Un hommage national présidé par le Premier ministre, Jean Castex, est rendu samedi en présence des proches des trois personnes tuées le 29 octobre, deux femmes et le sacristain de l'église, lors de l'attaque de la basilique de Nice.
Neuf jours après l'attaque au couteau perpétrée dans la basilique de Nice, un hommage national présidé par le Premier ministre, Jean Castex, est rendu samedi 7 novembre en présence des proches des trois personnes tuées le 29 octobre, deux femmes et le sacristain de l'église.
Trois autres membres du gouvernement, le maire LR de Nice, Christian Estrosi, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, ainsi que d'autres élus et toutes les autorités religieuses de Nice ont pris part à cette cérémonie sobre, organisée au sommet de la colline du Château, un parc dominant la ville et sa baie méditerranéenne.
Dès 9 heures, Anne Gourvès, coprésidente de Promenade des Anges, l'association de proches de victimes de l'attentat de juillet 2016 qui avait fait 86 morts et plus de 450 blessés, se préparait à la cérémonie.
"Ce sont des moments très importants, des marques de respect, de solidarité, de compassion à ces victimes", a-t-elle confié à l'AFP.
À partir de 10 heures, après l'hymne national et une revue des troupes, les portraits des trois victimes ont été apportés par leurs familles et leurs proches, qui devraient aussi être prochainement reçus au Vatican par le pape François.
Les chansons préférées de deux des victimes ont accompagné leurs portraits : "L'Indifférence", de Gilbert Bécaud pour la paroissienne Nadine Devillers et "Toda menina baiana", de Gilberto Gil pour la franco-brésilienne Simone Barreto Silva. Les proches du sacristain Vincent Loquès ont eux choisi de lire le poème de Victor Hugo, "Demain, dès l'aube..." dans lequel l'écrivain évoque la disparition tragique de sa fille Léopoldine.
Le Premier ministre Jean Castex a exprimé son "émotion", sa "compassion" et son "indignation" lors de sa prise de parole.
"C'est la France qui à chaque fois est visée et est la cible du terrorisme, mais Nice aura payé un lourd tribut", a déclaré le Premier ministre, Jean Castex, évoquant cet attentat, et celui qui avait fait 86 morts sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016. "Je suis venu apporter les condoléances de la nation toute entière [aux familles des victimes]".
"Le 29 octobre un terroriste a volé trois vies au coeur même d'une église", s'est ému Jean Castex en évoquant une "profanation". "Il n'a pas uniquement profané un lieu de culte, il a aussi profané cet esprit d'accueil et d'hospitalité dont la ville de Nice a fait un idéal", a-t-il souligné.
"Le terrorisme s'en prend à ce que nous sommes, à ce qui fait notre identité, à notre liberté, à notre culture et enfin à nos vies. L'ennemi, nous le connaissons, non seulement il est identifié, mais il a un nom, c'est l'islamisme radical, une idéologie politique qui défigure la religion musulmane en détournant ses textes, ses dogmes et ses commandements pour imposer sa domination par l'obscurantisme et la haine", a encore déclaré le chef du gouvernement.
S'exprimant avant lui, le maire LR de Nice Christian Estrosi avait salué les trois victimes.
"Aujourd'hui la France entière se tourne vers vous pour vous saluer une dernière fois", a-t-il dit face aux portraits de Nadine Devillers, Vincent Loquès et Simone Barreto Silva, apportés par leurs proches, accompagnés de la Garde républicaine, au début de la cérémonie. "Tous les trois ensemble, vous êtes toute la diversité, toute l'humanité du peuple de Nice", a poursuivi l'élu, dénonçant une "guerre contre tout ce que nous sommes".
Nadine Devillers, 60 ans, Vincent Loquès, 55 ans, et Simone Barreto Silva, 44 ans, se trouvaient dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption le matin du 29 octobre lorsqu'un homme de 21 ans, Brahim Aouissaoui, de nationalité tunisienne, arrivé à Nice l'avant-veille, les a attaqués au couteau vers 8h30.
"On ne s'attend pas à une mort aussi tragique, dans un lieu pareil... Rentrer dans une église pour y tuer trois personnes, c'est inconcevable pour moi", a confié à Nice-Matin Joffrey, le mari de Nadine Devillers. "Je souffre énormément, heureusement je suis bien entouré", a-t-il déclaré, décidé à tenir bon en mémoire de son épouse avec laquelle il était en couple depuis bientôt vingt-six ans.
L'alerte avait été donnée par Simone Barreto Silva, décédée après s'être réfugiée dans un restaurant proche de la basilique. Cette femme franco-brésilienne charismatique élevait seule ses trois enfants âgés de 7, 11 et 15 ans. Située près de la gare centrale de Nice, la basilique se trouve dans un quartier très fréquenté. Le jeudi de l'attaque, les Niçois se hâtaient d'y faire des achats avant le reconfinement contre l'épidémie de coronavirus.
Une attaque qui ravive le souvenir de l'attentat du 14 juillet 2016
L'émotion et la tension étaient déjà vives, à Nice comme ailleurs en France, depuis l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty, 13 jours plus tôt, le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
À Nice, l'attaque de l'église a en outre ravivé le souvenir de l'attentat très meurtrier commis sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016, perpétré par un Tunisien de 31 ans qui avait foncé dans la foule rassemblée pour le feu d'artifice au volant d'un camion.
"C'est de la violence gratuite, de l'horreur à l'état pur, on ne fait pas ça et certainement pas au nom d'une religion quand on a un peu d'humanité en soi", a réagi Anne Gourvès de l'association Promenade des Anges.
Depuis le début de l'enquête sur l'attaque commise dans la basilique de Nice, outre l'assaillant, 11 personnes ont été placées en garde à vue et dix relâchées. Connu en Tunisie pour des faits de violence et de drogue, Brahim Aouissaoui s'était tourné vers la religion depuis deux ans et isolé.
Hospitalisé à Nice après son arrestation, sans pouvoir être questionné, il a été transféré vendredi en avion vers Paris où le parquet national antiterroriste conduit l'enquête pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste".
Deux victimes, Vincent Loquès et Simone Barreto Silva, ont déjà été inhumées ces derniers jours dans l'intimité, après une messe dans la basilique où ils sont morts. Pour les besoins de l'autopsie, Nadine Devillers, dont la dépouille présentait "un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation", selon l'enquête, sera inhumée dans quelques jours.
Avec AFP