid-19. Présente en ordre dispersé, la gauche pourrait enregistrer quelques victoires, mais le scrutin pourrait surtout conforter l'avance du président d'extrême droite, entamant le virage d'il y a deux ans, lors de son ascension à la tête du pays.

D'abord reporté de six semaines, le vote risque de voir une participation limitée par la crise sanitaire du Covid-19, le Brésil étant le deuxième pays le plus endeuillé au monde et faisant face à une nouvelle hausse de cas quotidiens.

Apporter son stylo, horaires prioritaires aux personnes âgées…

Des dispositions sanitaires ont été prises pour ce premier tour de scrutin. Les quelque 148 millions d'électeurs sont encouragés à apporter leur propre stylo, à se désinfecter les mains plusieurs fois et à respecter la distanciation dans les bureaux de vote. Le port du masque est également obligatoire dans de nombreuses villes.

Des plages horaires prioritaires ont également été établies pour éviter toute contamination. À l'ouverture des bureaux, dès 7 h locales (10 h GMT), les personnes âgées, sujets à risque, ont ainsi la priorité pendant trois heures.

La campagne, bien que menée de manière plus virtuelle que sur le terrain en raison du Covid-19, n'a pas fait exception en ce qui concerne les violences. Plusieurs candidats ont ainsi été assassinés ou ont survécu à des tentatives.

Le scrutin verra l'élection de quelque 5 500 maires, mais aussi de leurs conseillers municipaux. Comme à chaque scrutin, les candidatures loufoques n'ont pas manqué, telle celle, au poste de conseiller municipal, d'un "Capitaine chloroquine", en référence au traitement controversé dont Jair Bolsonaro vante les mérites contre le coronavirus.

Les poulains de Bolsonaro mal partis

Ces municipales sont le premier test électoral du mandat de Jair Bolsonaro, entamé en janvier 2019.

Bien qu'isolé sur la scène la scène internationale après la défaite de son modèle Donald Trump à la présidentielle américaine, le président d'extrême droite jouit du soutien de 40 % des Brésiliens. Et ce malgré les plus de 165 000 morts dus à l'épidémie de Covid-19 et de nombreuses polémiques.

Ses poulains directs semblent toutefois mal partis pour se qualifier pour le second tour du 29 novembre, selon les sondages. Son soutien est d'ailleurs qualifié de "baiser de la mort" par des éditorialistes.

Le chef de l'État avait annoncé qu'il ne s'impliquerait pas dans une campagne essentiellement locale. Il a toutefois multiplié cette semaine les directs sur Facebook pour soutenir ses candidats et "éradiquer le communisme".

Progression de la droite modérée

À Rio de Janeiro, l'ancien pasteur néopentecôtiste et maire sortant Marcelo Crivella est mal en point. D'abord jugé inéligible pour abus de pouvoir, ce fidèle de la famille Bolsonaro peut finalement se présenter après une volte-face de la justice… mais il apparaît désormais largement devancé par son prédécesseur Eduardo Paes (2009-2016), selon les derniers sondages publiés par le quotidien Folha de São Paulo.

Même constat pour le présentateur de télévision Celso Russomanno à São Paulo, la plus grande ville du pays. Le maire de centre-droit Bruno Covas y est donné favori à sa réélection, un sondage de Datafolha lui attribuant samedi un très confortable score de 36 à 37 % des voix.

Si les candidats bolsonaristes semblent mal partis, les analystes tablent tout de même sur une nouvelle vague conservatrice. Cela notamment avec l'élection de candidats au discours sécuritaire dont de nombreux ex-militaires, et un renforcement des partis traditionnels de droite : MDB, PSD, PP et DEM.

"On devrait assister à une consolidation de ce qu'on a vu en 2018, avec une progression des partis de droite ou de centre droit", déclare à l'AFP Oswaldo Amaral, politologue de l'université de Campinas.

Il sera toutefois difficile de tirer des enseignements nationaux de ce scrutin pour le président, Jair Bolsonaro n'étant plus affilié à un parti depuis qu'il a quitté l'an dernier le PSL, sa neuvième formation en 30 ans de carrière politique.

"Bolsonaro est le premier président sans parti au moment des municipales depuis le retour du Brésil à la démocratie (en 1985), donc ce sera compliqué de faire les comptes pour savoir si c'est une victoire ou une défaite" pour son camp, estime Felipe Nunes, politologue de l'Université fédérale de Minas Gerais (UFMG).

Les yeux se tournent toutefois vers le parti Republicanos, dont son fils Flávio est issu.

La gauche divisée

La gauche, tout en restant très divisée, pourrait enregistrer des gains non négligeables.

Le Parti des Travailleurs (PT) de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva avait subi la pire défaite de son histoire en 2016 : la formation de gauche avait perdu plus de 60 % des municipalités conquises au précédent scrutin.

Selon le quotidien Folha de São Paulo, le parti devrait connaître le pire score de son histoire à São Paulo, où la gauche pourrait pourtant avoir des chances d'arriver au second tour, selon les sondages. Guilherme Boulos du Parti Socialisme et Liberté (PSOL) y est en deuxième position. Mais la formation de Luiz Inacio Lula da Silva lui a opposé un autre candidat, ignorant les pressions internes pour une alliance avec le PSOL, selon le quotidien O Globo.

Manuela d'Avila, du Parti Communiste du Brésil (PC do B), est bien placée pour remporter la ville de Porto Alegre. Elle avait été candidate à la vice-présidence du Brésil en 2018, aux côtés de Fernando Haddad (PT).

Avec AFP