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Présidentielle américaine: "Le monde retient son souffle"

A la Une de la presse, ce jeudi 5 novembre, l’incertitude sur l’issue de l’élection américaine. Alors que Joe Biden semble s’approcher de la victoire, Donald Trump dégaine sa riposte judiciaire.

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A la Une de la presse, ce matin, l’incertitude sur l’issue de l’élection présidentielle américaine. Alors que Joe Biden semble s’approcher de la victoire, Donald Trump dégaine sa riposte judiciaire.

«Une nation tendue se demande ce qui va se passer»: s’il se réjouit du taux de participation «historique» à cette élection, USA Today, le journal le plus diffusé outre-Atlantique, fait aussi état des «peurs» provoquées par le «chaos» dans les bureaux de vote et la pandémie. «Maintenant que les Américains ont voté, comment allons-nous pouvoir aller de l’avant? Comment retrouver notre civilité? Notre unité? Notre santé mentale?», s’interroge le journal, qui veut croire que les Américains «ne seront divisés qu’autant qu’ils le voudront bien». Un optimisme qui tranche avec la noirceur de la tribune publiée par The Los Angeles Times, qui estime que «même si Donald Trump perd cette élection, il a gagné», d’une certaine manière - parce qu’il a réussi à «semer exactement le type de discorde sur laquelle il prospère, parce qu’il a divisé ses compatriotes à tel point que ces divisions seront là longtemps après qu’il aura quitté la Maison-Blanche; parce qu’il a transformé les adversaires en ennemis, miné les institutions démocratiques et convaincu ses concitoyens qu’ils se trompent les uns les autres».

Comment réparer les dégâts? La question taraude la presse américaine et étrangère. Dans le dessin de Dave Granlund pour The Washington Post, l’oncle Sam s’affaire à colmater les brèches, les fêlures qui lézardent les Etats-Unis, à coup de colle post-électorale. Mais «il y a tellement de fissures», se désole-t-il. En accusant d’emblée son adversaire d’avoir «volé» l’élection, en dégainant immédiatement l’arme judiciaire, Donald Trump a-t-il contribué à élargir ces fissures? A jeter encore un peu plus d’huile sur le feu? C’est le sentiment de Michael de Adder, très remonté contre le président sortant, qui cherche avant tout, selon lui, à rester au pouvoir, quel qu’en soit le prix - telle une vieille chaussette nauséabonde, usée jusqu’au dernier fil. Un dessin trouvé sur Twitter. Dans un registre plus lyrique, Dave Brown, pour The Independent, accuse Donald Trump de voler la vedette à la démocratie-Walkyrie. «Ce n’est pas fini tant que la grosse cantatrice n’a pas chanté», dit le proverbe anglais - autrement dit, il ne faut jamais jurer de rien. Le dessinateur rappelle qu’il est impossible de prédire le dénouement d'un événement toujours en cours, de dire sur quoi va déboucher le bras de fer entre Donald Trump et Joe Biden. Surtout si le ténor Trump choisit d’entonner l’air de «Gloire au voleur».

Les accusations du président sortant alimentent la confusion autour de l’élection. «Donald Trump a-t-il été battu? D’après The Daily Mail, le président américain «menace de plonger les Etats-Unis dans une crise constitutionnelle» - puisque Donald Trump se dit prêt à aller jusqu’à la Cour suprême, pour obtenir gain de cause, pour que justice lui soit rendue. Selon The Daily Mirror, Donald Trump cherche, en réalité, à empêcher que soient comptabilisés les votes en faveur de son adversaire. «Un menteur et un tricheur jusqu’au bout, jusqu’à cette fin acrimonieuse», cingle le tabloïd. Une analyse dans le prolongement du discours de Joe Biden, qui se présente, lui, comme le défenseur de la démocratie en danger, menacée, selon lui, par son adversaire. «Personne ne nous prendra notre démocratie», a martelé hier le candidat démocrate, cité à la Une, par The Guardian, qui voit Donald Trump «sur la défensive», prêt à se lancer dans une offensive judiciaire, pour échapper à une possible défaite. The Independent, enfin, dresse le bilan de ces accusations mutuelles, qui maintiennent l’Amérique «dans le noir, dans l’obscurité». D’après le quotidien britannique, «Biden s’approche de la victoire, mais Trump menace d’en appeler à la Cour suprême, au motif fallacieux de fraude électorale».

Qui peut, qui pourra revendiquer la victoire? En France, Le Figaro juge que «l’incertitude qui prévaut (toujours) maintient pour chacun (des deux candidats) la possibilité de l’emporter à la régulière». Conclusion: Donald Trump comme Joe Biden «feraient mieux de se taire». Pour Libération, la messe est dite. «La Maison flanche» et Donald Trump entend utiliser toutes les ficelles médiatiques et juridiques, pour forcer la victoire, au risque de saper la démocratie américaine». Le journal, qui évoque, «un triste spectacle et une leçon pour l’Europe», s’alarme de la tentation d’un «coup de force».

Face au suspense du duel aux Etats-Unis, le dessinateur Hic ironise. «Le monde retient son souffle». Sur toute la planète, des millions de voix retentissent et répètent: «Je ne peux pas respirer» - une référence, bien sûr, à George Floyd, cet Afro-Américain tué par la police et dont la mort a enflammé les Etats-Unis. Sa mort est devenue le symbole, pour les noirs Américains, mais pas seulement, des injustices dans leur pays. Des injustices subies aussi dans bien d’autres endroits de la planète, rappelle le dessinateur dans le quotidien algérien El Watan.

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