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Des milliers de manifestants se sont rassemblés, dimanche, au Chili, pour commémorer le jour anniversaire du soulèvement social qui secoue le pays depuis un an. Malgré un rassemblement souhaité pacifique, des affrontements avec la police ont éclaté en fin de journée et deux églises ont été incendiées. 

Un anniversaire émaillé de violences pour le Chili. Des manifestants ont défilé, dimanche 18 octobre, dans le centre-ville de la capitale, Santiago, pour commémorer la première année d'un soulèvement populaire inédit. Lors de ce rassemblement marqué par des violences en fin de journée, ils ont réclamé plus d'égalité et ont invité à se mobiliser en faveur du "oui" au référendum constitutionnel.

À une semaine de ce référendum historique, où les Chiliens sont appelés à se prononcer sur un changement de Constitution, la manifestation s'est globalement déroulée dans une ambiance festive.

Des affrontements ont toutefois éclaté en fin de journée avec les forces de l'ordre, déployées en masse dans le centre de la capitale, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Une première église a été pillée et incendiée, mais le feu a été rapidement maîtrisé par les pompiers. Une seconde église, toute proche, a en revanche été totalement détruite par les flammes. "Qu'elle tombe ! Qu'elle tombe !", ont crié des groupes de protestataires radicaux, le visage masqué. 

Les manifestants se sont rassemblés dès le début de la matinée dans le centre de la capitale, sur la Plaza Italia, point de rassemblement emblématique de la contestation.

S'unir pour "changer les choses"

Parmi les manifestants, de nombreux jeunes, mais aussi des familles. Certains agitaient des drapeaux, sautaient ou criaient des slogans appelant à des réformes sociales profondes. De nombreuses banderoles ont été déployées tout autour de la place. Des carabiniers (policiers chargés du maintien de l'ordre) et des voitures blindées ont assuré la sécurité.

"C'est beau, très positif. Nous devons nous unir, le peuple chilien doit s'unir et nous devons croire que nous pouvons parvenir à changer les choses", s'est réjouie Viviana Donoso, 43 ans, au milieu d'un groupe d'amis.

Olga Neira, 68 ans, est venue manifester avec sa fille "pour célébrer quelque chose que je n'aurais jamais imaginé au Chili depuis le retour de la démocratie" en 1990. 

"Ce pays peut faire en sorte que les gens aient des retraites décentes, des salaires plus décents. Aujourd'hui, c'est beau et dimanche prochain, ce sera encore mieux !", dit-elle, confiante en la victoire du "Apruebo" ("J'approuve") au référendum.

Des appels à manifester pacifiquement avaient été lancés, notamment par des syndicats, alors qu'une grande majorité de la population aspirait à une commémoration pacifique et sans excès, selon plusieurs sondages.

Le coût de la vie à l'origine de la crise

Il y a un an, une protestation contre une hausse du prix des tickets de métro avait débouché sur une flambée de violence. Cette journée avait été le point de départ de manifestations massives, de pillages et d'affrontements avec les forces de l'ordre. 

Plusieurs milliers de personnes avaient été blessées au cours des mois de contestation et une trentaine d'autres sont mortes, dont au moins cinq, après l'intervention des forces de l'ordre. 

Près d'un mois après le début de la contestation, la coalition gouvernementale et les principaux partis d'opposition étaient parvenus à un accord historique sur l'organisation d'un référendum pour changer la Constitution héritée de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990).

Reporté en avril à cause de la pandémie de Covid-19 il se tiendra finalement le 25 octobre.

Le gouvernement sous pression

Plus de 14 millions de Chiliens seront appelés à se prononcer pour ou contre la rédaction d'une nouvelle Constitution en remplacement de l'actuelle, votée en 1980, en plein régime militaire. 

Le jour du vote, les Chiliens devront répondre à deux questions : l'une sur le remplacement ou non de la Constitution et l'autre, le cas échéant, sur la méthode pour la rédiger, à savoir la mise en place d'une "Convention mixte" composée à parts égales de citoyens élus à cette fin et de parlementaires en exercice, ou d'une "Convention constituante" intégralement composée de citoyens spécifiquement élus.

Le gouvernement du président conservateur Sebastian Piñera, fortement contesté depuis le début de la crise, avait lui aussi appelé à la tenue, dimanche, d'une manifestation pacifique et respectueuse des mesures sanitaires imposées en raison de la pandémie de Covid-19.

Dans ce pays qui recense quelque 490 003 cas de contamination et 13 588 morts depuis le début de l'épidémie, un couvre-feu est également en vigueur à partir de 23 heures.

Avec AFP